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Construction du peson. Il est composé d’un rayon de fer AB (Planch. de Méchanique, fig. 35), sur lequel on prend un point à discrétion, comme C. d’où on éleve la perpendiculaire CD. A la branche la plus courte AC, est suspendu un plateau G pour recevoir les corps qu’on veut peser ; le poids I peut parcourir les differens points de la branche CB, & on l’éloigne du point C, jusqu’à ce qu’il soit en équilibre avec le poids qu’on a mis dans le plateau G. On connoît que c’est le poids mis dans ce plateau, par l’endroit où le poids I se trouve sur le bras CB ; par exemple si le poids I est d’une livre, & qu’il se trouve au point de division 6 en équilibre avec le poids qui est dans le plateau, on en conclut que le dernier poids est de six livres, & ainsi du reste, Voyez Levier & Puissances méchaniques.

Par la construction du peson, on voit aisément quelle est la maniere de s’en servir : & on peut remarquer que le peson est d’un usage commode, en ce que n’ayant besoin que d’un seul poids qui n’est pas considérable, il est très-portatif en petit ; & quand on l’emploie en grand sur des masses qui sont très-pesantes, & qu’on ne peut pas diviser, on est dispensé d’avoir un grand nombre de poids difficiles à rassembler, & le point fixe en est beaucoup moins chargé ; mais il faut observer aussi que cet instrument ne peut pas servir à peser exactement de petites quantités, parce qu’il n’est point assez mobile, ce qui vient principalement de ce qu’un de ses bras est fort court. Voyez Romaine.

Peson a contrepoids, (Balance.) c’est une espece de balance qui sert à peser diverses fortes de marchandises. On l’appelle aussi crochet, ou balance romaine.

Peson a ressort, s. m. (Méchan.) sorte de machine assez ingénieuse, dont on se sert pour peser certaines especes de marchandises, comme le foin, la paille, le fil, la filasse, la chair, &c.

Ce sont les petits marchands qui vont aux foires, les étapiers, les fouriers & les vivandiers d’armée, qui se servent plus ordinairement du peson à ressort.

Il y en a de différentes grandeurs pour peser, depuis une livre jusqu’à cinquante. Les premiers qui parurent à Paris, furent apportés de Besançon ; ce qui a donné lieu à quelques-uns de croire, que c’est à cette ville que l’on a l’obligation de l’invention de cette machine. Cependant bien des gens veulent qu’elle vienne d’Allemagne.

Le peson à ressort est composé de plusieurs pieces.

1°. D’un anneau qui sert à le suspendre en l’air.

2°. D’une même branche presque carrée, ordinairement de cuivre, & quelquefois de fer ou de buis, sur l’un des faces de laquelle sont marquées les différentes divisions des poids ; c’est au haut de cette branche que l’anneau est attaché par une S.

3°. D’un ressort de fil d’acier en forme de tire-boure, arrêté au bas de la branche par un écrou, la branche passant de haut en embas au-travers du ressort.

4°. D’une boëte ou canon de figure cylindrique, qui renferme la branche & le ressort.

Enfin d’un crochet attaché par une S au bas de la boëte, qui sert à accrocher la marchandise que l’on veut peser.

Pour se servir de peson à ressort, il faut le tenir par l’anneau suspendu en l’air perpendiculairement ; ce qui fait que le poids de la marchandise tirant le crochet en-embas, resserre le ressort : de forte que la branche sortant par le haut de la boëte, à proportion du poids, l’on découvre les divisions qui y sont marquées par des rayes & des chiffres, ce qui dénote la pesanteur de la marchandise.

Ce peson, quoiqu’assez industrieusement fait, & assez commode en apparence, n’est cependant pas si

juste que le peson à contre-poids ou romaine. Le défaut de justesse provient de ce que le ressort est sujet à se relâcher & à s’affoiblir par son trop grand usage.

Les Chinois se servent aussi d’une espece de peson, qui ressemble assez à la balance romaine. On en peut voir la description à l’article de la balance. Voyez les Pl. du Balancier. Dict. du Comm. (D. J.)

Peson a tiers point, est composé, 1°. d’un ressort d’acier rond à ressort à chien : 2°. deux tirans ceintrés sur le champ, dont celui qui a un anneau pour passer le pouce & le tenir, & qui passe par l’ouverture de l’extrémité du ressort, & qui est arrêté sur l’autre extrémité : 3°. & le second sur lequel sont gravés les chiffres qui marquent le poids, & arrête à la partie supérieure du ressort, & passe à-travers de l’inférieure. 4°. Au bout est le crochet. Voyez les fig. Pl. du Balancier.

PESSAIRE, s. m. (Chirurgie.) Moyen dont on se sert en Chirurgie pour retenir la matrice dans sa situation naturelle. On les fait ordinairement avec du liege, en maniere d’anneau rond ou ovale, qu’on trempe dans de la cire fondue pour en remplir les pores, & faire un enduit qui le préserve de pourriture. Voyez les fig. 6, 7, 8 & 9, Pl. VII. Quelques auteurs conseillent l’usage des pessaires d’argent en forme de tuyau, dont la partie supérieure soit terminée par un petit godet percé, pour soutenir l’orifice de la matrice. Mais on a observé que les humeurs du vagin alterent l’argent, & forment aux pessaires faits de cette matiere, des trous dans lesquels les chairs excoriées par les inégalités de ces trous s’engagent, ce qui produit des ulceres. Les personnes riches peuvent se servir des pessaires d’or ; car on a remarqué que les humeurs du vagin n’alterent point ce métal. Ceux d’ivoire sont plus convenables encore, & à l’abri de toute espece d’altération.

Les pessaires en anneau ne conviennent point dans tous les cas. On trouve dans le premier volume des mémoires de l’acad. de Chirurgie, un mémoire de M. de Garengeot sur plusieurs hernies singulieres, dans lequel on lit une observation d’une hernie intestinale par le vagin. L’auteur voulut la contenir par un pessaire ovalaire, qui ne réussit que la premiere journée. Le lendemain la malade sentit de vives douleurs, avec un tiraillement considérable à l’estomac, & des vomissemens qui ne cesserent que par la soustraction du pessaire : il étrangloit conjointement avec le pubis une portion d’intestin qui s’étoit glissée entre deux. On réduisit l’hernie, & on appliqua un autre pessaire d’une grosseur convenable, auquel on donna la figure d’un bondon. Il étoit percé dans son milieu, & étoit armé de deux cordons pour pouvoir être retiré facilement, afin de le changer au besoin.

Saviard rapporte plusieurs observations sur les descentes de matrice, & parle dans son observation xiij. d’une matrice si grosse, qu’elle ne pouvoit être retenue par les pessaires ordinaires. Il en fit faire un d’acier, attaché à une ceinture par le moyen d’un ressort qui se recourboit jusque dans la vulve, à l’extrémité duquel il y avoit un petit écusson qui retenoit la matrice dans son lieu naturel.

La fig. 10 représente un pessaire élastique formé par un ressort d’acier tourné en spirale. On revêt cet instrument d’une toile cirée. Les anciens se servoient de pessaires médicamenteux pour provoquer le flux menstruel, pour arrêter le flux immodéré des regles, & contre la maladie qu’ils appelloient suffocation de matrice. Mais la connoissance plus exacte de la nature des parties lésées, & du caractere des maladies, a fait rejetter de la pratique ces moyens inutiles. (Y)

PESSE, s. f. (Botan.) nom vulgaire de l’espece de sapin que Tournefort appelle abies tenuiore folio,