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Voici l’explication donnée sur la même matiere par M. Parent : le suc nourricier étant arrivé à l’extrémité d’une tige qui se leve, s’il s’évapore, le poids de l’air qui l’environne de tous côtés doit le faire monter verticalement ; & s’il ne s’évapore point, mais qu’il se congele & qu’il demeure fixé à l’extrémité d’où il soit prêt à sortir, le poids de l’air lui donnera encore la direction verticale ; de sorte que la tige acquerra une particule nouvelle placée verticalement : par la même raison que dans une chandelle placée obliquement, la flamme se leve verticalement en vertu de la pression de l’atmosphere, les nouvelles gouttes de suc nourricier qui viendront ensuite auront la même direction : & comme toutes ces gouttes réunies forment la tige, elles lui donneront une direction verticale, à moins que quelque cause particuliere n’en empêche.

A l’égard des branches, qui d’abord sont supposées sortir latéralement de la tige dans le premier embryon de la plante : quoiqu’elles aient par elles-mêmes une direction horisontale, elles doivent cependant se redresser par l’action continuée du suc nourricier, qui d’abord trouve peu de résistance dans les branches encore tendres & souples ; & qui ensuite, lorsque les branches sont devenues plus fortes, agit encore avec beaucoup plus d’avantage, parce qu’une branche plus longue donne un plus long bras de levier. L’action d’une petite goutte de suc nourricier, qui est en elle-même fort petite, devient plus considérable par sa continuité, & par le secours des circonstances favorables ; par-là on peut expliquer la situation & la direction constante des branches, qui font presque toutes & presque toujours le même angle constant de 45d. avec la tige & entre elles. Voyez Branche.

M. Astruc, pour expliquer la perpendicularité de la tige & son redressement, suppose ces deux principes : 1°. que le suc nourricier vient de la circonférence de la plante, & se termine vers la moëlle ; 2°. que les liquides qui sont dans des tuyaux paralleles ou inclinés à l’horison, pesent sur la partie inférieure de leurs tuyaux, & n’agissent point du tout sur la supérieure.

Il est aisé de conclure de ces deux principes, que lorsque les plantes sont dans une situation parallele ou inclinée à l’horison, le suc nourricier qui coule de leur racine vers leur tige, doit par son propre poids tomber dans les tuyaux de la partie inférieure, & s’y ramasser en plus grande quantité que dans ceux de la partie supérieure ; ces tuyaux devront par-là être plus distendus, & leurs pores plus ouverts. Les parties du suc nourricier qui s’y trouvent ramassées, devront par conséquent y pénétrer en plus grande quantité, & s’y attacher plus aisément que dans la partie supérieure ; par conséquent l’extrémité de la plante étant plus nourrie que la partie supérieure, cette extrémité sera obligée de se courber vers le haut.

On peut par le même principe expliquer un autre fait dans une feve qu’on seme à contre sens, la radicule en haut, & la plume en bas ; la plume & la radicule croissent d’abord directement de près de la longueur d’un pouce ; mais peu après elles commencent à se courber l’une vers le bas, & l’autre vers le haut.

On observe encore la même chose dans un tas de blé, qu’on fait germer pour faire de la biere, ou dans un monceau de glands qui germent dans un lieu humide ; chaque grain de blé dans le premier cas, ou chaque gland dans le second, ont des situations différentes : tous les germes pourtant tendent directement en haut dans le tems que les racines sont tournées en bas, & la courbure qu’elles font, est plus ou moins grande, suivant que leur situation appro-

che plus ou moins de la situation directe ; où elles

pourroient croître sans se courber.

Pour expliquer des mouvemens si contraires, il faut supposer qu’il y a quelque différence considérable entre la plume & la radicule.

Nous n’y en connoissons point d’autre, sinon que la plume se nourrit par le suc, que des tuyaux paralleles à ses côtés lui portent : au lieu que la radicule prend sa nourriture du suc, qui pénetre dans tous les pores de la circonférence. Toutes les fois donc que la plume se trouve dans une situation parallele ou inclinée à l’horison, le suc nourricier doit croupir dans la partie inférieure, & par conséquent il doit la nourrir plus que la supérieure, & redresser par là son extrémité vers le haut, pour les raisons que nous avons déja rapportées. Au contraire, lorsque la radicule est dans une situation semblable, le suc nourricier doit pénétrer en plus grande quantité par les pores de la partie supérieure, que par ceux de l’inférieure. Le suc nourricier devra donc faire croître la partie supérieure plus que l’inférieure, & faire courber vers le bas l’extrémité de la radicale : cette courbure mutuelle de la plume & de la radicule doit continuer jusqu’à ce que leurs côtés se nourrissent également ; ce qui n’arrive que quand leur extrémité est perpendiculaire à l’horison. Voyez les mém. acad. roy. des Sciences, année 1708.

PERPENDICULE, s. m. ligne verticale & perpendiculaire, qui mesure la hauteur d’un objet, par exemple, d’une montagne, d’un clocher, & l’on dit le perpendicule de cette tour est de cinquante toises. On appelle encore perpendicule, le fil qui dans une équerre est tendu par le plomb, & qui donne la perpendiculaire à l’horison.

PERPÉTUANE, s. f. (Commerce.) sorte d’étoffe qui se fabriquoit en Portugal.

PERPÉTUEL, adj. (Métaph.) est proprement ce qui dure toujours, ou qui ne finit jamais. Voyez Éternité.

Perpétuel, se dit quelquefois de ce qui dure tout le long de la vie de quelqu’un. Ainsi les offices qui durent toute la vie, sont appellés perpétuels. Le secrétaire de l’académie des Sciences est perpétuel, &c. Chambers.

Mouvement perpétuel, est un mouvement qui se conserve & se renouvelle continuellement de lui-même, sans le secours d’aucune cause extérieure ; ou c’est une communication non interrompue du même degré de mouvement qui passe d’une partie de matiere à l’autre, soit dans un cercle, soit dans un autre courbe rentrante en elle-même ; de sorte que le même mouvement revienne au premier moteur, sans avoir été altéré. Voyez Mouvement.

Trouver le mouvement perpétuel, ou construire une machine qui ait un tel mouvement, est un problème fameux, qui exerce les Mathématiciens depuis 2000 ans.

Nous avons une infinité de desseins, de figures, de plans, de machines, de roues, &c. qui sont le fruit des efforts qu’on a faits pour résoudre ce problème. Il seroit inutile & déplacé d’en donner ici le détail ; il n’y a aucun de ces projets qui mérite qu’on en fasse mention, puisque tous ont avorté. C’est aussi plutôt une insulte qu’un éloge, de dire de quelqu’un qu’il cherche le mouvement perpétuel : l’inutilité des efforts que l’on a faits jusqu’ici pour le trouver, donnent une idée peu favorable de ceux qui s’y appliquent.

En effet, il paroît que nous ne devons guere espérer de le trouver. Parmi toutes les propriétés de la matiere & du mouvement, nous n’en connoissons aucune qui paroisse pouvoir être le principe d’un tel effet.

On convient que l’action & la réaction doivent