Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/570

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cine trois & demie, le filet une demie, le larmier trois, le talon deux, & le filet une. Les saillies de ces membres sont à-peu-près les mêmes que celles de la corniche du piédestal corinthien.

Le piédestal composite a de hauteur la troisieme partie de la colonne.

Piédestal composé. C’est un piédestal d’une forme extraordinaire, comme ronde, quarrée-longue, arrondie, ou avec plusieurs retours. Il sert pour porter les grouppes de figures, les statues, les vases, &c.

Piédestal continu. Piédestal qui, sans ressauts, porte un rang de colonnes. Tel est le piédestal qui soutient les colonnes ioniques cannelées du palais des Tuileries du côté du jardin.

Piédestal double. Piédestal qui porte deux colonnes, & qui a plus de largeur que de hauteur. Les piédestaux des PP. Feuillans, rue saint Honoré, à Paris, & ceux de la plûpart des retables d’autels, sont de cette espece.

Piédestal en adoucissement. Piédestal dont le dé ou tronc est en gorge. Il y a de ces piédestaux autour du parterre à la dauphine, à Versailles, qui portent des statues de bronze.

Piédestal en balustre. Piédestal dont le profil est contourné en maniere de balustre.

Piédestal en talut. Piédestal dont les faces sont inclinées. Tels sont, par exemple, les piédestaux qui portent les figures de l’Océan & du Nil dans l’escalier du capitole.

Piédestal flanqué. Piédestal dont les encoignures sont flanquées ou cantonnées de quelque corps, comme de pilastres attiques, ou en console, &c.

Piédestal irrégulier. Piédestal dont les angles ne sont pas droits, ni les faces égales ou paralleles, mais quelquefois ceintrées, par la sujétion de quelque plan, comme d’une tour ronde ou creuse.

Piédestal orné. C’est un piédestal qui a non-seulement ses moulures taillées d’ornemens, mais dont les tables fouillées ou en saillie sont enrichies de bas-reliefs, chiffres, armes, &c. de la même matiere ou postiches, comme sont la plûpart de ceux des statues équestres, & des autres superbes monumens.

Piédestal quarré. Piédestal qui est égal en hauteur & en largeur. Tels sont les piédestaux de l’arc des lions à Vérone, d’ordre corinthien, & que quelques sectateurs de Vitruve, comme Serlio & Philander, ont attribué à leur ordre toscan.

Piédestal triangulaire. Piédestal en triangle, qui a trois faces, quelquefois ceintrées par leur plan, & dont les encoignures sont en pan coupé, échancrées ou cantonnées. Il sert ordinairement pour porter une colonne avec des figures sur ses encoignures. Tel est le piédestal de la colonne funéraire de François II. dans la chapelle d’Orléans, aux Célestins, à Paris.

Piédestaux par saillies & retraites. Ce sont des piédestaux qui, sous un rang de colonnes, forment un avant-corps au droit de chacune, & un arriere-corps dans chaque intervalle. De cette espece sont les piédestaux des amphithéâtres antiques de l’arc de Titus à Rome, & les piédestaux corinthiens, & composites de la cour du Louvre.

Les piédestaux que les Architectes appellent acroteres ; ils sont fort petits, & ordinairement sans base ; ils servent à porter des figures au-bas des corniches rampantes, & au-haut des frontons.

La plûpart des commentateurs de Vitruve, après diverses opinions sur l’interprétation de ces mots : scamilli impares, escabeaux impairs, sont enfin d’avis qu’ils signifient cette disposition de piédestaux.

Pour ce qui regarde les piédestaux toscans, doriques, ioniques, corinthiens & composites, voyez l’ordonnance des cinq especes de colonnes, selon la méthode des anciens, par M. Perrault. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PIÉDOUCHE, s. m. (Archit.) c’est une petite base longue ou quarrée, en adoucissement, avec moulures, qui sert à porter un buste, ou une petite figure.

PIEGE, s. f. (Chasse.) on se sert de ce terme pour tout ce qui sert à attraper les oiseaux, le gibier & toutes les bêtes nuisibles. Chacun en invente à sa mode. Les trapes, les traquenards, les bascules sont des pieges pour les loups & les renards ; il y a des pieges de fer qui se bandent & se lâchent pour prendre des fouines & autres animaux.

Ce mot se prend aussi au figuré. On dit le piege de la beauté ; le piege de la galanterie ; le piege du destin ; le piege de la vanité.

Piége, s. m. (Chasse.) c’est proprement toute machine ou toute invention destinée à surprendre des animaux. Il ne se dit guere qu’au figuré, par rapport aux hommes : ce n’est pas au propre que les fripons tendent des piéges aux honnêtes gens, ni que les sots donnent dans le panneau. On verra dans les Planches relatives à la chasse, des modeles des différentes especes de piége : on a choisi ceux que l’usage a principalement consacrés, parce que l’expérience les a fait reconnoître comme les meilleurs.

Il est nécessaire, pour tendre heureusement des piéges, de bien connoître l’instinct & les habitudes des animaux qu’on cherche à prendre ; cette science n’est pas fort étendue à l’égard des frugivores ; ils ne sont pas naturellement défiants, parce que les besoins ordinaires de la vie ne les forcent pas à l’exercice de l’attention. Ordinairement il suffit de bien remarquer le lieu par lequel ils passent habituellement, & d’y tendre un colet. Comme leur maniere de vivre est simple, leurs habitudes sont uniformes ; ils ne soupçonnent point les embûches qu’on leur prépare, parce qu’ils ne sont jamais dans le cas d’entendre à d’autres. Il ne faut pas non plus beaucoup d’art pour prendre les oiseaux, parce qu’ils n’ont point l’usage du nez, qui pour une partie des quadrupedes est un organe de défiance & un instrument de sûreté. On attire facilement les oiseaux frugivores avec du grain, & les carnassiers avec une proie sanglante ; on peut même sans ce secours prendre beaucoup d’oiseaux de proie, en plaçant simplement sur un poteau un petit traquenard, parce que ces oiseaux ont naturellement de l’inclination à venir se percher sur ce poteau. Mais il faut beaucoup plus d’habileté & de connoissances pour tendre avec succès des piéges aux animaux qui vivent de rapine, sur-tout dans les pays où l’expérience les a rendus soupçonneux, & où l’habitude de rencontrer des dangers les saisit presque continuellement d’une crainte qui va jusqu’à balancer leurs appétits les plus violens. Alors il est nécessaire de connoître les refuites les plus compliquées de ces animaux, de les attirer, de les affriander, & d’écarter des appâts qu’on leur présente tout soupçon de danger, ce qui souvent est assez difficile. D’abord en doit s’assurer avec beaucoup de soin des lieux qui leur servent de retraite pendant le jour, de ceux où ils vont faire leur nuit, & de l’étendue de pays qu’ils parcourent habituellement. On prend des connoissances en suivant leurs traces par le pié, & on en juge encore par leurs abattis & leurs laissées. D’après ces points donnés, on peut choisir le lieu où il convient le mieux de les attirer par quelque appât, & on doit porter jusqu’au scrupule l’attention d’examiner le vent, afin que cet appât puisse surement frapper leur nez lorsqu’ils seront sortis de leurs retraites. Le choix & la composition des appâts entrent pour quelque chose dans les connoissances d’un tendeur de piéges : il y a beaucoup de gens qui se vantent d’avoir là-dessus des secrets ; mais en général les chairs grillées, les fritures & les graisses devenues odorantes par la cuisson, font le fond & l’essentiel des appâts. Le point impor-