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qui sont ordinairement au nombre de cent soixante ficelles attachées à l’arcade de chaque retour, viennent traverser (méthodiquement & suivant le dessein à faire) les mailles des hautes-lisses, & passer ensuite à-travers la grille du porte-rame de devant, & se terminer par des nœuds où sont attachées le lissettes avec leurs maillons, dans lesquels sont passées les soies de la chaîne, lesquelles lissettes portent à leurs extrémités des fuseaux de fer ou de plomb, pour les faire retomber par leurs poids ; 23. les navettes ou sabots à deux tuyaux ou canons ; idem 23. sabot à un canon ; 24. les canons hors des navettes ; 25. figure du chevalet qui est suspendu aux deux grandes traverses du métier qui sert à soutenir l’ouvrage, & l’empêche de vaciller ; 26. les cremaillieres attachées sur chacun des piliers de devant ; elles servent à avancer ou reculer, au moyen des ficelles 27. le porte-rame de devant, suivant la sécheresse du tems ou son humidité ; 28. la grande passette ou fil de laiton, tourné spiralement dans les boucles duquel sont passées les soies de la chaîne, & qui la tient en largeur ; 29. le crochet ou valet servant à ramasser les navettes ; 30. l’aune.

La fig. 22. le métier du ruban figuré. A l’égard du corps du métier, c’est toujours le même pour toutes sortes d’ouvrages ; celui-ci n’a de particulier que le bricoteau que l’on voit attaché au chatelet, & qui sert pour la levée des pas lorsqu’ils se trouvent trop lourds. Il y a quelquefois deux bricoteaux.

La fig. 23. quatre hautes-lisses particulieres que les bricoteaux font lever.

La fig. 24. représente la levée de la fig. 1. & 2. C’est le fond.

La fig. 25. fait voir la figure du fond 1. pendant que la figure 2. est en-bas. C’est précisément pour les coups ou levées de fond que sont faits les bricoteaux.

La fig. 26. le bricoteau & toutes ses dépendances, détaché & seul.

Des retours. La manœuvre des retours est assez ingénieuse, pour en parler séparément. Imaginez des pieces de bois, ou bâtons quarrés & applatis, attachés au derriere du métier : ils sont tous percés uniformément au tiers de leur longueur pour pouvoir être enfilés dans une broche ou boulon de fer qui traverse le chassis dans lequel ils sont posés : chaque bâton porte à l’extrémité qui est à main gauche du métier, une quille pour le faire lever par son propre poids, lorsqu’il ne faut pas qu’il travaille : l’autre extrémité doit être assez longue pour pouvoir venir s’arrêter sous la planchette lorsque l’ouvrier le tirera pour le faire travailler ; cette extrémité est terminée un peu anguleusement, & telle qu’on la voit en A, fig. 27, ce qui sert à lui donner plus de facilité à se loger sous la planchette lorsqu’il travaille. B fait voir l’arcade qui est de gros fil-de-fer ou d’archal, & qui sert à attacher les rames, voyez Rames. C est le trou dont on a parlé plus haut, D est une ficelle pour porter la quille E, voyez Quille. La fig. 28 fait voir le même bâton dans la situation où il est lorsqu’il ne travaille pas, au lieu que dans la fig. 27. il est sensé travaillant, & arrêté sous la planchette G, qui le tient ferme, ce qui fait que les rames qu’il tient sont roides ou bandées, & par conséquent en état d’être levées par les hautes lisses à mesure que les marches les feront lever. L’action du retour dans la rubanerie est de faire le même effet que celui de la tireuse dans les étoffes de fabrique. On a déja dit que par le moyen des rames prises ou laissées, c’est-à-dire passées ou non dans les hautes lisses, le dessein du galon ou ruban se trouvoit incorporé dans l’une & dans l’autre partie. Lorsque le dessein est passé & le métier monté, toutes les rames sont lâches, de façon qu’encore que l’ouvrier, par le moyen de la marche, voulût faire mouvoir les hautes lisses, afin

