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vent être terminées par des points ; mais leur briéveté fait qu’on y substitue les deux points.

Période, Périodique, (Médecine.) ces mots sont tirés du grec περίοδος, formé de περὶ, à l’entour, & ὁδὸς, chemin, ils signifient littéralement circuit & circulaire ; les Physiologistes s’en servent quelquefois pour désigner la circulation du sang ; mais ces termes sont plus usités dans la Pathologie. La période marque proprement le tems qui s’écoule entre les accès, paroxysmes ou redoublemens des maladies intermittentes ; ainsi la période comprend deux tems, celui du paroxysme & celui de la remission. Voyez ces mors. La période peut être fixe & constante, ou vague & indéterminée ; elle est fixe dans la plûpart des fievres intermittentes, vague dans les fievres erratiques, & pour l’ordinaire dans la goutte & l’épilepsie ; sa durée peut varier beaucoup ; elle est d’un jour dans les fievres quotidiennes, de deux jours dans les tierces, de trois dans les quartes, d’un an dans les annuelles, quelquefois de plusieurs années dans la goutte.

On donne la qualité ou l’épithete de périodiques à toutes ces maladies qui éprouvent pendant un certain tems des alternatives de bien & de mal, de diminution & d’augmentation des symptomes qui cessent même tout-à-fait & recommencent ensuite ; ainsi périodique peut être regardé comme synonyme d’intermittent. La cause de ces maladies, après avoir beaucoup exercé les Médecins, est encore pour eux un mystere profond, & dans le siecle éclaire où nous vivons, les Médecins cherchent peu à le pénétrer, avant appris par les erreurs de ceux qui les ont précédé combien les recherches dans ce genre sont pénibles, & combien elles ont été infructueuses. Voyez Paroxysme, Fievre intermittente, &c. On doit se contenter de savoir que toutes les maladies périodiques affectent principalement les nerfs ; que c’est cette affection nerveuse qui est la cause de la périodicité ; mais on ne peut aller plus avant, c’est là le nec plus ultrà ; l’action de cette cause, son méchanisme, sont tout-à-fait ignorés, on n’en connoît que les effets ; des observations pratiques ont appris 1° que ces maladies n’étoient pas dangereuses, quocumque modo intermittant, (Hippocr. aphor. 43. lib. IV.) ; 2° qu’il étoit quelquefois au contraire dangereux de les faire cesser à bonne heure ; 3° que les remedes les plus propres à emporter leur periodicité étoient les nerveux, antispasmodiques, amers, vertus qui se trouvent éminemment réunies dans le quinquina, remede anti-périodique par excellence : j’ai quelques observations particulieres qui m’ont constaté une vertu semblable dans le castor, la rhuë, l’assa-fétida, & autres anti-hystériques, même vis-à-vis des fievres intermittentes ; mais qu’on n’oublie jamais que l’usage de ces remedes n’est pas sûr, & qu’il est d’autant plus à craindre qu’ils sont plus efficaces. Je ne m’arrêterai point à rassembler une quantité d’observations de fievres intermittentes trop-tôt suspendues ou coupées. comme on dit, & qui sont devenues mortelles, aiguës, ou qui ont dégénéré en différentes affections chroniques très-fâcheuses. La goutte fournit aussi des exemples terribles : on me rapportoit, il y a quelques jours, qu’une personne ayant pris du quinquina par l’avis de quelque charlatan pour guérir une goutte violente dont il étoit tourmenté, fut effectivement soulagé, les accès furent moins forts & plus éloignés les uns des autres ; mais il mourut peu de tems après subitement, victime de l’ignorance de son prétendu guérisseur & de sa propre crédulité. (m)

PÉRIODEUTE, s. m. (Hist. ecclés. greq.) officier ecclésiastique, visiteur chez les Grecs. Le concile de Laodicée établit des périodeutes dans les bourgs & les châteaux où il n’y avoit point d’évêques ; c’étoient des especes de doyens ruraux, & on les appelloit

périodeutes, dit Zonaras, parce qu’ils étoient toujours en chemin, allant de côté d’autres pour tenir les fideles dans le devoir. Balsamon les nomme exarques, & les Grecs appellent encore aujourd’hui de ce nom les visiteurs des dioceses que les patriarches envoyent pour la levée des deniers. (D. J.)

