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sommes tous sujets aux mêmes accidens, parce que c’est une passion que les enfans & que les personnes incapables de réfléchir sur leur état ou sur l’avenir, sentent avec le plus de vivacité. Aussi devons-nous beaucoup moins les actions nobles & miséricordieuses à la Philosophie qu’à la bonté du cœur. Rien ne fait tant d’honneur à l’humanité que ce généreux sentiment ; c’est de tous les mouvemens de l’ame le plus doux & le plus délicieux dans ses effets. Tout ce que l’éloquence a de plus tendre & de plus touchant, doit être employé pour l’émouvoir.

« La main du printems couvre la terre de fleurs, dit le bramine inspiré. Telle est à l’égard des fils de l’infortune la pitié sensible & bienfaisante. Elle essuie leurs larmes, elle adoucit leurs peines. Vois cette plante surchargée de rosée ; les gouttes qui en tombent donnent la vie à tout ce qui est autour d’elle : elles sont moins douces que les pleurs de la compassion.

» Ce pauvre traîne sa misere de lieu en lieu ; il n’a ni vêtement, ni demeure, mets-le à l’abri sous les aîles de la pitié ; il transit de froid, réchauffe-le ; il est accablé de langueur, ranime ses forces, prolonge ses jours, afin que ton ame vive. » (D. J.)

PITINUM, (Géog. anc.) ville d’Italie. Ptolomée, liv. III. chap. j. la donne aux Umbres, qui habitoient dans les terres au nord des Toscans. Elle donnoit le nom au territoire appellé Pitinus ager par Pline. Pitinum fut une ville épiscopale, comme il paroît par le concile romain tenu par le pape Symmaque. Holstenius dit, qu’elle n’étoit pas éloignée du fleuve Amiternus, & qu’on en trouve le nom & des vestiges dans un lieu à un peu plus de deux milles d’Aquila, appellé aujourd’hui torre di Pitino.

PITIS, s. m. (Monnoie de la Chine.) petite monnoie de bas aloi, moitié plomb & moitié écume de cuivre ; elle a grand cours dans l’île de Java, où les Chinois la portent ; cependant les deux cens pitis ne valent que neuf deniers de Hollande. (D. J.)

PITO, (Diete.) espece de liqueur fermentée, ou de biere qui est en usage parmi les negres de la côte des Esclaves en Afrique. Les voyageurs nous apprennent qu’elle est très-saine, très-agréable & très-raffraichissante.

PITON, s. m. terme de Serrurier, sorte de fiche plus ou moins grosse, au bout de laquelle il y a un anneau. (D. J.)

Piton ou Tenon, terme d’Horlogerie, & de plusieurs autres arts, petite piece dont l’usage est de tenir ferme quelque autre piece. Il y a trois pitons dans une montre ; deux sont d’acier & servent à tenir la vis sans fin dans la situation requise. Voyez ab, fig. 42. Pl. X. de l’Horlogerie ; l’autre p est de laiton ; un trou quarre y est percé, dans lequel on fixe l’extrémité extérieure du ressort spiral de la maniere suivante : on fait entrer cette extrémité dans ce trou quarré, & on la serre ensuite contre une de ses parois par le moyen d’une goupille quarrée qu’on y fait aussi entrer avec force. Voyez la fig. 52.

Des deux pitons de la vis sans fin l’un a est le plus souvent rond, on le nomme alors piton à vis, parce qu’il entre à vis dans un noyau fait dans la platine, & que ce n’est en effet qu’une espece de vis, dans la tête de laquelle on perce un trou pour recevoir le petit pivot de la vis sans fin ; l’autre b, formé comme on le voit, fig. 42. se nomme piton à oreille, parce qu’on laisse une espece d’oreille de chaque côté du canon, à-travers duquel passe la tige du quarré de la vis sans fin, lesquelles sont arrêtées sur la platine avec des vis. Lorsque cette vis est remontée, les oreilles du piton s’appliquent sur la platine, & y sont fixées au moyen de deux vis qui passent à-travers des trous percés dans ces oreilles, & sont vissés à la

platine, comme on le voit dans la figure ci-dessus. Voyez Vis sans fin.

