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inflammable. Il se conserve fort bien sur l’eau dans ces puits, dont nous venons de parler, au lieu que dans des vaisseaux bouchés, il ronge les bouchons dont on se sert ordinairement, il s’évapore en grande partie.

Origine du pétrol. Il nous manque encore beaucoup d’observations sur le pétrol, sur sa nature & sur son origine ; cependant on peut conjecturer avec assez de vraissemblance, qu’il est l’ouvrage des feux souterreins qui élevent ou subliment les parties les plus subtiles de certaines matieres bitumineuses qui se rencontrent dans des terroirs particuliers. Ces parties se condensent en liqueur par le froid des voûtes des rochers où elles s’amassent, & coulent par les fentes ou les ouvertures que la disposition du terrein leur fournit.

Examen du prétendu pétrol d’Angleterre. Quelques anglois ont mis au rang des pétrols une substance bitumineuse qu’on tire dans leur pays par art, d’une pierre noirâtre qui se trouve dans les mines de charbon. Voici ce que c’est.

A Brosely, Bentley, Pitchfort & autres lieux voisins dans la Shropshire, on trouve sur la plûpart des mines de charbon, une couche assez épaisse d’un rocher, ou pierre noirâtre, laquelle est poreuse, & contient une grande quantité de matiere bitumineuse.

On transporte cette pierre dans l’attelier où on la moud avec des moulins à cheval, semblables à ceux dont on se sert pour briser les cailloux dont on fait le verre. On jette cette poudre dans de grands chaudrons pleins d’eau, & on l’y fait bouillir, de façon que la matiere bitumineuse se sépare du gravier, ce dernier se précipitant au fond, & l’autre nageant sur la surface de l’eau.

Cette substance bitumineuse étant recueillie & évaporée, acquiert la consistance de la poix ; & à l’aide de l’huile distillée de la même pierre, que l’on mêle avec elle ; elle devient aussi liquide que le goudron. On n’en tire d’autre utilité que pour le radoub des vaisseaux ; & comme elle n’éclate point, & qu’elle se conserve noire & molle, elle peut être propre à empêcher les vers de s’y mettre.

On tire de semblable pétrol par la distillation de certaines terres & pierres bitumineuses que l’on rencontre en Allemagne & en France.

Choix à faire dans les divers pétrols d’Italie. Il résulte de tout ce que nous avons dit jusqu’ici, que l’huile de pétrol d’Italie est la seule bonne. On estime le pétrol qui est récent, clair, léger, très-inflammable, d’une odeur forte & pénétrante, approchant de celle du soufre. On ne peut le contrefaire, & il ne souffre aucun mélange. Ceux qui en font commerce doivent user de grandes précautions contre le feu, parce qu’il s’enflamme du moins aussi aisément que la poudre à canon.

Le pétrol jaune est le plus estimé après le blanc, ensuite vient le roux, ensuite le verd ; le noirâtre est regardé comme trop grossier, c’est le moindre de tous.

Usage qu’on tire des pétrols. On a coutume de se servir en quelques endroits d’Italie des pétrols grossiers pour s’éclairer à la place d’huile ; il s’en emploie aussi une assez grande quantité par les maréchaux & par ceux qui font des feux d’artifice. Les Persans, au rapport de Kempfer, ne tirent à-présent d’autre usage de leur pétrol que pour délayer leurs vernis.

Dioscoride faisoit grand cas du naphte de Babylone dans plusieurs maladies. Il lui attribue un grand nombre de vertus médicinales très-importantes, qui néanmoins ne nous intéressent point, puisque nous ne connoissons plus ce pétrol. D’ailleurs, on ne peut guere être prévenu en faveur du jugement de Dioscoride, quand on voit qu’il vante le naphte de Ba-

bylone pour l’appliquer sur les yeux afin d’en dissiper

les fluxions & les taies.

Les Italiens sont mieux fondés à regarder leurs pétrols comme un remede fort pénétrant, incisif, balsamique, propre dans quelques maladies chroniques, & plus encore employé extérieurement, pour fortifier les nerfs des parties affoiblies, donner du jeu & du ressort aux fibres relâchées. Dans ce dernier cas, l’on peut avec succès lui substituer en Languedoc, le pétrol de Gabian.

Je sai tous les éloges que Koenig, Ettmuller, Schroeder, Boecler & quelques autres auteurs allemans donnent à l’huile de pétrol : je sai combien ils la vantent dans la suppression des regles, l’affection hystérique, la fievre quarte, le mal de dents, les vers, les douleurs néphrétiques, &c. Mais que de telles ordonnances ressemblent bien à celles des bonnes femmes, ou des gens du monde qui parlent médecine sans y rien entendre, puisque toutes ces maladies provenant de différentes causes, demandent nécessairement des remedes diversifiés, & opposés aux causes du mal ! Dans les cas mêmes où l’huile de pétrol pourroit convenir, on a de beaucoup meilleurs remedes à employer. De plus, il faut avouer que si l’on devoit compter sur quelques observations véritables des vertus du pétrol, ce ne pourroit être qu’en conséquence d’expériences répétées par d’habiles médecins sur les habitans des pays qui produit ce bitume liquide ; je veux dire dans le duché de Modene, ou de Plaisance. Par-tout ailleurs on ne peut guere prescrire l’huile du pétrol avec confiance par rapport à ses effets. Cette huile perd toute sa vertu subtile par le transport. Nos apothicaires & nos droguistes les plus curieux n’en ont jamais de pure, parce qu’on la leur envoie falsifiée sur les lieux même. Je ne parle pas des autres falsifications qu’y font les détailleurs.

Concluons qu’il faut presque nous passer sans regret de l’huile de pétrol pour la Médecine, nous réduire à ses usages pour quelques arts, & à la considération spéculative de son origine, & des qualités particulieres qui la distinguent de toutes les huiles végétales & artificielles.

Auteurs sur le pétrol. Vossius a écrit une savante dissertation sur le naphte ancien & moderne ; mais c’est Jacobus Oligerus qui a le premier publié en 1690, à Copenhague, la brochure du médecin François Arioste sur le pétrol de Modène, de oleo montis Zibisiti, seu petrolo agri Matinensis ; Ramazzini l’a redonnée plus correcte & plus étendue. Elle est dans le recueil de ses œuvres. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PETRO-PHARYNGIEN, s. m. en Anatomie, nom d’une paire de muscles du pharynx. Ils viennent de la partie inférieure de l’extrémité de l’apophyse pierreuse de l’os des tempes.

PETRO-SALPINGO-STAPHYLIN, s. m. en Anatomie, nom de deux muscles de la luette. Voyez Salpingo-staphylin.

PETROSILEX, (Hist. nat. Lithologie.) nom générique que M. Wallerius donne à une pierre de la nature du jaspe ou du caillou, sans cependant avoir tout-à-fait sa dureté, & sans faire feu aussi vivement que lui lorsqu’on le frappe avec le caillou ; on le trouve par lits & par couches suivies : pour le vitrifier il faut un feu très-violent. C’est une roche silicée, ou de la nature du caillou, mais qui n’est point en morceaux ou en masses détachées comme lui, le jaspe en est une variété. Voyez la Minéralogie de Walerius, tome I. pag. 176.

PETTALORINCHYTES ou PETTALORUNCHYTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) fanatiques qui mettoient leur second doigt dans leur nez en priant, prétendant par ce geste symbolique se constituer les juges du monde. Leur nom vient de peptales, pieu, & runchos, nez.