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que fit jetter Aman par des devins, pour exterminer toute la nation juive qui se trouvoit dans les états d’Artaxerxès. On sait par le livre d’Esther, les détails de cet affreux projet, comment il échoua, le supplice d’Aman & de sa famille, & le massacre que les Juifs eux-mêmes, autorisés par le roi de Perse à se défendre, firent en un seul jour de tous leurs ennemis, le 13 du mois Adar, l’an 452 avant J. C. Délivrés du danger qui les avoit menacés d’une extermination totale, ils en célébrerent pendant deux jours, des réjouissances extraordinaires : par ordre d’Esther & de Mardochée, trois jours entiers furent consacrés pour en faire tous les ans la commémoration ; le premier jour par un jeûne, & les deux autres par des actes de vive réjouissance. Esther ix, 20, 22. Joseph, Antiq. liv. XI. c. vj.

Ils observent encore aujourd’hui le jeûne & la réjouissance ; ils appellent le jeûne, le jeûne d’Esther, & nomment la réjouissance, la fête de Purim ou Phurim, parce qu’en persan, purim signifie les sorts, & qu’Aman s’étoit servi de cette espece de divination pour fixer le jour de leur perte. Cette fête a été longtems célébrée parmi les Juifs, dans le gout des bacchanales ; & ils y poussoient la débauche à de grands excès, du moins pour la boisson, prétendant que ce fut par des festins qu’Esther sçut mettre Artaxerxes dans la bonne humeur dont elle avoit besoin pour obtenir la délivrance de sa nation.

Pendant les jours de cette fête, on lit solemnellement dans les synagogues le livre d’Esther : tout le monde y doit assister, hommes, femmes, enfans & serviteurs, parce que tous ont eu part à la delivrance. Chaque fois que le nom d’Aman revient dans cette lecture, la coutume établie est de frapper des mains & des piés, en s’écriant : que sa memoire périsse ! C’est la derniere fête de leur année, car la suivante est la pâque qui est toujours au milieu du mois par lequel commence l’année des Juifs. (D. J.)

PHYCITES, (Hist. nat.) nom donné par les anciens naturalistes à une pierre chargée de l’empreinte d’une plante marine, telle que l’algue ou le fucus.

PHYCUS, (Géog. anc.) promontoire & forteresse de la Cyrénaïque, selon Ptolomée, liv. IV. ch. jv. Strabon, liv. XVII. pag. 865, dit que le promontoire est fort peu élevé ; mais qu’il s’etend beaucoup du côté du nord. Les mariniers italiens le nomment Caborena, à ce que prétend Niger.

PHYGELA, (Géog. anc.) ville de l’Ionie. Pline, liv. V. c. xxix. & Pompomus Mela, liv. I. c. xvij. disent qu’elle fut bâtie par des fugitifs. Strabon, liv. XIV. p. 639. Etienne le géographe qui l’a suivi, & Suidas, ne dérivent pas ce nom de φυγὰς, qui veut dire un fugitif, un exilé, mais de πυγὼν, sorte de maladie dont les compagnons d’Agamemnon furent attaqués, & qui les obligea de demeurer dans ce lieu ; aussi ces auteurs n’ecrivent-ils pas Phygela, mais Pugela. Dioscoride, liv. V. c. xij. fait l’éloge du vin de Phygela. Selon le P. Hardouin, le nom moderne de cette ville est Figela. (D. J.)

PHYGETHLON, s. m. terme de Chirurgie, tumeur inflammatoire, érésipélateuse, dure, tendue, large, peu élevée, garnie de petites pustules, accompagnée d’une douleur & d’une chaleur brûlante, & qui ne vient presque jamais en suppuration. Voyez Tumeur.

Ce mot est dérivé du grec φυω, j’engendre.

Le phygethlon ne differe du phyma, qu’en ce qu’il ne s’éleve pas si haut ; il vient à maturité très-doucement, & ne produit qu’un peu de pus. Voyez Phyma.

Gorraeus définit le phygethlon, un phlegmon qui vient sur les parties glanduleuses, particulierement autour du col, des aisselles & de l’aîne : ce dernier est appellé bubon. Voyez Phlegmon, &c.

Les causes & les symptomes du phygethlon sont les mêmes que ceux du bubon commun. Voyez Bubon.

