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cien, & on l’avoit en grande vénération, ainsi que l’atteste Ciceron. Pergæ fanum antiquissimum & sanctissimum Dianæ scimus esse, id quoque à te nudatum & spoliatum esse, ex ipsa Diana quod habebat auri detractum, atque ablatum esse dico. Orat. 6. in Verrem. Quoique la Diane d’Ephese surpassât la Diane de Perge, celle-ci ne laissoit pas d’avoir bonne part à la dévotion des peuples.

Il s’y faisoit tous les ans une nombreuse assemblée ; c’est alors, sans doute, que l’on y chantoit les hymnes que Damophila, contemporaine de Sappho, avoit composées en l’honneur de cette déesse, & qui se chantoient encore au tems d’Apollonius de Tyane. Il y a plusieurs médailles qui parlent de la Diane de Perge, Περγαία Ἄρτεμις Voyez Spanheim de præstant. & usu numismat. p. 782.

Il est fait mention de Perge dans les actes des Apôtres, c. xiij. v. 14. Comme elle n’étoit pas maritime, il faut que saint Paul ait remonté le fleuve Cestron pour y arriver, ou qu’il soit allé par terre, dans le dessein qu’il avoit d’y annoncer l’Evangile.

Perge est à-présent en un triste état : le siége archiépiscopal en a été transféré à Attalia, l’une des 14 villes qui en dépendoient auparavant.

Le fameux géometre Apollonius, dont on a un traité des sections coniques, étoit natif de Perge. Il vivoit sous la 134. olympiade, vers l’an 244 de Jesus-Christ, & au commencement du regne de Ptolomée Evergetes, roi d’Egypte. Il étudia long-tems à Alexandrie sous les disciples d’Euclide, & il mit au jour plusieurs ouvrages, dont il ne nous reste que celui des sections coniques, que plusieurs auteurs anciens ou modernes ont commenté ou traduit. Nous avons encore le commentaire qu’Eutocius d’Ascalon fit sur les quatre premiers livres de cet ouvrage, avec quelques lemmes & corollaires de sa façon. Nous avons aussi au nombre de 65, les lemmes que Pappus disposa sur les coniques d’Apollonius. Entre les modernes, il faut lire (Vincentio) Viviani, de maximis & minimis geometrica divinatio, in quintum librum conicorum Apollonii Pergæi. Florence 1659, in-fol. (D. J.)

PERGÉE, adj. (Mythol.) surnom de Diane pris d’une ville de Pamphylie, où cette déesse étoit honorée. La Diane Pergée est représentée tenant une pique de la main gauche, & une couronne de la droite ; à ses piés est un chien qui tourne la tête vers elle, & qui la regarde, comme pour lui demander cette couronne qu’il a méritée par ses services. (D. J.)

PERGUBRIOS, s. m. (Idolâtrie.) nom propre d’un faux-dieu des anciens Lithuaniens & Prussiens. selon Hartsnoch, dans sa deuxieme dissertation de festis vet. Prussiorum. Cet auteur fertile en fictions, dit que ce dieu présidoit aux fruits de la terre ; que ces anciens peuples célébroient sa fête le 22 Mars, en passant la journée en réjouissances, en festins, & particulierement à boire une grande quantité de biere. (D. J.)

PERGUS, ou Pergusa, (Géog. anc.) lac de l’île de Sicile, à 5 milles de la ville d’Enna, du côté du midi. Les Poëtes disent que c’est près de ce lac que Pluton ravit Proserpine. Comme les anciens avoient beaucoup de vénération pour le lac de Pergus, on croit que c’est de ce lac dont Claudien entend parler dans ces vers :

. . . . . Admittit in altum
Cernenteis oculos ; & late pervius humoï
Ducit in offensos liquido sub gurgite visus :
Imaque perspicui prodit secreta profundi.

Ce lac a quatre milles de circuit ; & au lieu qu’il se trouvoit autrefois au milieu d’une forêt, aujourd’hui ses bords sont plantés de vigne : on ny voit point de poissons, mais on y pourroit pêcher une prodigieuse quantité de couleuvres. (D. J.)

