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c’est parce qu’on n’a point employé les saignées aussi promptement & aussi abondamment qu’il l’auroit fallu. On ne peut que par une soustraction fort considérable de la partie rouge, rendre la masse du sang assez séreuse & assez fluide, pour que cette partie rouge qui contribue à l’étranglement & à l’embarras, se trouve inondée ou détrempée au point d’être facilement déplacée & entraînée par son véhicule devenu plus abondant. Tout consiste donc à rendre le sang fort aqueux, coulant, & moins inflammable ; & il n’y a d’autre moyen pour y réussir que d’abondantes saignées pratiquées assez promptement.

Quoique la saignée soit le principal remede que l’on puisse employer pour procurer la résolution du phlegmon, il faut la seconder par d’autres remedes dont l’expérience a fait connoître l’utilité.

Dans le commencement de la maladie, on peut se servir avec succès des repercussifs. Voyez Repercussifs. Ces médicamens en resserrant, par leur vertu astringente, les vaisseaux sanguins, empêchent non seulement une partie du sang d’entrer dans les vaisseaux resserrés, mais ils forcent celui qui y est arrêté d’enfler les vaisseaux collatéraux où la circulation n’est pas empêchée. Pour peu que l’inflammation ait fait de progrès, ces remedes ne doivent point être employés ; ils attireroient la mortification : il faut avoir recours aux émolliens résolutifs pour relâcher l’étranglement qui arrête le cours du sang dans les capillaires artériels. On se sert fort efficacement du cataplasme avec la mie de pain cuite dans le lait, ou de celui des quatre farines cuites pareillement dans le lait ou dans de l’eau. Ces remedes farineux contiennent une huile mucilagineuse, relâchante, qui, secondée par les mêmes qualités qui se trouvent dans le lait, procure la détente des vaisseaux : ces remedes contiennent aussi un sel acescent qui leur donne une vertu légérement repercussive.

C’est l’expérience qui a fait connoître l’excellence de ces remedes ; car en suivant l’idée qu’on s’est toujours faite de la résolution des tumeurs, on a donné le nom de résolutifs à des médicamens qui ont une vertu atténuante, incisive, pénétrante, propre à subtiliser l’humeur & à la faire évaporer par les pores de la peau : tels que sont tous les remedes remplis de sels volatils, d’huiles éthérées ; les liqueurs spiritueuses, chargées d’huiles alkoolisées & d’huiles essentielles, ou d’huiles éthérées distillées. Mais tous ces remedes n’ont aucunement la vertu qu’on leur attribue ; loin de dissoudre & d’atténuer le sang, ils l’épaississent & le condensent pour la plûpart : ces remedes sont des stimulans violens qui n’agissent qu’en irritant les solides, & qui sont capables d’augmenter beaucoup l’inflammation, & d’en causer même où il n’y en a point.

Il semble cependant que ces remedes en excitant le jeu des vaisseaux, devroient procurer le même effet que s’ils atténuoient les humeurs en agissant sur elles immédiatement ; parce que l’action des vaisseaux augmentée paroît devoir les briser & les subtiliser : cet effet peut avoir lieu à l’égard des tumeurs œdémateuses causées par une crudité pituiteuse ; mais il n’en est pas de même du sang qu’un jeu des vaisseaux trop violent durcit & racornit. Si l’action violente des vaisseaux étoit un remede contre l’inflammation, la maladie, selon l’expression de M. Quesnay, seroit à elle-même son propre remede, puisqu’elle consiste dans cette action même devenue excessive ; il ne seroit pas nécessaire d’avoir recours à des remedes capables d’exciter cette action déja trop animée. L’usage inconsidéré des remedes résolutifs procure l’induration des tumeurs inflammatoires. Voyez Induration.

Lorsque le phlegmon est dans son état, on applique les émolliens tout simples en forme de cataplasme,

voyez Émolliens ; & si la maladie donne des signes de résolution, on joindra les résolutifs aux émolliens, pour passer ensuite par degrés aux résolutifs seuls. Voyez Résolutifs & Résolution.