Il vient souvent après les fiévres & les douleurs du bas-ventre, & on le guérit de même que les autres inflammations. Voyez Inflammation. (Y.)

PHYLACE, (Géog. anc.) nom commun à quatre différens endroits. 1°. C’étoit une ville de la Tnessalie, dans la Phtiotide, au voisinage des Maliens, selon Strabon, liv. IX. pag. 433. Il en est fait mention dans l’Iliade, B. v. 696. On ne sait si elle étoit sur la côte ou dans les terres ; 2°. c’étoit un lieu du Péloponnese. Pausanias, Arcad. c. ult. dit que c’est où le fleuve Alphée prenoit sa source. 3°. C’étoit une ville de la Molosside ; selon Tite-Live, l. XLV. c. xxvj. elle étoit différente de celle de Thessalie. 4°. C’étoit enfin une ville de la Macédoine dans la Piérie, selon Ptolomée, liv. III. c. xiij. qui écrit aussi phylacæ. (D. J.)

PHYLACTERE, s. m. (Hist. anc.) nom qui signifie en grec préservatif, & que les Juifs ont donné à certains instrumens ou ornemens qu’ils portoient & qu’ils appelloient en hebreu thephilim, c’est-à-dire instrumens de priere, parce qu’on les portoit particulierement dans le tems de la priere. Ces philacteres des Juifs étoient des morceaux de parchemin bien choisis, sur lesquels on écrivoit en lettres quarrées avec soin, & avec de l’encre préparée exprès, des passages de la loi. On les rouloit ensuite, & on les attachoit dans une peau de veau noire qu’on portoit, soit au bras, soit au front. Il est fait mention de ces philacteres dans l’évangile de saint Matthieu, où J. C. faisant le portrait des Pharisiens, dit qu’ils aiment à étendre leurs phylacteres : dilatant phylactera sua ; c’est-à-dire qu’ils affectoient d’en porter de plus larges que les autres. Quelques-uns croyent que Moyse est l’auteur de cette coutume, & se fondent sur ce verset du Deuteronome ch. vj. Vous lierez ces paroles pour signes sur vos mains, & elles vous feront comme des fronteaux entre vos yeux. Mais saint Jerome soutient avec raison, que ces expressions sont figurées & signifient seulement que les Hebreux devoient toujours avoir la loi de Dieu devant les yeux, & la pratiquer ; mais les Pharisiens s’en tenoient ridiculement à la lettre, & leurs descendans les docteurs juifs modernes ont poussé l’extravagance sur les phylacteres, jusqu’à soutenir sérieusement que Dieu en portoit sur sa tête. Quelques auteurs ont étendu le nom de phylactere aux anneaux & bracelets constellés, aux talismans, & même aux reliques des saints. Voyez Talisman, &c.

PHYLARQUE, s. m. (Antiq. grecq.) en grec φύλαρχης ou φύλαρχος, chef d’une tribu. Le peuple des grandes villes grecques étoit partagé en un certain nombre de tribus qui parvenoient successivement & dans des tems réglés, au gouvernement de la république. Chaque tribu avoit son chef ou phylarque qui présidoit aux assemblées de sa tribu, avoit l’intendance & la direction de son trésor & de ses affaires. Aristote dans ses Politiques, parle de ces phylarques. Hérodote rapporte que Calistene ayant augmenté le nombre des tribus d’Athenes, & en ayant formé dix de quatre anciennes, il augmenta aussi dans la même proportion, le nombre des phylarques. Les marbres de Cyzique font mention de plusieurs phylarques ; on lit sur un marbre de Nicomedie, qu’Aurelius-Earinus avoit été phylarque d’une des tribus de cette ville. Dans la suite, ce terme perdit sa signification naturelle & primitive, en devenant le titre d’une dignité militaire. On y substitua le nom d’epimeléte, administrateur, président, afin d’éviter toute équivoque, & de n’être pas sans cesse dans le risque de confondre le commandant d’une troupe de cavalerie, avec un magistrat. Potter. Archæol. græc. liv. I.c. xiij.

Il est aussi parlé de phylarques dans l’empire grec, où l’on donnoit ce nom au chef des troupes que l’on fournissoit aux alliés, ou que les alliés fournissoient à l’empire ; c’est ainsi qu’il fut donné au chef des Sar-