Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/504

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter, mais je les supprime en renvoyant le lecteur à l’anatomie de l’opossum par le docteur Tyson, en 1698, dans les Trans. philos. n. 239. Le chevalier de Jaucourt.

Il y a plusieurs especes de philandres que l’on a réunies sous un même genre. Leurs caracteres communs sont d’avoir, dans la mâchoire du dessous, huit dents incisives, & dans celle de dessus dix : les deux du milieu sont plus grandes que les autres, & d’avoir les piés conformés comme ceux des singes. Les especes de philandres sont au nombre de neuf ; savoir, 1°. le philandre simplement dit, c’est celui qui a déja été décrit dans cet article ; 2°. le philandre oriental, qui a une couleur brune foncée sur le dos, & jaune sous le ventre, avec des taches jaunes au-dessous des yeux : il est plus grand que le philandre simplement dit ; car il a onze pouces de longueur depuis l’occiput jusqu’à l’origine de la queue, tandis que l’autre n’a que huit pouces ; 3°. le philandre d’Amboine, qui est d’un rouge bai noirâtre sur le dos, & de couleur cendrée blanchâtre sur le ventre, avec des taches d’un brun foncé ; sa longueur est de treize pouces. Les femelles de la seconde & de la troisieme espece de philandres ont une poche sous le ventre, comme celles de la premiere espece ; mais les femelles des cinq especes suivantes n’ont pas cette poche ; & on ne sait si les individus, tant mâles que femelles de ces cinq especes, ont les autres caracteres de ce genre seulement, il est certain qu’ils ressemblent aux philandres des trois premieres especes par la forme de la tête, du museau, de la queue, des piés, &c. & par la façon de vivre : ces cinq especes sont le philandre du Brésil, le philandre d’Amérique, le philandre d’Afrique, le philandre de Sminam, le philandre à grosse tête, & le philandre à courte queue. Regn. anim. par M. Briffon.

PHILANTROPIE, s. f. (Moral.) la philantropie est une vertu douce, patiente, & désintéressée, qui supporte le mal sans l’approuver. Elle se sert de la connoissance de sa propre foiblesse, pour compatir à celle d’autrui. Elle ne demande que le bien de l’humanité, & ne se lasse jamais dans cette bonté désintéressée ; elle imite les dieux qui n’ont aucun besoin d’encens ni de victimes. Il y a deux manieres de s’attacher aux hommes ; la premiere est de s’en faire aimer par ses vertus, pour employer leur confiance à les rendre bons, & cette philantropie est toute divine. La seconde maniere est de se donner à eux par l’artifice de la flatterie pour leur plaire, les captiver & les gouverner. Dans cette derniere pratique, si commune chez les peuples polis, ce n’est pas les hommes qu’on aime, c’est soi-même. (D. J.)

PHILARMONICI, (Hist. littér.) c’est le nom que prend une société littéraire établie à Vérone en Italie, en 1543. Elle a quatre présidens ou directeurs, que l’on nomme peres. Cette académie embrasse tous les objets des sciences. Elle s’assemble dans un édifice dans lequel on voit plusieurs salles dont est ornée de portraits des principaux membres de la société, avec cette inscription anno MDXLIII. cœtus philharmonicus academicas leges sancit, ac musis omnibus litat.

PHILAUTIE, s. f. (Morale.) c’est ce que l’on entend dans les écoles par l’amour de soi-même, qui est une affection vicieuse, & une complaisance démesurée pour sa propre personne.

Ce mot est formé du grec φίλος, amicus, ami, & αὐτὸς, ipse, soi-même. Voyez Amour-propre.

PHILELIE, s. f. (Belles lettres.) chanson des anciens Grecs en l’honneur d’Apollon. La philelie, dit Athenée, liv. XIV. ch. iij. étoit une chanson à l’honneur d’Apollon, comme l’enseigne Telesilla. Elle fut ainsi appellée, observe Casaubon, du refrein propre à cette chanson, ἔξεχ’ ἔξεχε, ὦ φίλ’ ἥλιε, levez-vous,

levez-vous charmant soleil ; le nom seul de cette chanson peut terminer la question par laquelle on a quelquefois proposé, si le soleil est dans l’ancienne fable le même qu’Apollon. Mém. de l’acad. des Bell. lettr. tom. IX. p. 355.

