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vaux. Ce sont quelquefois des chevaux ordinaires, quelquefois des chevaux marins, qui ont la partie supérieure de cet animal, pendant que tout le bas se termine en queue de poisson.

Dans un ancien monument, Neptune est assis sur une mer tranquille, avec deux dauphins qui nagent sur la superficie de l’eau, ayant près de lui une proue de navire chargé de grains & de marchandises ; ce qui marquoit l’abondance que procure une heureuse navigation.

Dans un autre monument, on le voit assis sur une mer agitée, avec le trident planté devant lui, & un oiseau monstrueux, à tête de dragon, qui semble faire effort pour se jetter sur lui, pendant que Neptune demeure tranquille, & paroît même détourner la tête. C’étoit pour exprimer que ce dieu triomphe également des tempêtes & des monstres de la mer.

Mais un monument plus durable que tous ceux de pierre ou d’airain, c’est la belle description que Virgile nous fait du cortege de ce dieu, quand il va sur l’élément qui lui est soumis.

Jungit æquos auro genitor, spumantiaque addit
Fræna feris, manibusque omnes effundit habenas.
Cæruleo per summa levis volat æquora curru.
Subsidunt undæ, tumidumque sub axe tonanti
Sternitur æquor aquis : fugiunt vasto æthere nimbi.
Tum variæ comitum facies ; immania cete,
Et senior Glauci chorus, Inousque Palæmon,
Tritonesque citi, Phorcique exercitus omnis.
Læva tenent Thetis & Melite, Panopeaque virgo
Nesæe, Spioque, Thaliaque, Cymodoceque
.

Æn. lib. V. v. 817.

« Neptune fait atteler ses chevaux à son char doré ; & leur abandonnant les renes, il vole sur la surface de l’onde. A sa présence les flots s’applanissent, & les nuages fuient. Cent monstres de la mer se rassemblent autour de son char : à sa droite la vieille suite de Glaucus, Palémon, les légers tritons : à sa gauche, Thétis & les Néréides ». (D. J.)

Neptune, bonnet de, (Botan.) nom donné par les Botanistes à une espece remarquable de champignon de mer, qu’on ne trouve jamais attaché à aucun corps solide, mais qui est toujours lâche & en mouvement au fond de la mer.

Ce champignon a cinq pouces & demi de hauteur, sur sept pouces de large à sa base, qui s’éleve insensiblement, & s’arrondit enfin en maniere de calotte ou de dôme feuilleté en-dehors par bouquets, dont les lames sont coupées en crête de coq, & qui représente en quelque façon une tête naissante & moutonnée. Sa structure intérieure est différente ; il est cannelé légerement, & parsemé de petits grains & de quelques pointes obtuses, la plus grande n’a pas plus d’une ligne de long.

On trouve plusieurs champignons de mer de pareille structure dans la mer Rouge & dans le sein Persique ; mais ils sont ordinairement fort petits, & n’approchent pas du bonnet de neptune. Celui que Clusius a nommé fungus saxeus Nili major, est beaucoup plus applati, & ressemble à nos champignons ordinaires, si ce n’est qu’il est feuilleté en-dehors. On en trouve quelques-uns, mais rarement, qui ont un petit pédicule qui les soutient. Ce pédicule est fort cassant ; cependant il est à croire que dans leur naissance ils étoient attachés au fond de la mer par quelque chose de semblable ; & suivant toutes les apparences, lorsqu’ils n’ont plus de pédicules, ils se nourrissent par le secours de quelque suc, que l’eau de la mer où ils trempent laisse insinuer dans leurs pores. (D. J.)

