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poil destinées à faire des fourrures, telles que sont les peaux de martres, d’hermines, de castors, de loutres, de tigres, de petits-gris, de fouines, d’ours & ourçons, de loups, de putois, de chiens, de chats, de renards, du lievres, de lapins, d’agneaux, & autres semblables.

Les plus belles & les plus précieuses pelleteries viennent des pays froids, particulierement de la Laponie, de Moscovie, de Suede, de Danemarck & de Canada ; celles des pays chauds leur sont inférieures, aussi les appelle-t-on ordinairement pelleteries communes.

On nomme pelleteries ornes ou non apprêtées, celles qui n’ont encore reçu aucune façon ni apprêt, & qui sont telles qu’elles ont été levées de dessus le corps des animaux.

Ce qu’on appelle sauvagine n’est autre chose que de la pelleterie crue ou non apprêtée, provenant de la dépouille de plusieurs animaux sauvages qui peuvent se trouver en France.

La pelleterie apprétée ou ouvrée, est celle qui a passé par la main de l’ouvrier, qui l’a façonnée & mise en état d’être employée en fourrure.

Les plus grosses pelleteries se préparent & s’apprêtent par les Mégissiers, & les plus fines par les marchands Pelletiers ; mais ce sont les derniers qui les mettent en œuvre. Savary. (D. J.)

PELLETIER, s. m. (Art mechanique.) marchand qui achete, vend, prépare & apprête toutes sortes de peaux garnies de leur poil, & qui les emploie aux différens ouvrages de fourrures.

Les Pelletiers de Paris sont appellés dans leurs statuts maîtres marchands Pelletiers, Haubaniers, Fourreurs, Pelletiers, parce qu’ils font commerce de pelleteries ; Haubaniers, à cause d’un droit qu’ils payoient anciennement au roi, pour avoir la faculté de lottir leurs marchandises dans les foires, halles & marchés de Paris ; ce droit s’appelloit hauban. Enfin, Fourreurs, parce que ce sont eux qui fourrent ou garnissent de peaux en poil les justaucorps, robes, manteaux, &c. & qu’ils font des aumuces, manchons, & autres sortes de fourrures.

Le corps des Pelletiers est régi par six maîtres gardes, trois anciens & trois nouveaux ; le premier des anciens est appellé le grand-garde : il est regardé comme le chef de la communauté, & c’est lui qui préside dans les assemblées. Le dernier des nouveaux est chargé du détail des affaires ; il fait la recette & la dépense, & rend ses comptes par-devant les maîtres & gardes, au bureau de la Pelleterie.

Tous les ans, le samedi de l’octave du saint Sacrement, on élit à la pluralité des voix deux maîtres & gardes, un ancien & un nouveau, à la place du premier des anciens, & du plus ancien des nouveaux qui sortent de charge.

Les statuts du corps de la Pelleterie ont été donnés par Henri III. en 1586, confirmés & augmentés en 1618 par Louis XIII. & depuis par Louis XIV. en 1648.

Suivant ces statuts, personne ne peut être admis dans le corps s’il n’a fait quatre ans d’apprentissage, servi les maîtres en qualité de compagnon pendant quatre autres années, & fait chef-d’œuvre.

Il n’est permis aux maîtres d’avoir qu’un apprentif à-la-fois ; il ne doit être ni marié ni étranger.

Il est défendu aux Pelletiers, 1o. de prendre aucuns compagnons à leur service, s’ils n’ont un certificat en bonne forme des derniers maîtres qu’ils ont servi.

2o. De mêler de la marchandise vieille avec de la nouvelle.

3o. De fourrer des manchons pour les Merciers.

4o. De travailler & fourrer pour les Fripiers.

5o. De faire le courtage de la marchandise de Pelleterie & de fourrure.

6o. Enfin, de s’associer avec des marchands forains, ou autres qui ne sont pas de leur corps.

PELLICULE, s. f. (Gramm.) c’est une tunique mince & déliée, ou le fragment d’une membrane ou peau. Voyez Membrane.

