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Anatomie ; nom de deux petites bandes médullaires fort blanches, très courtes, au moyen desquelles la glande pinéale est attachée comme un petit bouton au bas des couches des nerfs optiques. Voyez Pinéale, &c.

On donne aussi ce nom aux branches de la moëlle alongée. Voyez Branche & Moelle alongée.

PÉEBLES, (Géogr. mod.) ville d’Ecosse, capitale de la province de même nom, autrement dite Ewedale. Il y a, dit-on, dans cette ville trois églises, trois portes, trois rues & trois ponts. Elle est agréablement située sur le bord septentrional de la Ewede, à 7 lieues N. E. d’Edimbourg, 102 N. de Londres. Long. 14. 28. lat. 55. 54.

PÉER, (Géogr. mod.) petite ville de l’évêché de Liége, au comté de Lootz. Long. 23. 10. lat. 51. 8. (D. J.)

PÉETERMANN, (Commerce.) espece de bierre blanche extrèmement chargée de grain, & peu fermentée, qui se brasse à Louvain dans le Brabant ; elle est d’un goût assez agréable, mais elle enivre fortement, & nuit, dit-on, beaucoup à ceux qui en font un usage très-fréquent ; on prétend qu’elle contribue à engourdir le cerveau des jeunes gens qui vont faire leurs études dans l’université de Louvain.

PÉGANÉLÉON, s. m. (Pharm. anc.) terme employé par les anciens pour désigner de l’huile, dans laquelle des feuilles & des fleurs de rue ont été infusées pendant un certain tems au soleil. (D. J.)

PÉGASE, s. m. (Mythol.) Hésiode nous dit que c’est du sang de Méduse, à qui Persée coupa la tête, qu’étoit né pégase, ce cheval aîlé, si utile aux poëtes, soit par lui-même, soit qu’ils le montent pour prendre leur vol vers le ciel, soit par la fontaine d’Hippocrène qu’il fit sortir de terre d’un coup de pié, & dans laquelle ils puisent à longs traits les fureurs divines qui les agitent. Voilà la fable ; M. Fourmont en a donné dans les Mém. de littérat. une explication presque démontrée, en remettant seulement cette fable en langue phénicienne.

Méduse n’étoit autre chose, qu’un des cinq vaisseaux de la flotte de Phorcis, prince Phénicien, roi d’Itaque. La tête de Méduse étant une fois coupée, c’est-à-dire le commandant du vaisseau tué, il sortit du vaisseau, Chrysaor, célébre ouvrier en métaux, & le Pégase.

Le chef de la Méduse, en achetant de l’or des Africains, avoit attiré de chez eux un ouvrier qui sçût le mettre en œuvre ; cela étoit fort à sa place. Le pégase est ancien grec pagasse : devons nous l’aller chercher bien loin ; & pendant qu’ος est la finale grecque, dire avec Bochart & M. le Clerc, que pegasos s’est formé de pagasous, fræni equus, ce qui est encore contre les regles de la grammaire phénicienne ou hébraïque, qui n’admet point une semblable transposition ? Pagasos sans détour & sans violence, est manifestement le pacasse : lorsque les Romains virent pour la premiere fois l’éléphant, ils l’appellerent bos ; de même le pacasse sorti de la Méduse, parce qu’on l’avoit apprivoisé, & que l’on montoit dessus comme sur les chevaux, fut appellé cheval. Les dénominations empruntées pour les choses extraordinaires sont de tous les tems & de toutes les langues ; & une marque que c’étoit un animal sauvage, c’est qu’il s’échappa, qu’il ne fut rattrapé que par Bellerophon, qu’il tua Bargylle, l’ami de Bellerophon, qu’il le blessa lui-même, & disparut. Mém. de Littérat. tom. III. (D. J.)

Pégase, (Art numismat.) l’auteur de la science des médailles a remarqué que pégase est le symbole de Corinthe, où Minerve le donna à Bellerophon pour combattre la Chimère ; il se trouve aussi sur les médailles des villes d’Afrique & sur celles de Sicile, depuis que les Carthaginois s’en furent rendu maî-

tres, parce qu’on tenoit que ce cheval est né du sang de Méduse qui étoit Africaine. Syracuse en particulier, qui avoit une étroite alliance avec Corinthe, marquoit ses médailles d’un pégase. (D. J.)

