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connue ; c’est que quoique tout le pays qui est au nord de la riviere de la Plata soit rempli de bois & d’arbres de haute futaie, tout ce qui est au sud de cette riviere est absolument dépourvû d’arbres, à l’exception de quelques pêchers que les Espagnols ont plantés & fait multiplier dans le voisinage de Buenos-Ayres ; de sorte qu’on ne trouve dans toute cette côte de quatre cens lieues de longueur, & aussi avant dans les terres que les découvertes ont pu s’étendre, que quelques chétives brossailles. Le chevalier Narboroug, que Charles II. envoya exprès pour découvrir cette côte & le détroit de Magellan, & qui en 1670 hiverna dans le port Saint-Julien & dans le port Désiré, assure qu’il ne vit pas dans tout le pays un tronc d’arbre assez gros pour en faire le manche d’un couperet. Voyage de G. Anson, in-4°. Amsterdam 1749. (D. J.)

PATAGONULA, s. f. (Botan.) genre de plante dont voici les caracteres dans le système de Linnæus. Le calice particulier de la fleur est extrèmement petit ; il se partage en cinq segmens, & demeure après que la fleur est tombée. La fleur consiste en un seul pétale ovoïde dont le bord est découpé en cinq parties aiguës. Les étamines sont cinq filets de la longueur de la fleur ; leurs bossettes sont simples. Le germe du pistil est oval & pointu. Le stile est très-délié, & légérement fendu en deux ; il reste aussi après la chûte de la fleur. Les stigmates sont simples. Le fruit est une capsule pointue, ovoïde, placée sur un large calice formé de cinq longs segmens, légérement découpés dans les bords. Les graines de cette plante sont encore inconnues, mais la structure du calice qui porte la capsule, est seule suffisante pour la distinction de ce genre de plante. (D. J.)

PATAIQUES dieux, ou Patæques, (Mythol.) images de certains dieux que les Phéniciens mettoient sur les proues de leurs vaisseaux. Hérodote, l. IV. les appelle παταικοι ; Bochard dérive ce mot du phénicien ; Scaliger n’est point de cet avis. M. Morin le tire du grec πίθηκος, animal qui étoit l’objet du culte des Egyptiens, & qui de-là peut avoir été honoré par ses voisins. M. Elsner, mémoires de Berlin, t. II. a observé qu’Hérodote n’appelle pas Patæci des dieux, mais ceux qui avoient obtenu cette dignité de la libéralité d’Hesychius, de Suidas, & d’autres anciens lexicographes qui les ont placés à l’éperon des vaisseaux, au lieu qu’Hérodote les plaçoit à la proue. Scaliger, Bochard & Selden se sont donnés bien des tourmens sur cette matiere. Le discours de M. Morin dans les mémoires de l’académie des Inscriptions, tome I. n’apprend rien de plus ; & toutes les étymologies du mot même sont chimériques. M. Elsner croit que les Patæci étoient les mêmes que les dioscures, non pas Castor & Pollux inventés par les Grecs, mais les dioscures orientaux d’une plus haute antiquité. Hérodote dit que les Patæci ressembloient à de petites statues de Vulcain. Pausanias leur donne environ un pié de hauteur. On les regardoit pour être les protecteurs de la navigation. (D. J.)

PATALA, (Géog. anc.) île des Indes à l’embouchure du fleuve Indus. Arrien nous apprend qu’on la nomme aussi Delta, à cause de sa figure triangulaire. Il y avoit dans cette île une ville qui portoit le même nom. (D. J.)

PATALAM ou Padalas, (Hist. mod.) c’est ainsi que les Banians ou Idolâtres de l’Indoustan nomment des abîmes souterreins ou des lieux de tourmens qui, suivant leur religion, sont destinés à recevoir les criminels sur qui Dieu exercera sa vengeance. Ils les nomment aussi padala-logum ou enfer ; c’est Emen ou le dieu de la mort qui y préside : sa cour est composée de démons appellés Rashejas ; c’est-là que les ames des damnés seront tourmentées. Suivant la mythologie de ces peuples, il y a sept royaumes dans le patalam ;

les hommes qui seront condamnés à ce séjour affreux, ne recevront d’autre lumiere que celle que leur fourniront des serpens qui porteront des pierres étincelantes sur leurs têtes. Cependant les Indiens ne croient point que les tourmens des damnés seront éternels : le patalam n’est fait, selon eux, que pour servir de purgatoire aux ames criminelles, qui rentreront ensuite dans le sein de la divinité, d’où elles sont émanées.