PÉRIODIQUE, adj. (Chron. & Astron.) est ce qui termine & renferme une période.

Mois périodique est l’espace de tems où la lune acheve sa période ou son mouvement périodique. Cet espace est 27 jours 7 heures 43 minutes, après lequel elle retourne au même endroit du zodiaque, d’où elle étoit partie au moment de sa conjonction. Voyez Mois & Lunaison.

Périodique se dit en général de ce qui va & revient suivant quelque loi : ainsi on dit que les accès sont périodiques dans les fievres intermittentes.

On appelle aussi ouvrage périodique des ouvrages qui paroissent régulierement à certains intervalles de tems égaux, comme les journaux des savans, les gazettes, &c. (O)

Périodique, en terme de Grammaire & de Rhétorique, se dit d’un style ou d’un discours qui a du nombre ou de l’harmonie, ou qui est composé de périodes travaillées avec art. Voyez Nombre.

Le style périodique a deux avantages sur le style coupé ; le premier, qu’il est plus harmonieux ; le second, qu’il tient l’esprit en suspens. La période commencée, l’esprit de l’auditeur s’engage & est obligé de suivre l’orateur jusqu’au point, sans quoi il perdroit le fruit de l’attention qu’il a donnée aux premiers mots. Cette suspension est très-agréable à l’auditeur, elle le tient toujours éveillé & en haleine : ce qui prouve que le style périodique est plus propre aux discours publics que le style coupé, quoique celui-ci n’en doive pas être exclus, mais le premier doit y dominer.

Périodiques, jeux, (Antiq. greq.) les jeux périodiques étoient ceux qui se célebroient toujours après une certaine révolution d’années, comme les jeux olympiques, les pythiens, les isthmiens & les peméens.

PÉRIODONIQUE combat, ou PÉRIODIQUE, (Art numismat.) ce mot précédé de Cer. se trouve en abrégé, Cer. Per. sur quelques médailles de Sidon. MM. Vaillant & Spanheim prétendent qu’ils signifient certamina periodonica, & qu’ils désignent des jeux auxquels étoient admis exclusivement à tous autres les seuls athéletes périodoniques, c’est-à-dire ceux qui avoient déja remporté la victoire dans les quatre anciens jeux sacrés de la Grece, savoir d’Olympie, de Delphes, de Némée & de l’Isthme de Corinthe ; avantage que les anciens Grecs exprimoient par ces termes : νικᾶν τῆν περίοδον, vaincre le tour, vaincre le période. M. Isselin combat cette idée de MM. Vaillant & Spanheim, & pense que ces mots Cer. Per. signifient certamen periodicum, & qu’ils marquent simplement des jeux institués à Sidon, à l’imitation de ceux des Grecs, & qui leur ressembloient dans les principaux points. On peut lire ses raisons dans l’Histoire de l’acad. des Belles-Lettres, tome III. p. 415. in-12. & cependant tenons-nous-en à l’opinion de MM. Vaillant & Spanheim sur les athlètes périodoniques de la Grece. En effet, quand Pausanias nous apprend que Ergotelès fut périodonique, il veut dire certainement qu’il remporta des prix dans les quatre jeux solemnels de la Grece, les Grecs désignant ces jeux par le nom de période. Ergotelès fut doublement digne du titre glorieux de périodonique, car il avoit été deux fois vainqueur dans chacun ; aussi lui éleva-t-on dans le bois de Pise une statue magnifique de la main de Lysippe. (D. J.)

PÉRIŒCIENS, (Cosinog.) en grec Περίοικοι, en latin Periœcei c’est-à-dire qui sont tout-à-l’entour. On nom-