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faire de petites pallissades en les soutenant avec du treillage. On les laisse aussi grimper contre la tige des gros arbres pour les garnir de verdure ; & comme ces arbrisseaux aiment l’ombre, la fraîcheur, l’exposition du nord, & qu’ils viennent à souhait dans les endroits serrés & couverts d’arbres, nulle autre plante ne pourroit réussir, il n’est pas douteux qu’on en peut tirer du service pour completer l’arrangement d’un grand jardin. Cette plante a d’ailleurs des propriétés intéressantes ; on en fait usage en médecine à plusieurs égards.

Les pervenches portent rarement des graines, mais elles se multiplient si aisément d’elles-mêmes qu’il ne faut pas y avoir de regret. Cependant on peut les amener à la fructification en les tenant en pot avec peu de terre au grand air.

On connoit plusieurs variétés de ces arbrisseaux : voici les principales.

1. La pervenche à fleur bleue, c’est la plus commune.

2. La pervenche à fleur blanche.

3. La pervenche à fleur rougeâtre.

4. La pervenche à fleur bleue, double.

5. La pervenche à fleur bleue, double & d’un pourpre foncé.

6. La pervenche à fleur double, variée de plusieurs couleurs.

7. La pervenche à feuilles panachées de blanc.

8. La grande pervenche à fleur bleue ; cet arbrisseau est plus grand que les précédens dans toutes ses parties. Sa verdure est très-brillante, ses fleurs sont d’un bleu vif de belle couleur. Elles paroissent de très-bonne heure au printems, & elles se succedent pendant plus de quatre mois. On a vu cette plante s’élever jusqu’à douze piés en deux ans. Elle est extrémement convenable pour garnir des murs exposés au nord.

9. La grande pervenche à fleur blanche.

10. La grande pervenche à feuilles panachées.

11. La pervenche de Madagascar. C’est un arbrisseau précieux & charmant, qui ne s’éleve qu’à douze ou quinze pouces. Sa fleur ressemble à celle du laurier-rose, qu’elle surpasse en vivacité, en beauté & en durée. Elle fleurit constamment pendant plus de six mois. Le grand soleil anime ses fleurs au lieu de les altérer & de les faire passer. Cette plante est délicate ; il faut la traiter comme les mirtes & la multiplier de semence.

Pervenche, (Mat. méd.) petite ou commune, à feuilles étroites, petit pucelage, violette des sorciers, grande pervenche, pervenche à larges feuilles, grand pucelage.

On emploie indifféremment les deux especes de pervenche qui possedent les mêmes vertus.

La pervenche est comptée parmi les vulnéraires astringens les plus usités. On ordonne intérieurement son infusion contre les pertes de sang ou flux immodéré des menstrues, contre le crachement de sang, & les autres hémorrhagies des parties internes. On donne aussi dans ces cas & dans la phthisie & la dyssenterie le lait coupé avec la décoction ou infusion de ses feuilles.

PERVERS, PERVERTIR, PERVERSION, PERVERSITÉ, (Gramm.) tous ces mots sont relatifs à la corruption de l’esprit ou du cœur, & ils en marquent le dernier degré. Il est difficile de conserver la pureté des mœurs, l’honnêteté, la droiture, la rigoureuse probité, en vivant avec des hommes pervers, & malheureusement la société en est pleine. Le luxe pervertit bien des femmes.

PÉRUGIN, le, ou le PEROUSIN, (Géog. mod.) territoire d’Italie dans l’état de l’Eglise, & auquel la ville de Pérouse, qui en est la capitale, donne son nom. Il est borné au nord par le duché d’Urbin, à

l’orient par l’Umbrie, au midi par l’Orviétan, & à l’occident par la Toscane. La plus grande étendue de ce pays du septentrion au midi, ne passe pas vingt-huit milles ; & on ne lui en donne pas plus de trente du levant au couchant. Le Tibre le coupe du nord-nord-ouest au sud. (D. J.)

PERVIGILIA, (Ant. rom.) nom donné aux fêtes nocturnes qu’on célébroit en l’honneur de différentes divinités, comme Cérès, Vénus, la Fortune, &c. on les nommoit pervigilia, parce que toutes les nuits de ces fêtes s’employoient à veiller.

PERUSIA, (Géog. anc.) aujourd’hui Pérouse, voyez Pérouse.

Eutrope la nomme Perusium, ville d’Italie dans la Toscane ; elle étoit fort peuplée, & Tite-Live, l. X. ch. xxxvij. l’estime une des trois plus fortes villes de l’Etrurie ; son nom moderne est en italien Perugia. On doit mettre dans les fastes d’Auguste le saccagement de cette ville, & la mort inhumaine de ses trois cens sénateurs ; ce fait peut servir à tracer son portrait, que nous donnerons avec celui d’Antoine & de Lépide, au mot Triumvirat.

PÉRUVIENNE, (Manufact. de soie.) péruvienne à boutons ou à ligatures.

L’étoffe appellée péruvienne est composée de deux chaînes de différentes couleurs contenant 40 portées doubles ou simples chacune suivant la quantité que le fabriquant veut donner à l’étoffe.

L’on fabrique cette étoffe sans qu’il soit besoin du secours des lisses-marches, &c. le corps ou les ligatures suffisent pour cette opération.

On donne le nom de ligatures à des lisses dont la maille contient une petite boucle, laquelle empêche le fil de lever ou baisser, si ce n’est lorsque la ligature leve ou baisse ; les mailles à boucle ou ligatures sont semblables à celles des lisses dont on se sert dans tous les métiers de la draperie & de la toilerie.

Les desseins pour la péruvienne sont très-petits ; cette étoffe est aussi propre pour habit d’homme que pour habit de femme ; l’endroit de l’étoffe se fait ordinairement dessus, la navette y fait la figure comme dans la prussienne, avec cette différence, que comme il n’y a point de lisses pour faire le fond ou corps de l’étoffe, quand le tireur ou tireuse a tiré le lac qui doit faire la figure, & que la navette qui doit figurer est passée, il faut à la seconde navette tirer tout ce qui a été laissé au premier coup, & c’est précisément ce qui lie les deux chaînes : on expliquera plus amplement cette façon de travailler quand on aura donné celle de lire le dessein sur les ligatures.

La quantité de ligatures n’est point fixée pour la péruvienne, elle doit être proportionnelle à la longueur & à la largeur du dessein ; mais sur-tout à la largeur. Par exemple, un dessein qui portera en largeur cinq dixaines de 8 en 10, qui composent 40 cordes, se travaillera avec 40 ligatures pour une des deux chaînes, & 40 pour l’autre, ce qui fera en tout 80 ligatures. Ces 80 ligatures doivent produire le même effet que 1600 mailles de corps, attendu que chacune de ces ligatures doit contenir 20 mailles ou boucles. Chaque boucle de la ligature doit contenir quatre fils doubles de la chaîne pour la réduction ordinaire, de façon que 40 ligatures contiennent, à 20 mailles ou boucles chacune, 3200 fils ; nombre complet d’une chaîne de 40 portées doubles. Les 40 autres ligatures étant destinées pour la seconde chaîne, il n’est pas besoin de dire que chaque ligature, en la supposant de 20 mailles ou boucles, doit être distribuée de façon que les 20 mailles doivent porter la largeur de l’étoffe, conséquemment faites & placées à jour ou à une distance égale, afin qu’elles puissent se trouver précisément placées à la rencontre de chaque fil de chaîne sans être portées à droite ni à gauche du fil.

Comme les lisserons dans les étoffes ordinaires por-