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étendu à celui qui disposoit de son pécule quasi castrense.

Cette plainte n’étoit accordée qu’aux enfans du premier degré, ou aux petits enfans qui venoient par représentation.

Les bâtards pouvoient l’intenter contre le testament de leur mere, mais non pas contre celui du pere, à moins qu’ils n’eussent été légitimés, soit par mariage subséquent, soit par lettres du prince.

On accorda aussi l’action d’inofficiosité aux enfans posthumes, prétérits, ou exhérédés.

Elle fut pareillement accordée aux enfans de l’un & de l’autre sexe, soit qu’ils fussent remariés ou non ; bien entendu qu’ils ne pouvoient l’intenter que dans le cas où il n’y avoit point d’enfans, ou lorsque les enfans étoient justement exhérédés.

A l’égard des freres, la plainte d’inofficiosité n’avoit lieu que quand leur frere ou sœur consanguins ou germains, avoient institué une personne infâme.

Pour prévenir cette plainte, il falloit suivant l’ancien droit, que la légitime eût été laissée entiere ; mais il n’importoit pas à quel titre. Justinien changea cette jurisprudence, en ordonnant que ceux auxquels il auroit été laissé moins que leur légitime, ne pourroient attaquer le testament pour cause d’inofficiosité, sauf à demander un supplément de légitime.

La plainte d’inofficiosité ne pouvoit être intentée avant l’adition de l’héritier ; il falloit anciennement former son action dans les deux ans, à compter de l’adition. Depuis on fixa ce délai à cinq années, & il ne couroit point contre les mineurs.

Cette action ne passoit pas aux héritiers étrangers, à-moins qu’elle n’eût été intentée ou préparée ; mais pour la transmettre aux enfans, il suffisoit que les choses fussent entieres.

L’effet de cette plainte étoit de faire annuller le testament, & de faire adjuger la succession au plaignant, à l’exclusion de l’héritier institué ; les legs même étoient révoqués. Mais si la prétérition qui se trouvoit dans le testament de la mere avoit été faite par ignorance, l’institution seule étoit annullée ; les legs subsistoient.

Il arrivoit quelquefois que le testament étoit annullé pour une partie, & subsistoit pour l’autre ; savoir, quand de deux enfans exhérédés, un seul intentoit l’action, ou que l’un des deux seulement réussissoit en sa demande.

Quand les juges étoient partagés sur la question, on devoit décider pour la validité du testament.

On ne pouvoit intenter la plainte d’inofficiosité lorsqu’on avoit quelque autre action, ou qu’on avoit répudié celle-ci ; il en étoit de même, lorsqu’on approuvoit le testament sciemment, ou lorsqu’on avoit laissé écouler le délai de cinq années depuis l’institution. Elle n’avoit pas lieu non plus, comme on l’a dit, contre le testament du soldat, ni lorsqu’il avoit été quelque chose à ceux qui avoient droit de légitime, soit à titre d’institution, legs, fidei-commis, ou autrement. Dans le cas de la substitution pupillaire faite par le pere, la mere, ni le fils, ne pouvoient attaquer le testament. Le fils prétérit déclaré ingrat, n’avoit plus l’action d’inofficiosité ; enfin, l’action étoit éteinte par la mort de la personne prétérite ou exhérédée, à-moins qu’elle n’eût laissé des enfans, ou préparé l’action.

Tel étoit l’ancien droit sur cette matiere.

Mais, suivant la novelle 115, & la disposition des institutes, auxquels l’ordonnance des testamens, articles 50 & 53, se trouve conforme ; la prétérition étant maintenant regardée comme une exhérédation, & le testament étant nul quant à l’institution & aux substitutions & fidei-commis universels dans le cas de la prétérition ou du défaut d’institution, la plainte d’inofficiosité ne doit plus avoir lieu, puisque

ce n’étoit qu’un remede extraordinaire quand on n’avoit point d’autre voie pour attaquer le testament. Voyez au digeste & au code les titres de inoffic. testam. la novelle 115 ; l’ordonnance des testamens ; le traité de Furgoles, tome III. ch. viij. sect. 4. (A)

PLAINTIF, adj. (Gramm.) qui a l’accent de la plainte. Une voix plaintive, un air plaintif.