PHILÉTÆRE, s. m. (Antiq. grecq.) les Philétoeres formoient une société de plusieurs personnes qui avoient une espece de magistrature à Cyzique ; mais on ignore en quoi consistoient leurs fonctions. On connoît plusieurs monnoies des rois de Pergame sur lesquelles on lit le nom de Philétære, Φιλέταιρον, autour de différentes têtes ; mais ces monnoies n’ont aucun rapport à la société de Cyzique. Elles tirent leur nom de Philétære premier roi de Pergame ; & cependant comme il seroit bien singulier que ces monnoies fussent toutes de ce prince, quelques antiquaires croient que ces successeurs prirent le même nom sur leurs monnoies, comme les rois d’Egypte adopterent le nom du premier Ptolomée. Voyez les antiq. de M. de Caylus.

PHILÆTÉRIENNE, adj. (Botan. anc.) épithéte donnée par les anciens botanistes à une plante qui avoit quelque ressemblance avec la rue. Pline en fait mention, & le P. Hardouin dans ses notes, pense que cette dénomination lui a été donnée par rapport à Philæteres, roi de Cappadoce : elle pourroit également avoir reçu son nom de Philæterus, roi de Pergame ; mais le principal seroit de connoître la plante même. (D. J.)

PHILIADES, (Géog. anc.) Philiadæ, bourgade de l’Attique. Elle prenoit son nom de Philæus, fils d’Ajax, & étoit la patrie de Pisistrate. On lit aujourd’hui à Athènes, au rapport de M. Spon, liste de l’Attique, l’inscription suivante : Αηγηις ανδρων ενικα Ευαγιδης Κτησιου Φιλιδης εχορηγει Λυσιμαχιδης Επιδαμνιος ηυλει Χαριλαος Λοκρος εδιδασκε Ευθυκριτος ηρχεν, c’est-à-dire, « la tribu Ægéïde des hommes a eu la victoire ; Evagides, fils de Ctésias de Philiadoé, a présidé aux jeux ; Lysimachidès Epidamnien a eu soin de la musique ; Charilaüs Locrien a récité ; Euthycritus a été archonte ». (D. J.)

PHILIPPE, (Médailles.) médaille & monnoie de Philippe, roi de Macédoine. On donne sur-tout ce nom aux monnoies d’or & d’argent de ce prince. Les philippes d’or étoient célebres dans l’antiquité, parce que c’étoit une fort belle monnoie & d’excellent or. Snellius, dans son livre de re nummariâ, parle d’un philippe qui pesoit 179 grains d’Hollande. Il y en a parmi les médailles du roi qui pesent 158 grains, & nos grains sont plus pesans que ceux de Hollande, dont Snellius se servoit ; les 179 grains d’Hollande reviennent à 160 de France, & à 154 d’Angleterre. Il y a aussi des philippes d’argent & des philippes de bronze. (D. J.)

Philippe, saint, (Géog. mod.) forteresse de l’île de Minorque, au-dessus de Port-Mahon, sur un rocher près de la côte. Les rois d’Espagne l’avoient fait bâtir dans le siecle dernier pour la défense de cette île, dont les Anglois s’emparerent en 1708 ; les François leur ont enlevé le fort & l’île en 1757, mais la paix leur rendra cette île.

Philippe, (Monnoie.) ou philippus, monnoie d’or de Flandres, d’un titre assez bas. On la nomme rider en Allemand.

Il y a eu aussi des philippus d’argent qui pesent près de six deniers plus que les écus de France, de neuf au marc, mais qui ne prennent de fin que neuf deniers vingt grains.

Les philippus d’Espagne, qui ont eu un grand cours en plusieurs villes d’Allemagne, où on les appelloit philippe-thaler, particulierement à Francfort & à Nuremberg, s’y recevoient sur le pié de cent creutzers communs, ou de 82 creutzers de change : c’est ordinairement sur cette espece de monnoie que se rédui-