Neptune, temple de, (Géog.) ce dieu avoit

en plusieurs lieux de la Grece des temples élevés en son honneur, qui donnoient le nom à ces mêmes lieux Neptuni templum. Strabon dit qu’il y avoit un temple de Neptune dans le Péloponnese, un autre dans l’Elide, un autre dans la Messenie, un sur l’isthme de Corinthe, un dans l’Achaïe, un à Géreste dans l’Euboee, un dans l’île de Ténos, l’une des Cyclades, un dans l’île de Samos, un dans l’île de Calaurie, un à Oncheste dans la Bœotie, un à Possidium sur la côte d’Egypte, &c. car il seroit trop long de les nommer tous.

Neptunius mons, (Géog. anc.) montagne de Sicile qui s’étend depuis les racines de l’Ethna, jusqu’à la pointe de Messine. Solin en parle, & dit qu’au sommet il avoit une guéritte, d’où l’on pouvoit voir la mer de Toscane & la mer Adriatique. On nomme aujourd’hui cette montage Spreverio monte.

NERA, (Géog.) ou Nécro, ou autrement Banda, île d’Asie dans les Indes, la seconde des îles de Banda, à 24 lieues d’Amboine. Les Hollandois y ont le fort Nattau. Elle s’étend du N. au S. l’espace de trois lieues en fer à cheval. Néra située dans la partie occidentale de l’île en est la capitale & la seule ville. Long. 146. 50. lat. méridionale 4. 30.

Neta la, (Géog.) riviere d’Italie, ou plutôt torrent, qui a sa source dans l’Apennin, un peu au-dessus de Montaglioni, & qui, après un cours de 40 à 50 milles, va se perdre dans le Tibre à Guastanello, un peu au-dessus d’Orta. (D. J.)

NERAC, (Géog.) ville de France en Gascogne, dans le Condomois, avec un grand château bâti par les Anglois. La Baise la sépare en deux parties, appellées le grand & le petit Nérac. Il y a dans cette ville un petit présidial, dont le siege fut établi en 1639. Ses habitans embrasserent le calvinisme dans le seizieme siecle ; ils s’attachent aujourd’hui au commerce. Nérac est à 3 lieues de Condom, 2 de la Garonne, 4 d’Agen, 153 S. O. de Paris. Long. 17. 58. lat. 44. 10. (D. J.)

NERE, s. m. (Chronograp.) espace de tems dont les Chaldéens faisoient usage dans leur chronologie. Ils divisoient le tems en sares, en neres & soses. Le sare, suivant Syncelles, marquoit une espace de trois mille six cens ans ; le nere en marquoit six cens, & le sose soixante. Cette maniere de compter donne à la durée des premiers regnes un nombre fabuleux d’années ; mais lorsqu’on ne regarde les sares que comme des années de jours, & les neres comme de simple heures, le calcul des anciens auteurs ne quadre pas mal au nombre d’années que Moïse donne aux premiers patriarches ; c’est du moins l’opinion de Scaliger, de Petau & des auteurs anglois de l’histoire universelle. (D. J.)

NERÉE, s. m. (Mitholog.) dieu marin, un peu plus ancien que Neptune. Il étoit fils d’Océan & de Thétis, époux de Doris sa sœur, & pere des Néréïdes. Hésiode le represente comme un des plus anciens dieux de la mer & des plus véridiques, plein de douceur, de modération & d’amour pour la justice : à ces belles qualités, il joignoit celle d’exceller dans l’art de prédire l’avenir. C’est lui, dit Horace, ode xv. l. I. qui força les vents à lui prêter silence, pour annoncer au ravisseur d’Hélene les funestes suites de ses feux illégitimes. Apollodore nous assure qu’il faisoit son séjour ordinaire dans la mer Egée au milieu de ses filles, toutes occupées du soin de lui plaire par leurs chants & leurs danses. La plûpart de nos mythologistes imaginent que ce dieu peut avoir été quelque prince célebre dans l’art de la navigation, & qu’on venoit le consulter de toutes parts sur cette matiere. Mais l’illustre Cumberland ne doute point que Nérée ne soit Japhet. On peut voir les raisons savantes qu’il