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liée. Ses feuilles sont disposées alternativement, longues & pointues, plus larges & plus amples que celles de la persicaire âcre : elles sont lisses, marquées quelquefois au milieu d’une tache noirâtre ou de couleur plombée, faite en forme de croissant, & quelquefois sans tache.

Ses fleurs naissent aux extrémités des tiges en forme de gros épis, elles sont petites & attachées à de longs pédicules ; chacune de ces fleurs est de monopétale, fendue en cinq parties, à six étamines de couleur ordinairement purpurine, quelquefois blanchâtre. Lorsque les feuilles sont tombées, il leur succede des semences applaties, faites en ovale pointue, lisses & noirâtres ; la racine est grêle & toute fibreuse.

Cette plante a une saveur un peu acide, elle vient aux lieux humides, sur le bord des étangs & des fossés, & fleurit au mois de Juillet ; ses feuilles sont estimées rafraichissantes.

La persicaire âcre ou brûlante, nommée vulgairement curage, persicaria urens, seu hydropiper, I. R.H. 509. pousse plusieurs tiges semblables à celle de la persicaire douce ; les feuilles ressemblent aux feuilles du pêcher, ce qui lui a fait donner le nom de persicaria, mais elles ne sont point tachetées, & leur saveur est presque aussi brûlante que celle du poivre, les fleurs sont un peu plus pâles que celles de l’espece précédente, mais elles produisent les mêmes semences ; toute la plante est d’un goût poivré, âcre & mordicant, elle est annuelle.

On trouvera dans les Mémoires de l’acad. des Sciences, année 1703, la description donnée par Tournefort de la persicaire du levant, qu’il nomme persicaria orientalis, nicotianæ folio, calice florum purpureo ; c’est la plus grande & la plus belle espece de persicaire. (D. J.)

Persicaire, (Mat. méd.) persicaire douce, tachée ou ordinaire.

Tournefort assure dans les mémoires de l’académie royale des Sciences, année 1703, que cette plante est un des plus grands vulnéraires qu’il connoisse, & que sa décoction dans du vin arrête la gangrene d’une maniere surprenante. Cette vertu qui seroit bien précieuse, si elle étoit réelle, devroit être reconnue sur une aussi grande autorité que celle de Tournefort ; s’il y avoit en médecine des autorités qui pussent tenir lieu de l’observation répetée & constante. La persicaire n’est point employée dans les gangrenes malgré cet éloge de Tournefort, peut-être par une négligence blâmable des Médecins, peut-être aussi parce qu’on a éprouvé que son inefficacité, que ses qualités extérieures rendent très-vraisemblable, étoit aussi très-réelle.

La tisanne de cette plante est aussi recommandée dans la dyssenterie & dans les maladies de la peau.

Persicaire brulante, (Mat. méd.) piment ou poivre d’eau, curage.

Cette plante est regardée comme très-propre contre l’hydropisie, la jaunisse & les obstructions du bas ventre ; on peut donner ses feuilles à la dose d’une poignée en décoction dans l’eau simple ou dans un bouillon, mais sa saveur âcre & brulante empêche qu’on ne l’employe communément pour l’usage intérieur ; son application extérieure est plus commune, du moins plus praticable, car cette plante est en tout assez peu usitée ; ses feuilles étant écrasées & appliquées sur les parties actuellement affligées de la goutte, passent pour en soulager les douleurs ; on dit la même chose d’une petite tente formée avec ses feuilles & introduite dans le creux d’une dent qui cause de la douleur. On la vente encore comme rongeant les chairs baveuses des vieux ulceres, les détergeant & les disposant à la cicatrice, comme dissipant les enflures des jambes, &c.

Il est à peine utile de rapporter que la persicaire

brûlante a passé pour exercer ses vertus sur les parties internes en étant portée dans les souliers ; qu’étant appliquée sur la joue dans la douleur des dents, ou sur les plaies & sur les ulceres, tous ces maux disparoissent : dès qu’elle a été détruite par la putréfaction ou la combustion, quoique ce soient des Médecins de réputation qui aient imaginé ou adopté ces pauvretés, ce n’est qu’une anecdote toute commune de la crédulité ou de la charlatannerie médicale. (b)

PERSICUM MARE, (Géog. anc.) la mer Persique & la mer Rouge sont deux noms synonymes dans Hérodote, l. IV. n. 39, & dans Strabon, l. VI. La mer Rouge se prend néanmoins dans un sens bien plus étendu que la mer Persique. On a appellé autrefois mer Rouge ou mer Erythrée, cette partie de l’Océan indien qui mouille l’Arabie heureuse au midi, & qui forme deux grands golfes, l’un à l’orient de l’Arabie appellé le golfe Persique, & l’autre à l’occident nomme le golfe Arabique, qui retient encore à présent le nom de mer Rouge. (D. J.)

PERSICUS SINUS, (Géog. anc.) grand golfe d’Asie entre la Perse & l’Arabie, & qui communique à l’Océan indien ; Strabon, l. xvj. p. 765, dit que le golfe Persique est aussi appellé la mer Persique, & qu’on lui donnoit encore le nom de mer Rouge, parce qu’on entendoit par mer Rouge, non-seulement la partie de l’Océan indien, & qui mouille l’Arabie au midi, mais encore le golfe Persique & le golfe Arabique. Les Perses selon Pline l. VI. c. xxvj habiterent toujours le bord de la mer Rouge, ce qui fit qu’on donna le nom de golfe Persique à cette partie de la mer Rouge qui séparoit la Perse de l’Arabie. Plutarque in Lucullo appelle ce golfe mer Babylonienne. (D. J.).

PERSIENNES, s. f. (Gram. & Menuis.) jalousies ou chassis de bois qui s’ouvrent en dehors comme des contrevents, & sur lesquels sont assemblés à égale distance des tringles de bois en abat-jour qui font le même effet que les stors, rompent la lumiere & donnent entrée à l’air dans un appartement.

Persiennes, sortes de grilles de bois que l’on met aux fenêtres de l’étendoir des manufactures de papier ; elles sont composées d’une grille dormante, tant pleine que vuide, c’est-à-dire dont les barreaux ont autant de largeur que l’espace qu’ils laissent entr’eux, & d’une autre mobile qui peut glisser dans des coulisses pratiquées en haut & en bas de la fenêtre. Lorsque la persienne est ouverte, les barreaux de la grille mobile sont vis-à-vis de ceux de l’autre en cette sorte,  ; & lorsqu’elle est fermée, ils répondent vis-à-vis des intervalles que les premiers laissent entr’eux en cette maniere, . On est maître d’ouvrir plus ou moins cette grille, selon que les différens vents qui soufflent l’exigent ; c’est une des choses qui contribuent le plus à la blancheur du papier, que de le faire sécher à-propos.

Persienne, Soie, s. f. (Manufacture en soie.) La persienne ne differe du double fond qu’en ce qu’au lieu de 45 portées de poil, elle n’en contient que 22 & demie ; & au lieu de quatre lisses pour lever & quatre pour rabattre, elle n’en contient que deux pour l’un & deux pour l’autre. Le travail du reste est le même qu’au double fond.

PERSIL, apium, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur en rose & en ombelle, composée de plusieurs pétales égaux disposés en rond, & soutenus par un calice qui devient dans la suite un fruit composé de deux semences fort menues, qui sont relevées en bosse, striées d’un côté, & applaties de l’autre. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles sont divisées en aîles, ou qu’elles naissent sur