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mes entre l’île & un rocher, où il n’y avoit que la passe d’un navire. Entrer dans une passe.

Passe, s. f. terme de Faiseurs de bonnets ; c’est un devant de bonnet de femme.

Passe, en terme de Broderie au métier ; est un point qui commence au haut de la nervure d’une feuille (voyez Nervure), à droite ou à gauche, & qui tombe en se couchant un peu sur le trait de crayon qui borde la feuille, ainsi en continuant d’un côté à l’autre & pressant ses points autant qu’il est nécessaire.

Passe, terme de Teinturier ; ce mot se dit de la derniere façon qu’on donne à certaines couleurs en les passant légerement dans une cuve de teinture. On donne une passe de cochenille aux gris tannés. (D. J.)

Passe, en Fauconnerie ; c’est la mangeaille de l’oiseau de proie.

Passe le cerf, (Vénerie.) passe, passe, passe, passe, terme dont les piqueurs se servent lorsqu’ils voient le cerf après avoir rappellé les chiens.

Passe, terme de Billard ; c’est un fer à deux branches, arrondi par le haut, & dont les branches entrent dans la table du billard. Le passe se place au milieu du tapis vers le haut de la table. La passe est mise pour rendre le jeu de billard un peu plus difficile, en obligeant de jouer en bricole, lorsqu’il se trouve précisément sur la ligne qui va de l’une à l’autre bille.

Passe, au breland, à la bête, & autres jeux ; c’est le jeu courant, ce que l’on met à chaque coup toutes les fois que les cartes sont mêlées.

Passe, terme de jeu de mail ; petit fer rond en forme d’arc, qui est à chaque bout d’un jeu de mail, pour y faire passer la boule d’un seul coup.

Passe, tirer a la, au jeu du mail ; c’est faire passer entre deux branches de fer plantées en terre une petite boule d’acier par le moyen d’une leve. Voyez Leve.

Passe, estocade de, (Escrime.) est une botte qu’on exécute en passant le pié gauche devant le droit : on s’en sert contre un ennemi qui recule.

On fait ainsi une botte de passe, 1°. aussi-tôt qu’on a détaché une estocade quelconque, si l’on n’en a pas frappé l’ennemi, & qu’il n’ait pas paré, il faut passer le pié gauche devant le droit, & le placer à deux longueurs de pié de distance d’un talon à l’autre, le pié droit ne doit point bouger, & le gauche doit être en-dehors. 2°. Placez le corps & les bras dans la position où ils doivent être après avoir allongé la premiere estocade. Nota. Qu’il ne faut jamais porter l’estocade de passe en dégageant.

Passe au collet ou Croc en jambe, (Escr.) est une action par laquelle on fait tomber l’ennemi. On fait la passe au collet à un escrimeur qui vous désarme. Voyez Desarmement.

Exemple. Dans le moment qu’un escrimeur saisit votre épée pour vous désarmer, portez votre pié gauche en avant comme à l’estocade de passe, voyez Estocade de passe ; tournez le bout du pié de en-dedans, & passez-le derriere le talon du pié de l’escrimeur, portez votre main gauche à son collet. Etant ainsi placé, vous le pousserez de la main gauche vivement en arriere, tandis que votre pié gauche pressera le sien en avant. Nota, qu’il faut exécuter promptement & avec adresse.

PASSE-AVANT, s. m. (Jurisprudence.) terme usité en matiere d’aides pour exprimer un billet que donnent les commis aux recettes des bureaux des douannes ou des entrées, portant permission aux marchands & voituriers de mener leurs marchandises plus loin, soit après avoir payé les droits, ou pour marquer qu’il faut les payer en un autre bureau, ou qu’elles ne doivent rien, lorsqu’elles ne sont que passer de bout sans être commercées dans le lieu ; & dans ce dernier cas, le billet se nomme aussi passe de bout.

Voyez le dictionnaire des aides, au mot passe de bout. (A)

PASSE DE BOUT. Voyez ci-devant Passe-avant.

PASSEBALLE, ou PASSEBOULET, s. m. (Art milit.) c’est une planche de bois, de fer, ou de cuivre, qui est percée en rond pour le calibre que l’on veut, ensorte qu’un boulet y puisse passer en effleurant seulement les bords. Quand le passeballe a un manche, on se contente de le présenter sur les boulets l’un après l’autre.

On peut encore faire une autre sorte de passeboulet avec une planche trouée & posée sur une espece de chevalet. (Q)

PASSE-CARREAU, s. m. (Tailleur.) est une espece de tringle de bois d’environ quinze pouces de longueur, & d’un pouce & demi de grosseur en quarré, mais dont un des côtés est un peu arrondi ; les Tailleurs se servent du passe-carreau pour passer les coutures au fer.

PASSE-CHEVAL, s. m. terme de Marine, espece de bateau plat qui accompagne ordinairement les coches ou autres bateaux, dans lequel on passe les chevaux quand il faut changer de tirage.

PASSE-CORDE, s. m. outil de Bourrelier, dont les ouvriers se servent pour passer une corde ou laniere de cuir au-travers de plusieurs couroyes qu’ils veulent coudre ensemble, Voyez les figures Pl. du Bourrelier. Le petit trou qui est vers la pointe a le même usage que celui des aiguilles à coudre. Voyez Aiguille.

PASSEDROIT, s. m. (Politique.) les princes, ou ceux qui sont les distributeurs de leurs graces, commettent des injustices que l’on nomme passedroits ; lorsqu’ils accordent des récompenses, des grades, des dignités à des personnes qu’ils veulent favoriser, au préjudice de celles qui par leurs services ou par la carriere qu’elles avoient embrassée, avoient droit d’espérer ces graces. Les récompenses sont entre les mains des souverains, des moyens puissans pour exciter dans leurs sujets l’amour de la patrie & de leurs devoirs. Rien n’est donc plus contraire aux intérêts d’un état, que de priver ceux qui en ont bien mérité des avantages qui leur sont dûs. La douleur causée par cette privation devient encore plus sensible lorsqu’ils voient qu’on leur préfere des hommes qui n’ont d’autre titre que la faveur & l’intrigue. De telles injustices détruisent l’émulation & l’énergie nécessaires dans les personnes qui servent leur pays. Des intriguans parviennent à des places dont ils sont incapables, & le mérite réel, qui ne sait point s’abaisser à la flatterie & aux pratiques sourdes, est écarté, ou demeure enseveli dans une obscurité qui le rend inutile à la patrie.

PASSE-MEZE, s. m. (Danse.) sorte de danse sur un chant à l’italienne, qui servoit autrefois d’entrée aux basses danses. Elle consistoit à faire quelques tours par la salle, & à la traverser ; ce mot est italien, passa mezzo, comme qui diroit, passe par le milieu.

PASSE-MUR, s. m. (Art milit.) c’est le nom qu’on donnoit autrefois à une piece de canon de seize livres de balle, & qui pesoit environ 4200 livres ; une piece de pareil calibre se nomme aujourd’hui coulevrine. Voyez Coulevrine. (Q)

PASSE-PAROLE, s. m. (Art milit.) est un commandement donné à la tête de l’armée, & de-là communiqué à la queue en passant de bouche en bouche. Chambers.

PASSE-PAR-TOUT, s. m. instrument de ceux qui travaillent aux carrieres d’ardoise. Voyez le mot Ardoise.

Passe-par-tout, terme de Bucheron, espece de grande scie dont les dents sont fort entr’ouvertes & détournées, & qui n’a que deux morceaux de bois à