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dicules nuds, fistuleux, longs d’une palme & plus ; rougeâtres, quelquefois velus, & garnis d’un duvet qui s’enleve aisément. Chacun de ses pédicules porte une fleur composée de demi-fleurons, évasés, jaunes, renfermés dans un calice poli, découpés en plusieurs parties, dont la base est garnie de quatre ou cinq feuilles verdâtres, réfléchies.

Chaque fleuron est porté sur un embryon, qui lorsque le calice s’ouvre & se réfléchit sur le pédicule, se change en une semence rousse, ou citrine, garnie d’aigrette. Ces semences tombent, quand elles sont mûres, & elles sont emportées par le vent ; la couche sur laquelle elles étoient, reste nue ; & c’est une pellicule poreuse. Cette plante est très-commune ; on la cultive dans les jardins : toutes ses parties sont ameres, & remplies d’un suc laiteux. (D. J.)

Pissenlit, (Mat. méd.) les vertus de cette plante sont absolument les mêmes que celles de la chicorée sauvage, & on les emploie aussi aux mêmes usages, & l’une au lieu de l’autre. La chicorée sauvage est cependant le médicament principal dans l’usage ordinaire, & le pissenlit est le succédanée. Au reste, cette ressemblance est non-seulement établie sur l’observation des propriétés médicamenteuses de l’une & de l’autre plante, mais même sur leur nature ou composition chymique : en sorte que tout ce que nous avons dit de la chicorée sauvage convient entierement au pissenlit. Voyez les articles Chicorée sauvage, Mat. méd. & Chicorée sauvage, Diete. Le pissenlit entre dans l’apozème officinal appellé communément bouillon rouge, & dans le syrop de chicorée composé de Charas.

PISSEROS, s. m. (Phar. anc.) cérat composé de cire fondue, d’huile rosat & de poix, mêlés en proportion convenable pour former une consistance d’onguent ; Hippocrate recommande celui-ci en plusieurs cas, comme dans les brûlures & les plaies récentes ; il paroît que cette espece de cérat est de la nature du basilicon noir des modernes, qui passe en effet pour un très-bon emplâtre en diverses occasions.

PISSITES, (Mat. méd. des anciens.) πισσίτης, c’est-à-dire vin de poix. Il se faisoit avec du goudron & du moût. On lavoit d’abord le goudron dans de l’eau de la mer ou de la saumure jusqu’à ce qu’il fût blanchi ; après cela on le relavoit avec de l’eau douce, on mettoit ensuite sur huit conges de moût une once ou deux de goudron ; on les laissoit fermenter & reposer, enfin on soutiroit la liqueur & on la mettoit dans des vaisseaux. Discoride, l. V. c. xlvj. en fait un grand éloge pour les maladies chroniques des visceres qui ne sont point accompagnées de fievre.

PISSOTTE, s. f. (Lessiverie, Salpêtr.) petite canule de bois que l’on met au-bas d’un cuvier à lessive, pour donner passage à l’eau que l’on jette de tems en tems sur les cendres qui sont enfermées dans le charrier.

Dans les atteliers où se fabrique le salpêtre, les cuviers où se font les lessives des terres propres à en tirer ce minéral, ont aussi leur pissotte ; elle se place ordinairement dans le bas du cuvier à deux ou trois doigts du sable, avec deux billots de bois aux deux côtés en-dedans, pour soutenir le faux-fond du bas sur lequel se mettent les cendres & les terres dont les cuviers se remplissent ; c’est au-dessous de la pissotte que l’on met les recettes. Savary. (D. J.)

PISSYRUS, (Géog. anc.) ville de Thrace ; il y avoit dans cette ville, selon Hérodote, l. VII. n°. 109. un lac de presque trente stades de circuit, très-poissonneux, & dont l’eau étoit extrèmement salée. Les meilleures éditions portent Pystirus au lieu de Pissyrus.

