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peint dans les paysages tous les effets de la nature, que les passions de l’ame dans ses tableaux d’histoire.

Le celebre Rubens est encore, dans son école, le prince du paysage, & l’on peut dire qu’il l’a traité aussi supérieurement que personne ; ce genre de peinture a été singulierement goûté par les Flamands & les Hollandois, & leurs ouvrages le prouvent assez.

Brugel (Jean) surnommé Brugel de velours, s’est servi du pinceau avec une adresse infinie pour feuiller les arbres. Il a su mettre dans ses paysages des fleurs, des fruits, des animaux & des voitures, avec beaucoup d’intelligence.

Bril (Matthieu) avoit déjà fait connoître son goût pour traiter le paysage, quand il mourut à Rome âgé de 34 ans ; mais son frere Paul le surpassa de bien loin. Ses tableaux en ce genre sont recommandables par des sites & des lointains intéressans par un pinceau moëlleux, par une touche légere & par une maniere vraie de rendre tous les objets ; on lui trouve seulement un peu trop de verd dans ses tableaux.

Juanefeld (Hermand) est un maître par l’art de peindre les arbres, par ses figures d’animaux, & par sa touche spirituelle. On a aussi de ce charmant artiste des paysages gravés à l’eau-forte, & qui font beaucoup d’effet.

Van-der-Mer (Jean) a orné ses paysages de vûes de mer, & de figures, dessinés avec esprit ; mais son frere de Jonghe le surpassa de beaucoup dans la peinture des animaux qu’il mit dans ses paysages, surtout des moutons dont il représente la laine avec un art tout-à-fait séduisant ; ses figures, ses ciels, ses arbres, sont d’une maniere supérieure ; on ne distingue point ses touches, tout est fondu & d’un accord singulier.

Van-Uden (Lucas) né à Anvers en 1595, mort vers l’an 1660, est mis au rang des célebres paysagistes. Une touche légere, élégante & précise, caractérise sa maniere ; ses ciels ont un éclat brillant, ses sites sont agréables & variés, la vûe se perd dans les lointains qu’il a su représenter : on croit voir les arbres agités par le vent, & des figures élégamment dessinées, donnent un nouveau prix à ses tableaux.

Bergem (Nicolas) est un des grands paysagistes hollandois ; il plaît sur-tout par des effets piquans de lumiere, & par son habileté à peindre les ciels.

Breenberg (Bartholomé) a orné ses paysages de belles fabriques qu’il avoit dessinées pendant son séjour en Italie : ses petites figures sont d’un svelte admirable.

Griffier (Jean) s’est particulierement attaché à rendre ses paysages brillans, en y représentant les plus belles vûes de la Tamise.

Poélemburg (Corneille) a souvent orné les fonds de ses paysages des ruines de l’ancienne Rome ; son pinceau est doux & moëlleux ; le transparent de son coloris se fait singulierement remarquer dans la beauté de ses ciels.

Potter (Paul) a rendu avec beaucoup d’art les différens effets que peut faire sur la campagne l’ardeur & l’éclat d’un soleil brûlant ; les animaux y sont peints avec la derniere vérité, & le grand fini de ses paysages les a fait rechercher avec une sorte d’avidité ; cependant ils ne disent rien à l’esprit, parce qu’il n’y a placés qu’une ou deux figures, & ses sites sont pauvres, parce qu’il n’a peint que les vûes de la Hollande, qui sont plates & très-peu variées.

Ruysdall (Jacob) né à Harlem en 1640, est un des fameux paysagistes du pays. Il s’est attaché a représenter dans ses tableaux des marines ou des tempêtes ; ses sites plaisent, son coloris est vigoureux, & ses figures sont communément de la main de Van-Ostade.

Wauwermans orna ses paysages de chasses, d’al-

tes, de campemens d’armées, d’attaques de village,

de petits combats, & d’autres sujets dans lesquels il pouvoit placer des chevaux qu’il dessinoit parfaitement. Ses tableaux sont précieux par le tour spirituel des figures, par la fonte des couleurs, par un pinceau flou & séduisant, par l’entente du clair obscur, enfin par un précieux fini.

Les paysages de Van-Everdin (Adrien) sont recherchés en Hollande par la liberté de la touche, & par le goût de ce maître.

Zacht-Leeven (Herman) né à Roterdam en 1609, mort à Utrecht en 1685, a fait des paysages très piquans par le choix des sites, par la beauté de son coloris, & par l’art avec lequel il a représenté des lointains légers, qui semblent fuir & s’échapper à la vûe.

Enfin tous les Vanderveldes se sont plus ou moins distingués dans les paysages ; on aime les petites figures naïves dont ils les ont ornés.

Quant à ce qui regarde les artistes de la Grande-Bretagne, comme rien n’est si riant que les campagnes de l’Angleterre, plus d’un peintre y fait un usage heureux des aspects charmans qui s’y présentent de toutes parts. Les tableaux de paysage y sont fort à la mode & fort bien payés, ensorte que ce genre y est cultivé avec un grand succès. Il n’y a pas beaucoup d’artistes flamands ou hollandois qui soient fort supérieurs aux peintres de paysages qui jouissent aujourd’hui en Angleterre de la premiere réputation. (Le chevalier de Jaucourt.)

PAZZY, (Géog. mod.) ville de la Romanie, près de Gallipoli, avec un évêché suffragant d’Héraclée ; elle est sur la mer. Long. 44. 34. lat. 40. 30. (D. J.)

P E

PE, s. m. en terme de Vannier, c’est un montant d’osier, autour duquel on passe l’osier dans les ouvrages de mandrerie.

écaffé, c’est un que les Vanniers appellent ainsi, parce qu’il est fort mince & applati par un bout, par lequel il doit environner le moule de la piece.

taillé, est parmi les Vanniers un fort aigu par un bout, & qui se pique dans le fond d’un ouvrage de vannerie.

PÉAGE, s. m. (Hist. rom.) les Romains pour fournir aux dépenses de l’état, imposerent un tribut général sur toutes les marchandises que l’on transportoit d’un lieu en un autre, & que l’on appelloit portorium, ce qui revient à notre péage.

On ignore dans quel tems les Romains ont commencé d’exiger des droits sur les marchandises en passant sur leurs terres, parce qu’ils ont été longtems sans avoir ni commerce, ni liaisons avec leurs voisins. On ne sait point encore si Ancus-Martius, qui a ouvert le premier le port d’Ostie, y établit un droit sur les marchandises qui y seroient apportées ; il faut pourtant que les péages eussent été établis sous les rois, puisque Plutarque, Denis d’Halicarnasse, & Tite-Live, ont remarqué que Publicola abolit les péages, ainsi que plusieurs autres charges dont le peuple étoit opprimé. Mais la république ayant étendu sa domination de toute part, elle fut obligée, pour soutenir plusieurs guerres, de conserver ce qu’elle avoit acquis, & par l’ambition d’augmenter ses conquêtes, de rétablir non-seulement ces anciens subsides, mais même d’en imposer de nouveaux sur tout ce que, l’on portoit à Capoue, à Pouzolles, & dans le camp qui avoit autrefois été affranchi de toutes sortes de droits. Ainsi Rome & toute l’Italie se virent accablés de péages, jusqu’au tems où Cecilius Metellus, étant préteur, les abolit, selon le témoignage de Dion Cassius, par une loi agréable au peuple, mais mal