Si la tumeur donne des signes qu’elle suppurera, voyez Suppuration, on se sert des remedes gras & onctueux, voyez Suppuratifs ; & lorsque le pus est formé, le phlegmon est dégénéré en abscès. Voyez Absces. (Y)

PHLEGRA, (Géog. anc.) ville de la Thessalie, selon Martianus Capella. Ce fut, disent les Poëtes, dans les champs de cette ville, que les géans combattirent contre les dieux, & qu’ils furent foudroyés. (D. J.)

PHLÉGYAS, (Mythol.) chef des phlégiens, peuple belliqueux de la Béotie ; après les avoir rassemblés de toutes parts, il porta son audace, dit Pausanias, jusqu’à marcher avec eux contre Delphes, pour piller le temple d’Apollon….. mais ils furent exterminés par le feu du ciel, par des tremblemens de terre, & par la peste. Les Poëtes, pour punir Phlégyas, le mettent dans le Tartare, & nous représentent Tisiphone toute ensanglantée, goûtant aux mets qu’on lui présentoit, afin qu’il en eût horreur, malgré la faim qui le dévoroit. (D. J.)

PHLEGYÆ, (Géog. anc.) peuples de la Thessalie, selon Strabon ; il y avoit aussi dans la Bœotie, une ville appellée Phlegya : le mot Phlegyæ se lit dans Virgile, Æneid. l. VI. vers. 618.

Phlegyasque miserrimus omnes
Admonet.

Le poëte désigne vraisemblablement ici, ces gens de la Bœotie, qui, selon Pausanias, ayant voulu piller le temple d’Apollon à Delphes, périrent presque tous par la foudre, par des tremblemens de terre, & par la peste. De-là vient que Phlegyæ a signifié en général, des impies & sacrileges ; & c’est en ce sens qu’il faut prendre ce mot dans le passage de Virgile.

PHLEUM, s. m. (Botan.) c’est dans le système de Linnæus, un genre de plante, dont voici les caracteres. Le calice est une balle contenant une fleur ; cette balle est bivalve, oblongue, comprimée & ouverte au sommet ; la fleur est composée de deux pieces plus courtes que celles du calice ; les étamines sont trois filets capillaires, qui s’élevent au-dessus du calice ; les bossettes des étamines sont oblongues & fendues en deux à leur extrémité ; l’embryon du pistil est arrondi ; les stiles sont au nombre de deux, petits & penchés ; le calice & la fleur renferment une seule graine qui est de figure arrondie. (D. J.)

PHLIUS, (Géog. anc.) nous traduisons en françois Phlionte ; il y a trois villes du nom de Phlius, toutes trois dans le Péloponnèse.

La premiere est une ville du Péloponnèse en Sicyonie, selon Ptolomée, l. III. c. xvj. qui la place dans les terres. Strabon, l. VIII. pag. 382. dit « que la ville d’Aroethyrée, que l’on appelloit de son tems Phlyasia, étoit dans une contrée de même nom, près de la montagne Cœlossa : il ajouta que dans la suite les habitans changerent de place, & allerent à trente stades de ce lieu, bâtir une autre ville, qui fut aussi nommée Phlius ».

La seconde Phlius est une ville maritime du Péloponnése dans l’Argie, placée, selon Ptolomée, l. III. c. xvj. entre Nauplia-Navale, & Hormioné. Pinet prétend que c’est Focia, & Sophien Yri.

La troisieme Phlius est une ville du Péloponnèse dans l’Elide, selon Pline, qui la met à cinq milles de Cyllène. Le P. Hardouin prétend que c’est la même qui est placée dans la Sicyonie par Ptolomée & par Strabon.

J’ignore laquelle de ces trois villes du Péloponnèse, étoit la patrie du poëte-musicien Thrasylle, dont