PATALÈNE, s. f. (Mythol.) divinité romaine qui présidoit aux blés lorsqu’ils commencent à faire paroître leurs épis. Le peuple lui donnoit le soin de les faire sortir heureusement. Arnobe parle d’une divinité à-peu-près semblable, qu’il nomme Patella & Patellana. (D. J.)

PATAMAR, (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne dans l’Indostan ou dans les états du grand-mogol, à des messagers qui vont d’une ville à l’autre.

PATANES ou Patans, (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme les restes de l’ancienne nation sur qui les Mogols ou Tartares monguls ont fait la conquête de l’Indostan. Quelques auteurs croient que leur nom leur vient de Patna, province du royaume de Bengale au-delà du Gange ; mais d’autres imaginent avec plus de vraissemblance que ce sont des restes des Arabes, Turcs & Persans mahométans, qui vers l’an 1000 de l’ere chrétienne, firent la conquête de quelques provinces de l’Empire sous la conduite de Mahmoud le Gaznévide. Les Patanes habitent les provinces septentrionales de l’empire Mogol ; ils sont courageux & remuans, & ont eu part à la révolution causée dans l’Indostan par le fameux Thamas-Kouli-Kan, usurpateur du trone de Perse.

Patane ou Patany, (Géog. mod.) royaume des Indes dans la presqu’île de Malaca, sur la côte orientale, entre le royaume de Siam & de Paha. Les habitans sont en partie mahométans & en partie payens. Les Chinois font avec eux un grand commerce ; on n’y distingue que deux saisons, l’hiver & l’été ; l’hiver dure pendant les mois de Novembre, Décembre & Janvier, pendant lesquels il pleut sans cesse. Les bois sont remplis d’éléphans, de sangliers & de guenons. Le royaume, dit Gervaîse, releve du roi de Siam, & est gouverné par une reine qui ne peut se marier, mais qui peut avoir des amans tant qu’elle veut. La lubricité des femmes y est si grande, que les hommes sont contraints de se faire de certaines garnitures pour se mettre à l’abri de leurs entreprises. C’est là, c’est aux Maldives, c’est à Bantan, que la nature a une force & la pudeur une foiblesse qu’on ne peut comprendre ; c’est-là, dit M. de Montesquieu, qu’on voit jusqu’à quel point les vices du climat laissés dans la liberté, peuvent porter le désordre. Long. 119. lat. 7. (D. J.)

Patane, ou Patany, (Géog. mod.) ville des Indes dans la presqu’île de Malaca, sur la côte orientale du royaume de Patane, dont elle est capitale. C’est une des villes fortes des Indes orientales ; elle a un port & est peuplée de Patanois qui sont mahométans, de Chinois & de Siamois. Long. 119. lat. 7. 34.

PATANQUIENS, Pantochins, voyez Pantoquins.

PATANS, (Géog. mod.) peuples des Indes dans les états du grand-mogol. Ils habitent les montagnes de Dhely & d’Agra.

PATARASSE, ou Mal-bete, s. f. (Marine.) c’est une espece de ciseau à froid dont on se sert pour ouvrir les joints d’entre deux bordages quand ils sont trop serrés, afin de mieux faire la couture. (Z)

PATARE, Patara, (Géog. anc.) ville d’Asie dans la Lycie, dont elle étoit capitale, selon Tite-Live, l. XXXVII. c. xv. Elle avoit un temple célebre dédié à Apollon Pataréen ; ce temple étoit aussi riche que celui des Delphites, & l’oracle des deux temples pas-