PLAIRE, v. n. (Gramm.) c’est avoir des qualités agréables au cœur, à l’esprit, ou au sens. C’est une folie que de vouloir plaire à tout le monde. Avec les gens d’un goût délicat, l’art de plaire manque son but. Les mélancholiques se plaisent dans les ténebres. Les saules se plaisent dans les lieux humides, &c.

PLAISANCE, (Géog. mod.) Les Latins l’appelloient Placentia ; ceux du pays la nomment Piacenza ; & on prétend qu’elle tire le nom de Plaisance de son agréable situation dans un pays tout charmant. Ville d’Italie, capitale du duché de même nom, au confluent du Pô & de la Trebia, à 12 lieues nord-ouest de Parme, à 15 sud-est de Milan, à 20 au couchant de Mantoue, & à 30 est de Turin.

Ses rues sont droites & spacieuses ; la grande place est ornée de palais. Ses églises sont belles, & sur-tout celle de S. Sixte. Son évêché est suffragant de celui de Bologne. On compte dans cette ville environ 25 mille habitans, dont un dixieme est d’ecclésiastiques. Elle a subi les mêmes révolutions que Parme dans les différentes guerres d’Italie. Long. 27. 16′. lat. 45. 6′.

Ceux qui seront curieux de l’histoire de cette ville, peuvent parcourir les memorie storiche di Piacenza, par M. Poggiali, à Plaisance en 1761 : on en a déja 9 volumes. C’est un ouvrage prodigieusement prolixe, car le neuvieme volume ne finit qu’à l’année 1559, & le moindre petit livre suffiroit pour tracer complettement l’histoire de cette ville ; mais elle a produit dans les lettres un homme trop célebre par ses écrits & par sa mort tragique, pour oublier son nom ; c’est (Ferrante) Pallavicino, l’un des beaux esprits d’Italie au xvij. siecle, & de l’illustre maison de Pallavicini.

On conjecture qu’il naquit vers l’année 1615 : moins par inclination que par des raisons de famille, il entra dans la congrégation des chanoines réguliers de Latran ; il s’établit ensuite à Venise, d’où il fit un voyage en Allemagne. De retour en Italie, il écrivit une violente satyre contre le pape Urbain VIII. & contre la famille des Barberins, ce qui fut la triste cause de sa perte. Les Barberins extrèmement irrités, & ne voyant point de jour à se venger de lui dans un asyle aussi avantageux que Venise, résolurent de l’en tirer par trahison ; ils gagnerent un françois nommé Charles de Breche, fils d’un libraire de Paris. Ce françois lui conseilla de venir en France ; le malheureux Ferrante goûta le conseil du fourbe ; & en passant sur le pont de Sorgues, dans le comtat Venaissin, des gens apostés l’arrêterent & le conduisirent à Avignon, où il eut la tête tranchée le 5 Mars 1644. Ses amis vengerent sa mort ; & le traître qui l’avoit livré, ne jouit pas long-tems du fruit de sa perfidie : le cardinal Mazarin le fit assassiner par un nommé Ganducci, italien, dans une hôtellerie de la place Maubert.

Brussoni a donné la vie de Palavicino ; cette vie, avec les œuvres permises de cet écrivain, ont été imprimées à Venise en 1655, en quatre petits volumes in-douze. Les défendues l’ont été in Villa-franca, c’est à-dire à Geneve en 1660, en deux volumes in douze, & puis en Hollande en 1666 & en 1673, in-douze, sous la même inscription d’in Villa-franca, & sous le titre d’Opere scelte di Ferrante Pallavicino, civè, la pudicitia schernita, la rettorica delle puttane, il divortio celeste, il corriero svalligiato, la buccinata, dialogo tradue soldati del duca di Parma, la disgracia del conte d’Olivarez, la rete di Vulcano, l’Anima, Vigilia I. & II :