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la discorde entre le conseil & le parlement, & qui a établi cette maxime si fausse & si nuisible à la liberté naturelle, qu’il n’est point de terre sans seigneur.

PHTHIROPHAGIENS, (Géog. anc.) Phthirophagi ; peuples qui habitoient sur les bords du Pont-Euxin, selon Pomponius Mela. Strabon, lib. II. p. 499. dit qu’ils avoient été nommés ainsi à cause de leur malpropreté. (D. J.)

PHTISIE, s. f. (Médec.) se dit en général de toute exténuation, consomption, amaigrissement, desséchement & marasme qui arrivent au corps humain. Dans le langage ordinaire on n’entend par ce mot que la seule consomption tabifique du poumon.

Nous allons traiter la phtisie en général ; on appliquera aux différentes parties ce que nous allons dire sur cette matiere.

Si les poumons, ou quelqu’autre partie noble, sont réellement rongés par un ulcere, on appelle cette maladie consomption ; & celle qui attaque le poumon, se nomme phtisie ; ce qui provient de tout ulcere, ou de toute autre cause de pareille nature, qui appliquée au poumon ou à une autre partie, le corrompt, le détruit, & fait tomber cette partie dans le marasme & le desséchement.

Le foie, le pancreas, la rate, le mésentere, les reins, la matrice, la vessie, peuvent être ulcérés & produire la phtisie.

Les causes sont d’abord toutes celles qui disposent à l’émophtisie, aux obstructions des visceres, d’où il suit un ulcere dans les parties qui les consomme.

L’habitude & le tempérament particulier y influe, ainsi que la délicatesse des vaisseaux artériels, & des membranes qui forment le tissu des visceres ; l’impétuosité d’un sang un peu âcre ; la délicatesse des petits vaisseaux & de tout le corps ; la longueur du cou, le peu de capacité de la poitrine ; l’affaissement des épaules ; la rougeur ; la ténuité ; l’âcreté & la chaleur du sang ; la blancheur & la rougeur du visage ; la transparence de la peau ; la vivacité du tempérament ; la maturité & la subtilité de l’esprit, sont comme des signes avantcoureurs & des causes concomitantes de la phtisie en général, & sur-tout de la pulmonaire.

2°. La débilité des visceres qui ne peut se prêter à la digestion des alimens naturellement trop ténaces, donne lieu à des obstructions ; d’ailleurs les alimens mal élaborés se corrompent & acquierent une acrimonie qui ulcere les vaisseaux, déjà irrités, tiraillés, & souvent corrodés, ensuite de la stagnation qui a produit un crachement de sang. La foiblesse des vaisseaux se manifeste par une petite fievre légere, & une petite toux seche ; par une grande chaleur ; par la rougeur des levres, de la bouche, des joues, qui augmente vers le tems qu’il entre de nouveau chyle vers le sang ; par la grande disposition que l’on a à suer en dormant ; par la foiblesse & la difficulté que l’on a de respirer pour peu qu’on se donne de mouvement.

3°. La phtisie se forme à l’âge que les vaisseaux ne croissent plus, & résistent par ce moyen à l’effort que font les fluides pour les distendre, tandis que le sang augmente en impétuosité, en âcreté, ce qui provient de la pléthore vraie ou fausse. Ceci arrive entre l’âge de seize & trente-six ans ; de meilleure heure dans les filles que dans les garçons, parce que les premieres sont plutôt formées.

4°. Ce vice qui produit la phtisie, vient d’une disposition héréditaire.

Les causes déterminantes sont, 1°. toutes les suppressions des évacuations ordinaires, sur-tout du sang, comme du flux hémorrhoïdal, du flux menstruel & des vuidanges, du saignement de nez. La cessation des saignées auxquelles on s’étoit accoutumé, surtout dans les personnes d’un tempérament pléthorique, ou à qui l’on a coupé quelque membre.

2°. Par tout état violent du poumon, sur-tout qui aura été produit par la toux, les cris, les chants, la course, de grands efforts, par la colere, par une blessure quelconque.

3°. Par des alimens salins, âcres ou aromatiques ; par une boisson semblable ; par le régime, par une maladie propre à augmenter la quantité & l’acrimonie du sang, sa vélocité, sa raréfaction & sa chaleur. De-là vient que ces symptomes sont si fréquens à la suite des fievres aiguës, de la peste, de la petite vérole & du scorbut.

Symptomes. La phtisie commence accompagnée d’une douleur légere, d’une chaleur modique, & d’une oppression de poitrine. Le sang qui sort du poumon est ordinairement rouge, vermeil & écumeux ; plein de petites fibres, de membranes, de vaisseaux artériels, veineux & bronchiques ; il sort avec toux & bruit, ou rallement des poumons. Le pouls est mol, foible & ondoyant ; la respiration est difficile : tous ces symptomes sont précédés d’un goût de sel dans la bouche.

Lorsque la phtisie est menaçante ou confirmée, on la peut reconnoître par les signes suivans. 1°. Une toux seche qui continue pendant plusieurs mois, tandis qu’un simple catarre humoral ne dure pas long-tems. Le vomissement qui vient de cette toux après le repas, est un signe très-certain de la phtisie.

2°. La fievre éthique, où l’on sent une chaleur à la paume de la main & aux joues, sur-tout après le repas.

3°. L’exténuation des parties solides qui se remarque particulierement à l’extrémité des doigts, & qui cause la courbure des ongles.

4°. La fievre éthique qui dégénere en fievre coliquative & en consomption ; la salivation ; les sueurs coliquatives ; la bouffissure, les hydropisies ; les aphtes au gosier, qui sont opiniâtres & incurables, font connoître que la mort n’est pas éloignée.

La phtysie héréditaire est la plus mauvaise de toutes, & on ne peut la guérir qu’en prévenant le crachement de sang, ou les autres causes qui peuvent la déterminer.

Celle qui vient d’un crachement de sang produit par une cause externe, sans qu’il y ait de vice externe préexistant, toutes choses égales, est la moins dangereuse.

5°. La phtisie dans laquelle la vomique se rompt tout-à-coup, & dans laquelle on crache un pus blanc, cuit, dont la quantité répond à l’ulcere, sans soif, avec appétit, bonne digestion, secrétion & excrétion, est à la vérité difficile à guérir ; cependant elle n’est pas absolument incurable.

6°. La phtisie qui vient de l’empyeme est incurable.

7°. Quand les crachats sont solides, pesans & de mauvaise odeur, & accompagnés des symptomes décrits ci-dessus, il n’y a plus d’espérance.

Lorsqu’il s’est déjà formé une vomique dans le poumon.

Curation. Lorsqu’il s’est déjà formé une vomique dans le poumon, l’indication médicale est de la rompre ; & on en vient à bout par l’usage du lait, l’exercice du cheval, les vapeurs tiedes & les remedes expectorans. Voyez Vomique.

Lorsque la vomique est crevée, on la traite comme un ulcere interne. 1°. On garantit le sang de l’infection du pus. 2°. On évacue le pus le plus promptement qu’il est possible ; on nettoye & on consolide les levres de l’ulcere. 3°. On doit user d’alimens aisés à digérer, & propres à circuler avec le sang ; & capables de nourrir le corps, & incapables d’engendrer de nouveau pus.

On satisfait à la premiere indication par l’usage des médicamens d’une acidité & d’une salure douce &