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& Pomponius Mela, l. II. c. iij. disent que le contour du Péloponnèse a la figure d’une feuille de platane.

Ce pays n’eut pas toujours le même nom ; il fut appellé Appia sous le regne d’Appius ; Pelasgia sous celui de Pelasgus ; Argos, sous celui d’Argus ; & enfin Péloponnèse sous Pélops.

Le Péloponnèse a été divisé par les anciens suivant le nombre de ses peuples & de ses villes : ce qui a beaucoup varié, les peuples ayant changé, & les villes n’ayant pas toujours été les mêmes. Ptolomée, l. III. c. xvj. y comprend même la Corinthie & la Sicyonie ; mais Pomponius Mela, l. II. c. iij. partage cette péninsule seulement en six contrées principales, qui sont l’Argolide, la Laconie, la Messénie, l’Elide, l’Achaïe propre & l’Arcadie.

L’Argolide ou l’Argie étoit bornée du côté de l’orient par le golfe Argolique ; vers l’occident par l’Arcadie ; au midi par la Laconie, & au septentrion par le golfe Saronique. Argos étoit la principale ville de cette province.

La Laconie étoit bornée au midi par le golfe Messéniaque & le golfe Laconique ; à l’orient par le golfe Argolique, au septentrion par l’Argie, à l’occident par l’Arcadie & la Messénie. Sparte en étoit la citadelle & la capitale.

La Messénie étoit située dans la partie méridionale, entre la Laconie à l’orient, & l’Elide à l’occident. Elle avoit l’Arcadie au septentrion, & s’étendoit vers le midi, entre le golfe Messéniaque & le golfe Cyparissien. Messene en étoit la ville principale.

L’Elide avoit pour confins, au nord l’Achaïe propre, au levant l’Arcadie, au midi la Messénie, & au couchant la mer Ionienne. La capitale se nommoit Elide.

L’Achaïe propre avoit pour bornes le golfe de Corinthe du côté du septentrion ; la mer Ionienne à l’occident ; l’Elide & l’Arcadie au midi, & la Sicyonie vers l’orient. Patras en étoit la capitale.

L’Arcadie étoit en pleine terre, éloignée du bord de la mer, & avoit au levant l’Argie & la Laconie ; au couchant l’Elide, au septentrion l’Achaïe propre, & au midi la Messénie. Elle avoit pour capitale Mégalopolis.

La Corinthie, qui s’étendoit dans la partie septentrionale du Péloponnèse, confinoit au couchant avec la Sicyonie, au midi & à l’orient avec l’Argie, & étoit séparée de la grande Achaïe par le golfe & l’isthme de Corinthe, & par le golfe Saronique.

La Sicyonie, la plus resserrée de ces provinces, tiroit son nom de sa ville capitale, appellée Sicyonet, & avoit pour limites à l’orient la Corinthie, au couchant l’Achaie propre, au septentrion le golfe de Corinthe, & l’Arcadie du côté du midi.

Le Péloponnèse est aujourd’hui connu sous le nom de Morée ; on la divise présentement en quatre parties, savoir le duché de Clarence qui comprend l’Achaïe, la Sicyonie & la Corinthie ; le Belvedere, autrefois l’Elide & la Messénie ; la Sacanie, autrefois le pays d’Argos ; & la Tzaconie, qui comprend l’Arcadie & la Laconie des anciens : cette derniere partie est aussi nommée le bras de Maina. Ses principales villes sont Coron, Clarence, Argos, Belvédere, autrefois Elis : Maina, Leuctrum ; Leontari, Mégalopolis ; Coranto ou Corto, Corinthus ; Misitra, Sparta ; Patras, Napoli de Romanie, &c.

Mahomet II. empereur des Turcs, conquit le Péloponnèse dans le xv. siecle, sur les princes Démétrius & Thomas, freres de l’empereur Constantin Dracoses, & souverain de ce pays. Les Turcs en sont toujours les maîtres, mais tout est misérable sous leur domination.