PISTACHE, s. f. (Botan.) on sait que c’est le fruit du pistachier ; les pistaches s’appellent en latin

pistacia, en grec dans Dioscoride πιστάκια, & par les Arabes pastech.

Ce sont des fruits ou des petites noix, de la grosseur & de la figure des avelines, oblongues, anguleuses, élevées d’un côté, applaties de l’autre, pointues & marquées d’un côté. Elles ont deux écorces ; l’extérieure est membraneuse, aride, mince, fragile, d’abord de couleur verte, ensuite rousse ; l’intérieure est ligneuse, pliante, cassante, légere, blanche ; elles renferment une amande d’un verd-pâle, grasse, huileuse, un peu amere, douce cependant & agréable au goût, couverte d’une pellicule rouge ; on doit choisir celles qui sont bonnes, récentes, pleines & mûres.

Herman fait mention de deux sortes de pistaches, savoir les grandes & les petites. On nous apporte communément les grandes ; les petites sont moins connues & plus savoureuses ; elles viennent de Perse.

Ce fut Lucius Vitellius, gouverneur de Syrie, qui apporta le premier des pistaches en Italie sur la fin du regne de Tibere. (D. J.)

Pistache, (Mat. médic.) fruit du pistachier. Ces fruits renferment une amande ou semence émulsive, d’un goût agréable, & qui passe pour fournir une nourriture très-abondante & assez salutaire, & pour être propre par ses qualités à rétablir promptement les personnes amaigries par des maladies, à augmenter le lait & la semence, à adoucir les humeurs dans la phtisie, la toux, les dispositions à la colique néphrétique, &c.

Ces éloges sont un peu outrés. Il est vrai cependant que les pistaches tiennent un rang distingué parmi les semences émulsives considérées comme aliment, voyez Semenses émulsives ; & que les dragées, les tartes, &c. qu’on en prépare fournissent un aliment assez doux, qui n’est pas malsain, & qui paroît solliciter l’appétit vénérien.

Quant à l’usage qu’on en fait pour les émulsions, il n’y a rien de particulier. Voyez Emulsion. L’huile qu’on peut en retirer par expression est fort douce, mais elle est fort peu usitée, parce qu’on a reconnu que l’huile d’amandes-douces, qui coute beaucoup moins, est tout aussi bonne.

Les pistaches entrent dans le looch verd de la pharmacopée de Paris, & dans le sirop de tortue résomptif. (b)

Pistache, (Botan. exot.) fruit de la plante arachidnoide d’Amérique, nommée dans le pays manobi. Voyez Manobi, Botan. exot. (D. J.)

Pistaches, les Confiseurs appellent de ce nom un ouvrage qu’ils font en forme de dragées extremement petites, dont le fond est de la graine de pistache d’où cet ouvrage tire son nom.

Pistaches en surtout, les Confiseurs donnent ce nom à des pistaches cassées & mises à la praline, & trempées dans une composition faite d’un œuf battu, & brouillé avec de l’eau de fleur d’orange.

PISTACHIER, s. m. (Botan.) arbre qui porte les pistaches ; il s’appelle terebinthus indica dans Théophraste ; pistacia dans J. B. 1.275 ; & pistacia peregrina fructu racemoso, sive terebinthus indica Theophr. dans C. B. p. 401.

Son tronc est épais ; ses branches sont étendues, couvertes d’une écorce cendrée ; elles donnent naissance à des feuilles qui sont rangées sur de longues côtes & disposées par paires, de maniere cependant qu’elles ne se trouvent pas placées exactement vis-à-vis les unes des autres. L’extrémité de ces côtes est terminée par une seule feuille : elles sont tantôt arrondies, tantôt finissant en pointe, garnies de nervures, & semblables aux feuilles de térébinthe, mais plus grandes.

Il y a des pistachiers qui portent des fleurs mâles, d’autres des fleurs femelles ; les fleurs mâles sont ra-