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Maruccini. Ils eurent la gloire d’avoir Ovide pour compatriote, comme il le dit lui-même, amor. eleg. XV. lib. iij.

Mantua Virgilio gaudet, Verona Catullo,
             Pelignae dicar gloria gentis ego.

C’étoit un peuple du pays latin, voisin des Marses, dans la quatrieme région d’Italie, & dont la capitale étoit Sulmo, patrie d’Ovide, aujourd’hui Sul-Emona.

Les Pélignes, autrefois compris sous le nom des Samnites, habitoient donc dans la contrée de l’Italie, qui fait aujourd’hui partie de l’Abrusse méridionale, au royaume de Naples, du côté de la ville de Salmona, entre la Pescara & le Sangre.

PÉLING, s. m. (Comm. de la Chine.) étoffe de soie qui se fabrique à la Chine. Il y en a de blanche, de couleur, d’unie, d’ouvrée, de simple, de demi-double, & de triple. Entre un grand nombre d’étoffes qui se font à la Chine, la plûpart de celles que les Hollandois apportent en Europe, sont des pélings, parce qu’ils y trouvent un plus grand profit. Les pélings entrent aussi dans les assortimens pour le négoce du Japon.

PÉLION, (Géog. anc.) Pelius ou Pelios, montagne de la Thessalie, dans la partie orientale de la Magnésie. Elle s’étendoit le long de la péninsule qui formoit le golfe Pélasgique. Dicéarque, qui eut la commission de mesurer les montagnes de la Grece, estime que le Pélion est la plus haute de toutes. Il lui donne dix stades de hauteur ; Pline dit 1250 pas, ce qui est la même chose, c’est-à-dire un tiers de mille d’Allemagne.

Les Poëtes ont feint que le mont Pélion fut mis sur le mont Ossa par les géants, lorsqu’ils voulurent escalader le ciel ; c’est ce que décrit Virgile dans ces vers des géorgiques, liv. I. v. 281.

Ter sunt conati imponere Pelio Ossam,
Scilicet, atque Ossæ frondosum involvere Olympum.

Et Horace, liv. III. od. IV.

Fratresque tendentes opaco
         Pelion imposuisse Olympo.

On disoit que les Géans, aussi-bien que les Centaures, avoient leur demeure dans cette montagne. Son nom moderne est Petras, selon Tzetzès, chiliad. 6. n. 5.

2o. Pelion, Peliune ou Pellium, est une ville des Dassaretes, dont Tite-Live, liv. XXX. c. xl. dit qu’elle étoit avantageusement située pour faire des courses dans la Macédoine. (D. J.

PELISSE, s. f. (terme de Fourreur.) on appelle pelisses, des robes de chambre fourrées, faites à-peu-près comme les vestes de dessus que portent les Turcs. On nomme pelissons des especes de jupons de fourrures, dont les femmes se servent pour les garantir du froid.

Pelisse, (terme de Marchand de modes.) c’est un grand mantelet qui est fait comme les mantelets ordinaires, qui sert aux mêmes usages, mais qui est beaucoup plus long, & qui descend aux femmes jusqu’à la moitié du corps. Les deux devans sont coupés & entaillés en long pour passer les bras. Cet ajustement est fait des mêmes étoffes que les mantelets ordinaires ; ils sont aussi garnis de dentelle ou d’hermine, & ont un cabochon.

Il y aussi des demi-pelisses qui ne sont pas tout-à-fait si longues, mais qui sont faites de même.

PELLA, (Géog. anc.) 1o. ville de de-là le Jourdain. Pline, liv. V. ch. xviij. la met dans la Décapole, & la loue pour ses belles eaux. Elle étoit du royaume d’Agrippa, entre Jabès & Gerasa. Elle devint

dans la suite des tems une des épiscopales de la seconde Palestine.