On donna dans l’histoire de l’ancienne Grece, le nom de guerre du Péloponnèse, à celle que les peuples de cette presqu’île entreprirent contre les Athèniens.

Cette guerre célebre dura depuis la deuxieme année de la 87e olympiade, 431 ans avant Jesus-Christ, jusqu’à la 94e olympiade, qui est l’an 404 avant Jesus-Christ, que la ville d’Athènes fut prise. (Le Chevalier de Jaucourt)

PELORDE, voyez Palourde.

PELORIES, s. f. pl. (Antiq. grecq.) fête célebre chez les Thessaliens, assez semblable aux saturnales de Rome. Un certain Pélorus étant venu le premier avertir Pélasgus que par le moyen d’une ouverture dans la vallée de Tempé, les eaux qui inondoient le pays s’étoient écoulées, ce prince en conçut tant de plaisir, qu’il régala magnifiquement Pélorus, & voulut même le servir à table ; & à cette occasion il institua une fête où l’on faisoit des banquets publics en faveur des étrangers & des esclaves mêmes, qui étoient servis par leurs maîtres. Potter, archæol. græc. l. II. c. xx. tom. I. p. 425. (D. J.)

PELORUS, (Géog. anc.) Pelorum, Peloris & Pelorias ; promontoire qui forme la partie la plus orientale de la Sicile du côté du nord, & il défend en quelque maniere le passage du fare de Messine. Agathamere fixe à onze stades le trajet de ce promontoire en Italie. Les Grecs & les Latins lui ont donné le même nom de Pélore. Denis le Periégete, v. 472, dit que le promontoire Peloris regarde l’Ausonie ; & Polybe, l. I. c. xlij. qui écrit Pelorias, dit que c’est le promontoire septentrional. Ovide, Silius Italicus, & divers autres auteurs, parlent de ce promontoire. Le premier dit, metamorph. l. XIII. v. 726.

. . . . . . At arcton
Æquoris expertem spectat boreanque Peloros.


Et Silius Italicus, l. XIV. v. 79,

Celsus arenoso tollit se mole Pelorus.

Servius fait une remarque sur ces vers de Virgile, Æneid. l. III. v. 410-411.

Ast ubi digressum siculæ te admoverit oræ
Venus ; & augusti rarescent claustra Pelori.

Il dit que selon Saluste le promontoire Pelorus fut ainsi nommé d’un pilote qu’Annibal tua, croyant qu’il le trahissoit. J’ai pourtant lû, ajoute-t-il, que ce promontoire avoit le nom de Pelorus avant cette époque. Quoi qu’il en soit, on assure qu’Annibal répara son erreur, en faisant élever au bord de la mer une statue qu’il nomma Pélore, du nom de ce malheureux pilote. On l’appelle aujourd’hui Cabo della torre di Faro, à cause de la tout du phare de Messine, située à l’extrémité de ce promontoire, sur une longue pointe assez basse (D. J.)

PELOTAGE, laine, (Lainage.) la laine pelotage de Vigogne, c’est la troisieme sorte des laines de Vigogne. On l’appelle pelotage, parce qu’elle vient d’Espagne en pelotes.

PELOTE de mer, (Hist. nat. de la mer.) par nos auteurs pila marina, en anglois the sea-ball ; nom d’une substance très-commune qu’on trouve sur le rivage de la mer ; cette substance est ordinairement en forme de balle oblongue, arrondie ou sphérique, grosse comme le poing, quelquefois plus, quelquefois moins, lanugineuse, de couleur obscure, composée d’une multitude de petites fibres irrégulierement amoncelées & pelotonées.

Les naturalistes ne sont point d’accord sur l’origine de ces sortes de pelotes ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’elles sont composées de substances fibreuses de plantes ; enfin Klein a presque démontré qu’elles sont formées des fibres & des feuilles de l’algue marine dont on fait le verre, alga marina vitriariorum ; ces fibres chevelues étant tombées dans la mer, y sont battues ensemble, rassemblées & amoncelées