Piton, (Marine.) c’est une cheville de fer ; c’est aussi une fiche en forme de clou, dont la tête est percée.

Pitons à boucles, ce sont des chevilles de fer où il y a des boucles.

Pitons d’afût, ce sont des chevilles de fer dont on se sert pour tenir les plates-bandes d’un afût de canon.

Pitons de presse d’Imprimerie, ce sont deux petites plaques de fer percées & terminées en forme d’anneau que l’on attache de chaque côté du dehors du berceau, vis-à-vis l’une de l’autre, pour recevoir & soutenir les deux extrémités de la broche M du rouleau qui traverse le dessous du berceau de la presse. Voyez les Pl. d’Imprimerie.

Pitons, (Soierie.) petits anneaux à vis, qu’on attache aux lisserons pour crocheter les cramailleres, au moyen d’une S ou espece de crochet.

Pitons, s. m. (Géog.) ce sont dans les îles Antilles de grands pics ou hautes montagnes isolées, terminées en pain de sucre, & dont le sommet se perd dans les nues, elles sont pour la plûpart inaccessibles : ces masses énormes entourées de précipices ne produisent point d’arbre, étant seulement couvertes d’une sorte de mousse fort épaisse & comme frisée. Les pitons les plus renommés dans les îles sont ceux de la Martinique, qu’on appelle assez mal-à-propos pitons du Carbet ; celui de la montagne Pellée dans la même île ; celui de la Souphriere de la Guadeloupe ; & ceux de Sainte-Lucie ou Sainte-Laurie : ces derniers sont remarquables en ce qu’ils prennent naissance sur le bord de la mer, & qu’ils paroissent détachés des autres montagnes ; mais il s’en faut de beaucoup qu’ils soient aussi élevés que les précédens, dont on apperçoit rarement le sommet.

PITORNIUS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, selon Vibius Sequester, p 335. qui dit qu’il passe au milieu du lac Fucinus (lago di celano), sans mêler ses eaux avec celles de ce lac. Pitornius est le même fleuve que Pline, liv. XXXI. ch. iij. nomme Piconium ou Pitonium. (D. J.)

PITOYABLE, adj. (Gram.) qui est digne de pitié. Il est dans un état pitoyable ; c’est un ouvrage pitoyable : d’où l’on voit qu’il y a deux sortes de pitié ; l’une accompagnée de commisération, c’est celle qu’on a pour les malheureux ; l’autre accompagnée de mépris, c’est celle qu’on a pour les choses ridicules. On dit un homme pitoyable ; & cette phrase a deux acceptions, l’homme pitoyable, selon l’une, est un homme compatissant ; selon l’autre, c’est un homme ridicule.

PITSCHAT. Voyez Pic de muraille.

PITSCHEN, (Géog. mod.) ancienne petite ville de Silésie, dans la principauté de Brieg. Elle étoit autrefois épiscopale, mais son siége fut transféré à Breslau en 1052. Maximilien d’Autriche, élu roi de Pologne en 1588, fut assiégé dans cette ville, fait prisonnier, & forcé de renoncer à son élection ; tout y fut au pillage, ainsi qu’en 1627. Long. 35. 56. lat. 51. 12. (D. J.)

PITSIAR, (Hist. nat.) c’est le nom que l’on donne, dans l’île de Sumatra, à l’arbre qui est plus connu sous le nom d’arbre des Banians.

PITTEA, (Géog. anc.) surnom de la ville de Troezen ; Ovide Métamorph. liv. XV. v. 296. nous l’apprend.

En prope Pittean tumulus Troezene, sine ullis
Arduus arboribus.

Ovide donne à Troezene le surnom de Pitthée, parce que cette ville avoit été bâtie par Pitthée, ayeul maternel de Thésée, comme Plutarque nous