de faire lever la partie des rames qui est passée dans chacune, &, suivant que le patron l’a exigé, il s’ensuivroit que la rame étant lâchée ne feroit lever aucun fil, ni aucune lissette, conséquemment point de figure dans l’ouvrage. L’action du retour est donc de donner une extension mesurée à la partie des rames qui est attachée on bouclée à l’arcade de son bâton. Pour lors l’ouvrier foulant les 22 marches ou 24 de hautes lisses les unes après les autres, chaque hautelisse faisant lever la partie tendue des rames qui sont passées dans ses boucles, les rames levent les lissettes dans lesquelles est passée la soie qui doit former le dessein de l’ouvrage, & l’ouvrier à chaque marche passe un coup de navette qui en fait le corps & la figure, les autres rames passées dans les mêmes hautes lisses, attachées aux autres bâtons de retour, ne donnant aucun mouvement aux lisses & à la soie attendu leur défaut d’extension. Après que l’ouvrier a fini son cours de 24 marches, il a fait une partie de son dessein, mais il n’est pas achevé ; s’il le recommençoit encore, il feroit la même chose encore qu’il vient de faire, puisque les mêmes rames qui ont levé leveroient de nouveau, & on auroit la même partie de dessein qui a déja été faite. C’est pour pouvoir faire une autre partie ou suite du même dessein, que l’ouvrier tire un autre retour par le moyen du tiran F, qui va aboutir après de sa main droite. Ce retour ainsi tiré fait reculer la planchette mobile, & détend le retour précédent auquel il succede. Il roidit à son tour les rames qu’il contient pour les mettre en état de lever les lissettes qui leur sont attachées, lorsque l’ouvrier recommençant son cours de marches fera mouvoir les hautes lisses dans lesquelles elles sont passées, tandis que toutes les rames des autres retours étant lâchées, se trouvent par conséquent hors d’état de lever les mêmes lissettes, ne pouvant y avoir que les rames de ce retour, actuellement tendu ou bandé, qui puissent les lever. Après que ce retour a fait sa fonction qui se trouve achevée par le cours des marches, l’ouvrier tire un autre retour, & ainsi des autres alternativement jusqu’au dernier qui étant achevé, il recommence par le premier & continue toujours de même. On comprend aisément que lorsque l’ouvrier tire à lui un nouveau retour, le bout de ce retour coupé obliquement venant à toucher la face de la planchette sous laquelle il doit se loger, la fait mouvoir en reculant : ce mouvement que fait la planchette est cause que le retour qu’elle contenoit, en état de travailler ou tendu, s’échappe & fait place à celui que l’ouvrier tire pour occuper la place qu’il quitte.

Des alonges des potenceaux. C’est ce qu’on appelle cantre dans le velours ciselé ou à jardin, &c. ces alonges sont deux longues pieces de bois que l’on attache sur la traverse de derriere du métier, au-dessous des potenceaux ; elles sont posées obliquement, c’est-à-dire que le bout est beaucoup plus élevé que celui qui porte sur la traverse. Cette obliquité est nécessaire, pour que les différentes soies des roquetins ne traînent point les unes sur les autres ; ces alonges sont percées de quantité de trous dans leur longueur pour passer les broches qui portent les roquetins ; ces alonges sont aussi soutenues par différens supports qui appuient à terre : voici l’usage de ces alonges. Lorsqu’on fait du velours ou galons de livrée, il faut que toutes les branches de ce velours soient mises à part sur quantité de petits roquetins enfilés par sept ou huit dans les broches des alonges ; cette séparation est nécessaire, parce que si toutes ces branches étoient ensemble sur la même ensouple, celles qui ne travailleroient pas lâcheroient, tandis que celles qui travailleroient & dont l’emploi consiste à sept aunes de longueur pour une, lâcheroient extraordinairement ou à proportion des coups en