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y a aussi des plateaux de bois très-minces, sur lesquels on plie les étoffes fabriquées.

Planche, terme de Vinaigrier ; c’est une sorte de solive qui presse la lie.

PLANCHEIER, verb. act. (Architect.) c’est couvrir un plancher d’ais joints à rainure & languette, & cloués sur des lambourdes. C’est aussi faire un plafond d’ais minces de sapin, cloués contre des solives.

PLANCHEIEUR, s. m. (Police de riviere.) officier sur les ports de Paris, qui depuis le bord de la riviere jusque sur les bateaux chargés, a soin de faire mettre de fortes planches sur des trétaux, afin d’aller & de venir sur les bateaux, & d’en décharger les marchandises.

PLANCHER, s. m. (Architect.) certaine épaisseur faite de solives, qui sépare les étages d’une maison ; c’est aussi l’aire que cette épaisseur forme, & sur laquelle on marche. La premiere attention qu’on doit avoir lorsqu’on fait un plancher, c’est de prendre garde qu’il ne se rencontre point de murs au-dessous, comme ceux qui ne vont pas au haut de l’édifice ; & quand il y en a, on doit tenir le plancher un peu plus haut que le mur, parce que s’il venoit à s’abaisser des deux côtés, le mur le briseroit.

Cette précaution prise, voici comme on fait un plancher ; on pose des solives appuyées sur les murs, & sur elles on cloue des planches minces des deux côtés, afin d’empêcher qu’en se tourmentant, elles ne s’élevent par les bords ; on couvre ces planches de fougere ou de paille, pour les garantir de la chaux qui les gâteroit ; après quoi on met une couche de grosse maçonnerie, composée d’une partie de chaux, & de trois de caillous neufs, au moins aussi gros que le poing, ou deux parties de chaux, & cinq parties de cailloux qui ont déja servi ; on bat cette couche pendant quelque tems, de sorte qu’elle soit d’environ neuf pouces d’épaisseur ; là-dessus on pose une couche de six doigts d’épaisseur, faite d’une partie de chaux & de deux de ciment ; ce qu’on appelle faire le noyau. C’est sur ce noyau qu’on met le pavé bien dressé avec la regle, soit qu’il y ait des pieces rapportées, ou seulement des carreaux, & le plancher est fini.

On fait encore des planchers d’une autre façon ; après avoir cloué un rang de planches, on en couche un autre par-dessus en-travers, que l’on arrête aussi avec des clous. Dessus ce double plancher, on met la premiere couche faite de caillous neufs, mélés avec une troisieme partie de tuileaux pilés, sur cinq parties de ce mélange, & de deux parties de chaux ; cette couche se couvre avec une autre de forte maçonnerie. Vient ensuite le noyau qu’on bâtit comme nous venons de le dire, & on y attache dessus de grands carreaux épais de deux doigts, & posés ensorte qu’ils soient élevés par le milieu de deux doigts pour six piés. Ce plancher est meilleur que l’autre, mais aussi plus dispendieux.

Les Grecs suivoient une autre méthode dans la construction de leurs planchers. C’est ainsi que Vitruve la décrit : il s’agit ici d’un plancher du premier étage. On faisoit un creux de deux piés de profondeur, & on battoit la terre avec le bélier ; ce creux étoit rempli d’une couche de mortier ou de ciment, qui étoit un peu élevée au milieu. On couvroit ensuite cette couche avec du charbon, que l’on battoit & entassoit fortement, & ceci étoit couvert d’un autre enduit composé de chaux, de sable & de cendre, de l’épaisseur d’un demi-pié. On dressoit cet enduit à la regle & au niveau ; on emportoit le dessus avec la pierre à aiguiser, & on avoit un plancher fort uni. Archit. de Vitruve, liv. VII. chap. iij.