PÉRI, s. m. (Terme de roman asiatique.) Les péris sont dans les romans des Persans, ce que sont dans les nôtres les fées ; le pays qu’ils habitent sont le Genuistan, comme la Féerie est le pays où nos fées résident. Ce n’est pas tout, ils ont des péris femelles, qui sont les plus belles & les meilleures créatures du monde ; mais leurs péris mâles (qu’ils nomment dives & les Arabes giun) sont des esprits également laids & méchans, des génies odieux qui ne se plaisent qu’au mal & à la guerre. Voyez, si vous ne m’en croyez pas, la bibliotheque orientale de d’Herbelot. (D. J.)

Péri, (Blason.) Le terme péri se dit des pieces qui sont extremement raccourcies, à la différence de celles qu’on appelle alaisées. Les cadets de Bourbon brisent leurs armes d’un bâton péri en bande, & les batards, d’un bâton péri en barre. (D. J.)

PERIANTHIUM, (Botan.) calice particulier de la fleur. Ce mot, dans le système de Linnæus, désigne cette espece de calice qui est composé de plusieurs feuilles, ou d’une seule feuille divisée en divers segmens qui environnent la partie inférieure de la fleur. (D. J.)

PÉRIAPTE, s. m. (Médec. anc.) Les anciens nommoient périaptes les remedes qu’on mettoit extérieurement sur soi, pour prévenir de certains maux, ou pour les guérir, &c. Pline dit que de son tems quelques gens croyoient rendre les chevaux infatigables à la course, en leur attachant des dents de loup. On portoit sur soi certaines pierres précieuses contre la jaunisse, le mal caduc, &c. Ces pratiques superstitieuses se sont perpétuées jusqu’à nous, & se perpétueront jusqu’à la fin des siecles. Les hommes dans tous les tems & dans tous les pays, ont un grand fond de crédulité pour ces sortes de remedes, qui n’ont d’autre vertu que celle qu’ils empruntent d’une imagination vivement frappée. (D. J.)

PÉRIBOLE, s. m. (Littér.) espace de terre planté d’arbres & de vignes qu’on laissoit autour des temples ; il étoit renfermé par un mur consacré aux divinités du lieu ; & les fruits qui en provenoient appartenoient aux prêtres. C’est ce que les Latins appelloient templi conceptum, selon Hoffman, qui cite les notes de Saumaise sur Solin. Peribolus étoit le même que sacellum, lieu sans toît & consacré aux dieux. Le péribole des églises des premiers chretiens, contenoit des cellules, des petits jardins, des bains, des cours & des portiques ; ces lieux étoient des asyles pour ceux qui s’y étoient réfugiés, comme nous l’apprend une constitution de Théodose & de Valentinien. (D. J.)

Péribole, s. f. (Lexicog. medic.) περιϐολὴ, de περιϐάλλειν, environner ; terme employé fréquemment par Hippocrate, & en différens sens dans ses ouvrages. Il désigne communément un transport des humeurs, ou de la matiere morbifique des parties internes sur la surface du corps. (D. J.)

PERIBOLOS, (Critiq. sacr.) Ce mot grec désigne dans Ezéch. xlvij. 7. l’enceinte, la clôture, la balustrade, le mur qui entouroit le parvis destiné pour les prêtres. Il signifie, dans le I. des Macchab. xiv. 48, une galerie qui environnoit le sanctuaire. (D. J.)

PERIBOLUS ou PERIBOLUM (Géog. anc.) Denis de Bysance, p. 10. dans sa description du Bosphore de Thrace, dit qu’après le bois d’Apollon ou trouvoit le Péribolus où les Rhodiens attachoient leurs vaisseaux pour les garantir des tempêtes. Il ajoute que de son tems il en demeuroit encore trois pierres, & que le reste étoit tombé de vieillesse. Le mot περιϐολος & peribolus, dans la description dont Denis de Byzance l’accompagne, semble dire que c’étoit un mole, une muraille, ou un quai revêtu. Pierre Gylles, de Bosphoro trac. l. II. c. viij. juge que ce lieu est le même que les pécheurs nomment aujourd’hui Rhodaci-