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verselle, puisqu’elle est établie sur des caracteres qui manquent dans plusieurs plantes ; il s’en trouve où on n’apperçoit ni fleurs ni semences ; M. Tournefort a été obligé d’en faire des genres à part. La fleur & le fruit ne lui suffisent pas toujours pour caractériser les genres ; il faut admettre d’autres caracteres : on ne peut faire usage de cette méthode que dans les tems où les plantes portent des fleurs ou des semences, &c. La méthode de M. Tournefort est sans doute défectueuse à bien d’autres égards ; mais au lieu d’insister sur cette critique, considérons que la nature se refuse aux conventions des hommes, & que les lois sont indépendantes des méthodes qu’ils peuvent imaginer pour la division de ses productions, en classes, en genres, &c. Pour juger du mérite de celle de M. Tournefort, il faut la comparer aux autres ; on verra que la célébrité de l’auteur & de son ouvrage est très-bien fondée.

M. Linnæus travaille chaque jour à perfectionner son système de distribution méthodique des plantes, qu’il appelle méthode sexuelle, & dont il a déja donné dix éditions depuis quinze ans avec des corrections & des augmentations à chaque édition.

Cet auteur distingue dans les plantes, six parties principales ; savoir, les racines, le tronc, les supports, les feuilles, les fleurs & les fruits. Voyez Racine, Tronc, Support, Feuille, Fleur, Fruit.

« Les plantes portent des fleurs visibles ou presque invisibles.

» Les fleurs visibles sont ou hermaphrodites, c’est-à-dire, garnies chacune d’étamines & de pistils en même tems ; ou d’un seul sexe, c’est-à-dire toutes mâles, lorsqu’elles n’ont que des étamines sans pistils, ou toutes femelles quand elles n’ont que des pistils sans étamines.

» Les étamines sont détachées les unes des autres, ou unies, soit entr’elles par quelques-unes de leurs parties, soit avec le pistil.

» Les étamines ne gardent entr’elles aucune proportion exacte de longueur, ou bien il y en a constamment un certain nombre qui sont plus courtes que le reste.

» Les classes dans la méthodes sexuelle de M. Linnæus, sont établies sur ces principes, & renferment les plantes suivant le nombre, la proportion & la situation des étamines. Savoir,

» Pour les plantes qui portent des fleurs hermaphrodites.

» I. Monandria, monandrie, une étamine.

» II. Diandria, diandrie, deux étamines.

» III. Triandria, triandrie, trois étamines.

» IV. Tetrandria, tetrandrie, quatre étamines.

» V. Pentendria, pentandrie, cinq étamines.

» VI. Hexandria, hexandrie, six étamines égales, ou alternativement plus longues & plus courtes.

» VII. Heptandria, heptandrie, sept étamines.

» VIII. Octandria, octandrie, huit étamines.

» IX. Enneandria, ennéandrie, neuf étamines.

» X. Decandria, décandrie, dix étamines.

» XI. Dodecandria, dodécandrie, douze étamines.

» XII. Icosandria, icosandrie, plus de douze étamines attachées aux parois internes du calice, & non pas au placenta.

» XIII. Polyandria, polyandrie, plus de douze étamines attachées au placenta.

» Pour les plantes qui portent des fleurs dans lesquelles il se trouve constamment deux étamines plus courtes que les autres.

» XIV. Didinamia, didinamie, deux étamines plus longues.

» XV. Tetradynamia, tetradynamie, quatre étamines plus longues.

» Pour les plantes dont les étamines sont unies,

soit entr’elles par quelqu’unes de leurs parties, soit avec le pistil.

» XVI. Monadelphia, monadelphie, toutes les étamines réunies par leurs filets en un seul corps.

» XVII. Diadelphia, diadelphie, toutes les étamines réunies par leurs filets en deux corps.

» XVIII. Polyadelphia, polyadelphie, toutes les étamines réunies par leurs filets, en trois ou en plusieurs corps.

» XIX. Syngenesia, singénésie, toutes les étamines unies par leurs sommets en forme de cylindre.

» XX. Gynandria, gynandrie, les étamines portées sur le pistil même, & non pas sur le placenta.

» Pour les plantes qui ont des fleurs de différent sexe.

» XXI. Monœcia, monœcie, fleurs mâles & fleurs femelles, sur le même individu.

» XXII. Diœcia, diœcie, fleurs mâles & fleurs femelles, chacune sur des individus séparés.

» XXIII. Polygamia, polygamie, fleurs hermaphrodites avec fleurs d’un seul sexe mâles ou femelles, sur le même individu.

» Pour les plantes dont les fleurs sont presques invisibles.

» XXIV. Criptogamia, criptogamie, fleurs renfermées dans le fruit, ou que leur petitesse empêche d’appercevoir.

» Les ordres ou sous-divisions des classes sont établis sur les pistils, comme les classes le sont sur les étamines.

» Le nombre des pistils se prend à la base du stile, & quand il n’y a point de stile, on compte les stigmates.

» Les ordres des treize premieres classes, sont :

» 1. Monoginia, monoginie, un pistil.

» 2. Digynia, digynie, deux pistils.

» 3. Triginia, triginie, trois pistils.

» 4. Tetraginia, &c.

» Polyginia, polyginie, pistils sans nombre.

» La 14e classe (didynamie) se divise en deux ordres.

» 1. Gymnospermia, gymnospermie, quatre graines à découvert au fond du calice.

» 2. Angiospermia, angiospermie, les graines renfermées dans un péricarpe.

» La 15e classe (tétradinamie.) se divise aussi en deux ordres.

» 1. Siliculosa, à silicules, péricarpe sous-orbiculaire garni d’un stile à-peu-près de même longueur.

» 2. Siliquosa, à siliques, péricarpe très-long avec un stile peu apparent.

» La 19e classe (singénésie) se divise en cinq ordres ».

» Poligamia, poligamie, fleurs composées de plusieurs fleurons.

» 1. Poligamia aqualis, poligamie égale, fleur composée de fleurons hermaphrodites, tant dans son disque que dans sa circonférence.

» 2. Poligamia superflua, poligamie superflue, fleur composée de fleurons hermaphrodites dans le disque, & de fleurons femelles à la circonférence.

» 3. Poligamia frustranea, poligamie fausse, fleur composée de fleurons hermaphrodites dans le disque, & de fleurons neutres à la circonférence.

» 4. Polygamia necessaria, polygamie nécessaire, fleur composée de fleurons mâles dans le disque, & de fleurons femelles à la circonférence.

» 5. Monogamia, monogamie, fleur qui n’est point composée de fleurons.

» La 16e classe monadelphie ; la 17e, diadelphie ; la 18e, polyadelphie ; la 20e, gynandrie ; la 21e monœcie ; la 22e, diœcie ; & la 23e, polygamie,