Selon Pline, le premier plancher de cette espece fut fait par Sosus, qui en est l’inventeur. Il étoit composé d’une infinité de petites pieces de différentes

couleurs, en maniere de mosaïque, qui représentoient les ordures qui peuvent demeurer sur un plancher après un festin, & qui le faisoient paroître comme n’étant point balayé.

Plancher affaissé, ou arené ; c’est un plancher qui n’étant plus de niveau, panche ou d’un côté ou d’un autre, ou qui est courbe vers le milieu, à cause que sa charge est trop pesante, ou que ses bois sont trop foibles.

Plancher creux ; plancher qui est latté par-dessus à lattes jointes, recouvert d’une fausse aire de deux à trois pouces, pour porter le carreau, & enduit par-dessous de plâtre au sas, sur un pareil lattis pour le plafonner.

Plancher enfoncé ; plancher dont le dessous est à bois apparent, avec des entrevoux couverts d’ais, ou enduits de plâtre sur un lattis.

Plancher hourdé ; plancher dont les entrevoux étant couverts par des ais ou des lattes, est ensuite maçonné grossierement pour recevoir la charge & le carreau, ou les lambourdes du parquet.

Plancher plein ; plancher dont les entrevoux sont remplis de maçonnerie, & enduits à fleur de solive, ou dont les bois restent apparens, ou sont recouverts de plâtre, comme on le pratiquoit autrefois ; mais cette sorte de plancher n’est plus en usage, à cause que la grande charge fait plier les solives.

Plancher ruiné & tamponné ; plancher dont les entrevoux sont remplis de plâtre & de platras, retenus par des tampons ou fentons de bois, avec des rainures hachées aux côtés des solives. Ce plancher est ordinairement enduit d’après les enduits par-dessous, & quelquefois par-dessus, sans aire ni charge. Daviler.

Plancher de plate-formes, (Arch. hydraul.) c’est sur un espace peuplé de pilots, une aire faite de plate-formes ou madriers, posés en chevauchure sur des patins & racinaux, pour recevoir les premieres assises de pierre de la culée, ou de la pile d’un pont, d’un mole, d’une digue, &c.

Plancher, charge de (Maçon.) c’est la maçonnerie de certaine épaisseur qu’on met sur les solives, & ais d’entrevoux, ou sur le hourdi d’un plancher, pour recevoir l’aire de plâtre ou de carreau. On la nomme aussi fausse aire, lorsqu’elle doit être recouverte de quelque pavé ou parquet.

Plancher, asarota, (Littérature.) nom donné par les Grecs à une espece de plancher noir de leurs salles à manger ; il avoit cette commodité que tout liquide répandu dessus, soit quand on rinçoit les verres, ou qu’on se lavoit la bouche, étoit incontinent séché.

La description que Vitruve fait des planchers des Grecs, & de l’agrément qu’ils procuroient en séchant & buvant les liqueurs répandues dessus, fournit quelques lumieres pour deviner l’origine de l’épithete ἀσάρωτα qu’on donnoit à ces sortes de planchers. L’étymologie que les Grammairiens en ont apprise de Pline, est bien bisarre ; cet auteur dit que le premier plancher de cette espece imaginé par Sosus, étoit composé d’une infinité de petites pieces de différentes couleurs en maniere de mosaïque, qui représentoient les ordures qui peuvent demeurer sur un plancher après un repas, & qui le faisoit paroître comme n’étant point balayé. Il est ce me semble plus croyable que ces planchers noirs, qui à cause de leur sécheresse, buvoient tout ce qui étoit répandu dessus, devroient plûtôt être appellés ἀσάρωτα, parce qu’il ne les falloit point balayer, ni essuyer avec des éponges comme les autres planchers. (D. J.)

PLANCHETTE, s. f. en Géométrie, c’est un instrument dont on se sert dans l’arpentage des terres, & avec lequel on a, sur le terrein même, le plan que l’on demande, sans être obligé de le construire à part. Voyez Arpentage, Lever un plan, &c.

La planchette représentée (Pl. d’arpent. fig. 31. n.