2o. Pella, ville de la Thessalie, selon Etienne le géographe, qui en met une autre dans l’Achaie, & une troisieme dans l’Ethiopie.

3o. Pella ; la plus fameuse des villes de ce nom, est celle de la Macédoine, qui devint capitale de ce royaume, après que celle d’Edesse eut cessé de l’être. Pella étoit située à 120 stades de la mer, aux confins de l’Emathie, Tite-Live, l. XLIV. c. ult. en décrit fort exactement la situation. Elle est, dit-il, sur une élévation entourée de marais, & défendue par une forteresse ; ensorte que pour l’assiéger, on ne trouvoit d’accès d’aucun côté. On ne pouvoit y entrer ni en sortir, que par un seul pont, qu’il étoit aisé de garder avec très-peu de monde. La riviere qui couloit entre la ville & la forteresse, se nommoit Lydias.

Le même historien, l. Ll. ch. xlij. nomme Pella, vetus regia Macedonum, parce qu’elle avoit toujours été la demeure des rois de Macédoine depuis Philippe, fils d’Amyntas, jusqu’à Persée. Pline, liv. IV. chap. x. lui donne le titre de colonie romaine ; & en effet, nous avons une médaille d’Auguste où elle porte ce même titre. On y lit cette inscription, col. Jul. Aug. Pell. c’est-à-dire colonia Julia Augusta Pella. Dans la suite elle déchut beaucoup de sa premiere splendeur, puisque Lucien rapporte que de son tems, ses habitans étoient pauvres, & en petit nombre. Présentement on nomme ce lieu Palatisia, comme qui diroit les petits palais.

Mais elle sera toujours célebre dans l’histoire, par la naissance de Philippe, vainqueur de la Grece, & d’Alexandre son fils, vainqueur de l’Asie, illi Pellæo qui domuit Porum. A beaucoup d’esprit, & à de grandes qualités, Philippe joignoit des foibles, des vices honteux, & de grands défauts. Jaloux du mérite de ses généraux, il affectoit de les mortifier, quand ils se signaloient par de belles actions. Arcadion avoit conçu contre lui, tant de haine, que pour ne le point voir, il s’étoit exilé volontairement. Un jour Philippe l’ayant rencontré à Delphes : « Jusqu’à quand, lui dit-il, avez-vous résolu de courir le monde ? Arcadion lui répondit par une parodie d’un vers d’Homère : « jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu où l’on ne connoisse point Philippe. » Le vers d’Homère est,

Εἰσόκε τοὺς ἀφίκηαι οἳ οὐκ ἴσασι θάλασσαν.

« jusqu’à ce que vous soyez arrivé chez des peuples qui ne connoissent point la mer ». Cette saillie naïve & plaisante, à laquelle le prince ne s’attendoit point, le fit rire ; il invita Arcadion à souper, & depuis ils furent toujours amis.

Un jour une femme s’avise de lui demander justice lorsqu’il sortoit d’un repas ; il la juge, & la condamne. Elle répond de sens-froid, j’en appelle. Comment, dit Philippe, de votre roi ? & à qui ? À Philippe à jeun, répliqua-t-elle. La maniere dont il reçut cette réponse, feroit honneur au roi le plus sobre. Il examine l’affaire de nouveau, reconnoît l’injustice de son jugement, & se condamne à le réparer.

Il faut mettre entre ses foibles sa sensibilité pour l’adulation ; il ne sut jamais s’en garantir ; il récompensa d’un royaume les flatteries de Thrasidée. Théopompe avoit écrit l’histoire de ce prince, dont il ne nous reste que quelques fragmens. On sait qu’après un regne de vingt-quatre ans, il fut assassiné par Pausanias au milieu de deux Alexandre, l’un son gendre, & l’autre son fils.

Celui-ci découvrit dès sa premiere jeunesse tout ce qu’il seroit un jour. Parvenu au trône de ses ancêtres, âgé de dix-huit à vingt ans, il détrompa les