Ce mot est un diminutif de pellis, peau. L’épiderme ou cuticule est une cuticule qui couvre le derme ou la peau. Voyez Cuticule.

Les soupapes des veines & des arteres, sont des pellicules insensibles qui s’ouvrent & se ferment pour la circulation du sang. Voyez Soupape.

Quand on fait évaporer une dissolution chimique à une chaleur douce, jusqu’à ce qu’il se forme en dessus une peau ou une tunique mince, on l’appelle évaporation à pellicule, dans laquelle on ne laisse précisément de liqueur qu’autant qu’il en faut pour tenir les sels en fusion. Voyez Evaporation.

Pellicule, (Conchyl.) en latin cortex. Ce mot, en Conchyliologie, est souvent pris pour l’épiderme ; c’est le drap marin, la sur-peau d’une coquille, laquelle s’use dans le roulis de la mer quand le poisson est mort. On l’ôte aussi des coquilles en les polissant pour jouir de toute leur beauté.

PELLISSIER, s. m. (Peaucerie.) c’est celui qui fait & qui vend des pelisses ou des pellissons. On le dit aussi de ceux qui préparent des peaux.

PELODES, (Géog. anc.) mot grec qui signifie vaseux. On l’a donné à quelques golfes, à cause que leur fond étoit plein de vase. Ainsi Pelodes dans Ptolomée, l. III. c. iij. est le nom d’un golfe sur la côte de la Susiane ; c’est aussi dans Strabon, l. VII. p. 324. le nom d’un port de l’Epire. (D. J.)

PELOIR, terme de Mégissier ; c’est un petit bâton dont ces ouvriers se servent pour faire tomber la laine de dessus les peaux de mouton. Ces peaux ayant passé à la chaux, la laine n’y tient presque plus ; & pour la faire tomber entierement, on les étale sur le chevalet, & on frotte un peu rudement le côté de la laine avec un petit bâton rond de la longueur d’environ un pié, d’un pouce de diametre : cette opération fait tomber la laine sur-le-champ. Voyez les fig. dans les Pl. du Mégissier.

PÉLOPIDES, les, s. m. (Hist. grecque.) c’est le nom que les Grecs donnerent à la malheureuse famille de Pélops. Sæva Pelopis domus, dit Horace. On sait les tragiques scenes que cette famille a fournies sans cesse au théâtre : la guerre de Thebes, les noms de Tantale, de Thieste, d’Atrée, d’Agamemnon, d’Egiste, de Clitemnestre & d’Oreste, retracent à l’esprit les plus sanglantes catastrophes. (D. J.)

PELOPIES, s. f. pl. (Antiq. grecq.) πελοπεια fête que celébroient les Eléens en l’honneur de Pélops, pour lequel ils avoient plus de vénération que pour aucun autre héros. Vous trouverez toutes les cérémonies de cette fête décrites dans Potter. Pausanias nous, apprend qu’Hercule fut le premier qui sacrifia à Pélops un bélier noir, comme on faisoit aux divinités infernales. Dans la suite les magistrats d’Elide suivirent le même exemple, en ouvrant leurs pélopies par un semblable sacrifice. Potter, archæol. græc. l. II. c. xx. tom. I. p. 429.

PELOPIS, (Géog. anc.) Pausanias, l. II. c. xxxjv. dit qu’on donnoit ce nom à de petites îles de Péloponnèse, vis-à-vis de Melhana, & que ces îles étoient au nombre de sept.

PÉLOPONNÈSE, Peloponnesus, (Géog. anc.) aujourd’hui la Morée ; c’est une grande presqu’île qui faisoit la partie méridionale de la Grece, & qui étoit jointe à la septentrionale par l’isthme de Corinthe. Quoique le Peloponnèse ne fut qu’une péninsule, Denis le periégete, vers. 403, ne laisse pas de lui donner le nom d’ile, parce qu’elle ne tient à la terre ferme que par une isthme large seulement de quelques stades. Pline, l. IV. c. iv. Strabon, l. II. p. 83,