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Une infinité d’exemples nous prouvent que la terre renferme des pétrifications de cette espece, elles portent si distinctement la forme du corps animal ou végétal qu’elles étoient originairement, qu’il est impossible de s’y tromper ; c’est ainsi que nous avons un grand nombre de bois pétrifiés. En Franche-Comté, près de Salins, on à trouvé une assez grande quantité de noix & de noisettes entierement changées en pierre. On a trouvé aussi des châtaignes, des pommes de pin, & d’autres fruits semblables véritablement pétrifiés ; mais il faut convenir que l’on voit souvent dans les collections des curieux des pierres que l’on veut faire passer pour des pétrifications, & qui ne sont réellement redevables de leur figure qu’à des effets du hasard.

Quelques naturalistes ont été très-curieux de savoir combien la nature employoit de tems à la pétrification, ils ont cru que cela pourroit faire connoître l’antiquité de notre globe. L’empereur François I. actuellement regnant, dont le goût pour l’histoire naturelle est connu de tout le monde, fit tirer du Danube un pilotis qui avoit servi à un pont que Trajan a fait bâtir sur ce fleuve en Servie. Ce pilotis étoit pétrifié tout autour à-peu-près d’un travers de doigt d’épaisseur. Il paroit que cette voie seroit très-peu sure pour nous faire découvrir l’âge du monde, vû que certaines eaux sont plus chargées que d’autres de molécules lapidifiques, certains terreins peuvent être plus propres que d’autres à la pétrification, & quelques substances peuvent être plus disposées que d’autres à recevoir les sucs pétrifians ; nous en avons un exemple dans le lac d’Irlande, que l’on nomme Lough-neagh. Voyez cet article. (—)

PÉTRIN, s. m. (Boulang.) est une espece de coffre dans lequel on pétrit le pain. Il est fermé d’un couvercle qu’on appelle tour, parce qu’il sert à tourner le pain, & qui est environné tout autour, excepté sur le devant, d’une bordure de planche haute d’environ trois pouces, qui va toujours en rétrécissant sur les côtés jusqu’à la hauteur du devant. Voyez la fig. Pl. du Boulanger.

PÉTRINAL ou POITRINAL, s. m. (Art. milit.) étoit, selon Nicot, une espece d’arquebuse plus courte que le mousquet, mais de plus gros calibre, qui à cause de sa pesanteur étoit attaché à un large baudrier pendant en écharpe de l’épaule, & couché sur la poitrine de celui qui le portoit. On appelloit poitrinatier l’homme de guerre qui se servoit du poitrinal dans le combat. Il est fait mention de cette arme dans une relation du siége de Rouen par Henri IV. en 1592 ; il y a long-tems qu’elle n’est plus en usage. (Q)

PETRINIA, (Géog. mod.) petite ville de la Croatie, sur la riviere de Pétrinia, qui se jette dans le Kulpe : elle appartient à la maison d’Autriche, a été bâtie en 1592, & est à sept lieues E. de Carlestadt. Long. 34. 15. lat. 45. 46. (D. J.)

PETRINUM SINUESSANUM, (Géogr. anc.) lieu d’Italie, dans la Campànie. Horace, l. I. epist. v. v. 5. en fait mention. Il promet à Torquatus du vin qui croissoit entre Minturne & Sinuesse, dans le lieu qu’il appelle Petrinum Sinuessanum : c’étoit vraissemblablement une montagne qui commandoit la ville de Sinuesse, & où il y a maintenant un bourg avec un petit fort, qu’on nomme Rocca di monté Ragoné, où l’on cueilloit autrefois un des meilleurs vins de l’Italie.

PÉTROCORES, les, (Géogr. anc.) Petrocorii, peuples de la Gaule, dont Jules-César fait mention parmi les Celtes, & qu’Auguste comprit dans l’Aquitaine. Ils habitoient les pays que renferment les diocèses de Périgueux & de Sarlat ; car Sarlat a été tiré de l’ancien diocèse de Périgueux ; le nom moderne de ces peuples est corrompu de l’ancien : on les ap-

pelle présentement Périgourdins ; le pays se nomme Périgord, & leur capitale Périgueux.

PETROMANTALUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule lyonnoise. L’itinéraire d’Amonin la met sur la route de Cæsaromagas (Beauvais), à Lutetia. Il marque de Petromantalum à Briva Isaræ (Pontoise), quatorze lieues gauloises, ainsi, selon M. l’abbé Bel ley, Mém. des Inscr. tom. XIX. in-4o. c’est peut-être Magny. M. de Valois croit qu’il faut placer Petromantalum à Mante ; mais on a de la peine a croire que la grande route de Beauvais à Paris eût descendu jusqu’à Mante, pour passer ensuite à Briva Isaræ (Pontoise) : cependant si les différentes distance de l’Itinéraire convenoient à Mante, l’opinion de M. de Valois seroit plus que probable. (D. J.)

PÉTRIR, (Boulang.) c’est mêler l’eau, le levain & la farine, & former à bras ou autrement la pâte à faire le pain. L’avantage principal de pétrir consiste à distribuer également l’air, l’eau & le levain dans tout le corps de la pâte, afin que la fermentation s’établisse par-tout, en même tems, & également dans la masse. En conséquence plus le pain est pétri, meilleur il est, plus il y a d’yeux. Les yeux du pain sont-ils formés par l’eau mise en expansion par l’action du feu, tandis que le pain cuit, ou par la dilatation de l’air enferme dans la pâte, en le pétrissant ? c’est ce qui n’est pas encore déterminé. Il est sûr que le pain mal pétri est lourd, mal-sain, & sans yeux. Quant à ces bulles qu’on voit se former à la pâte tout en la pétrissant, je me trompe fort, ou c’est l’effet d’un commencement de fermentation, dans lequel une portion d’air se sépare, comme il arrive dans toute autre fermentation, dans un fluide même où l’on voit des bulles se former. Or ces bulles sont, toutes choses égales d’ailleurs, le phénomène même des yeux formes dans la pâte & pendant qu’on la pétrit, & quand elle cuit au four.

PETROBRUSIENS, s. m. pl. (Hist écclés.) secte d’hérétiques qui parurent en France vers l’an 1120, & qui prirent ce nom de leur chef Pierre de Bruys, provençal.

Un moine nommé Henri se mit aussi à leur tête, ce qui leur fit donner le nom d’Henriciens. Voyez Henriciens.

Pierre le vénérable abbé de Cluny a fait un traité contre les Petrobrusiens, dans la préface duquel il réduit leurs erreurs à cinq chefs principaux. 1°. Ils nioient que le baptême fut nécessaire ni même utile aux enfans avant l’âge de raison, parce que, disoient-ils, c’est notre propre foi actuelle qui nous sauve par le baptême. 2°. Qu’on ne devoit point bâtir d’églises, mais au contraire les détruire, les prieres étant selon eux aussi bonnes dans une hôtellerie que dans un temple, & dans une étable que sur un autel. 3°. Qu’il falloit bruler toutes les croix, parce que les chrétiens devoient avoir en horreur tous les instrumens de la passion de Jesus-Christ leur chef. 4°. Que Jesus-Christ n’est pas réellement présent dans l’Eucharistie. 5°. Que les sacrifices, les aumônes & les prieres, ne servent de rien aux morts.

On les a aussi accusés de manichéisme, & ce n’est pas à tort, car il est prouvé qu’ils admettoient deux principes comme les anciens manichéens, il l’est par Roger de Hoveden dans ses annales d’Angleterre, qu’à l’exemple de ces hérétiques, les Petrobrusiens ne recevoient ni la loi de Moise, ni les prophetes ni les Pseaumes, ni l’ancien Testament, & par Radulphe Ardens, auteur du xj. siecle, qui rapporte que les hérétiques d’Agenois se vantent de mener la vie des apôtres, disent qu’ils ne mentent point & ne jurent point, condamnent l’usage des viandes & du mariage, rejettent l’ancien Testament & une partie du nouveau, & ce qui est de plus terrible admettent deux créateurs, disent que le sacrement de l’autel n’est