Pégase, s. m. en Astronomie, est une constellation de l’hémisphere septentrional ; on la désigne par un cheval aîlé. Voyez Constellation.

Pégase a selon le catalogue de Ptolomée, vingt étoiles ; selon Tycho, dix-neuf ; & dans le catalogue Britannique, quatre-vingt-treize. (O)

PÉGASIDES, s. f. (Mythol.) surnom des Muses, pris du cheval pégase qui fut comme elles habitant de l’Hélicon.

PEGŒ, (Géog. anc.) 1°. ville de l’Achaie, dans la Mégaride ; 2°. ville de l’Hellespont, selon Ortelius ; 3°. ville de l’île de Cypre ou de la Cyrénie, selon Etienne le géographe.

PEGASŒ, (Géog. anc.) cap de la Magnésie, ainsi nommé, dit le Scholiaste d’Apollonius, de ce que le navire Argo y fut construit ; il y avoit en cet endroit-là un temple d’Apollon, qui a fait donner à ce dieu par Hésiode le nom de Pégasien : ce fut-là que les Argonautes s’embarquerent ; & le lieu où se fit l’embarquement a depuis porté le nom d’Aphetæ, ainsi que le disent positivement Strabon & Stephanus. (D. J.)

PÉGASIEN, senatus-consulte (terme de jurisp. rom.) le sénatus-consulte pégasien ordonnoit que l’héritier fidei-commissaire retiendroit le quart du fidéi-commis. Le trébellien le déchargea des actions actives & passives ; ensuite on les a confondus sous le nom de quarte trébellianique ou falcidie.

PÉGÉES, s. f. pl. (Mythol.) nymphes des fontaines ; c’est la même chose que les nayades, & leur nom a la même origine que pégase. (D. J.)

PEGMA, s. m. (Théat. des Rom.) c’étoit une sorte de grande machine théatrale, qu’on levoit & qu’on abaissoit par le moyen de certains ressorts, & qui avoit plusteurs étages ; ensorte qu’il n’est pas surprenant qu’un homme tombant du haut en-bas, se rompit quelque bras ou quelque jambe, comme il arriva à un joueur de flûte. Juvenal en parle dans la Satire 4. v. 122. sic pugnas silicis laudabat & ictus, & pegma, & pueros inde ad velaria raptos ; il louoit de cette sorte les combats des gladiateurs de Cilicie, les terribles coups qu’ils se portoient, & les enfans que la machine (le pegma) tenoit suspendus en l’air ; on voit par ce passage, qu’on plaçoit sur le pegma des gladiateurs, des enfans, des musiciens ; en un mot, qu’on se servoit de cette machine pour produire aux yeux des spectateurs, les illusions propres à les émouvoir.

PEGMARES, s. m. (Hist. anc.) nom que donnoient les Romains à certains gladiateurs, de même qu’à certains artistes.

Les anciens donnoient quelquefois en spectacle une sorte de machines mouvantes appellées pegmata ; c’étoient des échaffauds diversement ornés, qui avoient quelque ressemblance à ceux de nos feux d’artifice. Ces échafauds étant des machines qui jouoient en bascules ; ils lançoient en l’air la matiere dont ils étoient chargés, & entr’autres des hommes que l’on sacrifioit ainsi aux amusemens du public ; ou bien ils les précipitoient dans des trous creusés en terre, où ils trouvoient leur bucher ; ou encore ils les jettoient dans les antres des bêtes féroces.

On appelloit pegmares, non-seulement les infortunés que l’on sacrifioit ainsi, mais encore ceux qui construisoient les machines & qui les faisoient jouer.

Suivant Casaubon, on mettoit le feu à l’échafaud ; & les pegmares étoient obligés de se sauver à-travers les flammes & les débris de la machine.

Lipse dit seulement que les pegmares étoient certains gladiateurs, qui combattoient sur des échafauds