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roient toutes les mers, dans un tems où les Athéniens ne navigeoient pas au-delà des colonnes d’Hercule ou du Pont-Euxin. Les Carthaginois & les Phéniciens, introduits par la navigation en Egypte, à la cour de Perse, dans toutes les contrées de l’Asie, & jusques dans les Indes, avoient par ces vastes régions des lumieres curieuses & certaines, bien différentes des idées vagues & confuses, que les Athéniens s’en formoient sur les fictions de leurs poëtes, & les romans de leurs gens de lettres oisifs.

Concentrés dans leur capitale, ils ne connoissoient rien au-delà de l’Attique, & se glorifioient néanmoins de l’affluence des étrangers, qui venoient prendre chez eux une teinture d’Atticisme, avant que de passer à Rome.

Non-seulement ils étoient fous en général des délices de leur ville ; mais en particulier, ils auroient tous voulu habiter le quartier nommé Colytos, parce qu’on disoit, que les enfans y commençoient à parler, plutôt que dans les autres quartiers de la ville, & l’on assuroit qu’on n’y avoit jamais vû d’exemple de mutisme. Les Athéniens entierement opposés aux Lacédémoniens, estimoient infiniment le babil. Loquacité, loquence & éloquence, étoient déja dans leur ancien langage des termes synonymes. Un parlier (on conçoit bien que je traduis ici les mots grecs attiques) désignoit chez eux un orateur éminent, un orateur admirable.

D’ailleurs, ce quartier Colytos avoit été fort embelli par Périclès ; on y voyoit le temple de Minerve & le théâtre de Régille, où se rendoient les poëtes de profession. Epicure, Nicias, Themistocle, Harpalus, Alcibiade & autres grands avoient aussi bâti dans ce quartier de magnifiques palais.

Enfin, les Athéniens après avoir vanté le Colytos avec emphase, louoient ensuite avec autant d’exagération, tous les autres agrémens merveilleux de leur Athènes : connoissez-vous, dirent-ils un jour à Isocrate, une ville au monde, dont le sejour soit plus délicieux & dont les plaisirs soient plus brillans, on sait quelle fut sa réponse : je compare, répliqua-t-il, votre ville à une courtisanne, qui par sa beauté attire bien des galans, quoi qu’aucun ne voulût l’avoir pour épouse ; mais le latin dit bien mieux, & le dit en quatre mots : melior meretrix quàm uxor. Le Chevalier de Jaucourt.

Paris, comte de (Hist. de France.) c’étoit la plus éminente dignité du royaume avant Hugues Capet. En 888, Eudes, comte de Paris, fut proclamé roi, & couronné par l’archevêque de Sens, au préjudice de Charles le Simple. Il mourut à la Fère en 898, âgé de quarante ans, & est enterré à Saint-Denis.

Paris, police de (Hist. de France.) elle a été établie sous S. Louis vers l’an 1260, par Etienne Boileau, prevôt de cette ville, magistrat digne des plus grands éloges ; il s’appliqua d’abord à punir les crimes : les prevôts fermiers avoient tout vendu, jusqu’à la liberté du commerce, & les impôts sur les denrées étoient excessifs : il remédia à l’un & à l’autre ; il rangea tous les Marchands & Artisans en différens corps de communautés, sous le titre de confréries ; il dressa les premiers statuts, & forma plusieurs réglemens ; ce qui fut fait avec tant de justice & une si sage prévoyance, que ces mêmes statuts n’ont presque été que copiés ou imités dans tout ce qui a été fait depuis pour la discipline des mêmes communautés, ou pour l’établissement des nouvelles qui se sont formées dans la suite des tems. La famille d’Etienne Boileau, dont le véritable nom est Boylesve, a continué de se distinguer depuis dans la province d’Anjou, où elle subsiste encore aujourd’hui. Henault, Hist. de France.

PARISIENNE, s. f. (Fondeur de caractere d’Imprimerie.)

est le premier & le plus petit des corps des caracteres d’Imprimerie ; sa proportion est de cinq points mesure de l’échelle, son corps double est le petit romain. Ce caractere se nomme aussi sédanoise, parce qu’il a été gravé à Sedan en 1620 pour la premiere fois par Jeannon, graveur & fondeur de cette ville, & avec lequel il imprima en 1625 Publii Virgilii, &c. en un seul petit volume in-32. & en 1633 il imprima avec le même caractere tous les livres de la bible en un volume in-8°.

En 1634 ou 35 Jacques de Sanlecque, graveur & fondeur de caracteres à Paris, grava un caractere à l’imitation de celui de Jeannon, & il le nomma parisienne du nom de sa ville ; ce qui fait qu’à Paris on a appellé ce caractere parisienne.

En 1740, le sieur Luce, graveur de caracteres pour le Roi, a gravé pour l’imprimerie royale un caractere nommé la perle, plus petit d’un tiers que la parisienne. Comme ledit caractere a été gravé pour le roi, & qu’on n’en a pas encore gravé de pareil jusqu’à présent, cela n’empêche pas que la parisienne ne soit comptée dans l’Imprimerie, comme le premier des caracteres. Voyez l’exemple à l’article Caractere.

PARISIS, (Monnoie.) monnoie des ducs ou comtes de Paris : elle étoit ainsi appellée à cause qu’elle portoit le nom de Paris, où elle étoit fabriquée, comme il appert par un denier de Hugues, duc de Paris, gravé dans le Blanc : les comtes de Paris étant devenus rois de France, la monnoie parisis devint monnoie royale ou la monnoie du roi.

La plus ancienne mention que l’on trouve de la monnoie parisis, est dans un titre de S. Denis de l’année 1060, qui étoit la premiere du regne de Philippe I : quam in vadimonio tenebat pretio 60 librarum denariorum parisiensium. La distinction de la monnoie tournois & parisis, a commencé avant le regne de Philippe Auguste, quoiqu’on ait toujours crû, qu’il avoit introduit cette différence dans nos monnoies. Sous ce prince, la monnoie parisis étoit plus forte d’un quart que la monnoie tournois ; c’est-à-dire que 4 sols parisis en valent 5 tournois. On s’en est servi en France dans les comptes & dans les contrats.

Parisis d’argent (Monnoie.) Philippe de Valois fit fabriquer cette monnoie ; elle étoit d’argent fin, & pesoit quatre deniers. Elle valoit un sol parisis, ou quinze deniers tournois. Ce prince fut le seul entre nos rois qui fabriqua de ces especes.

Le parisis d’argent avoit cours au même tems que le parisis d’or ; il valoit douze deniers parisis, de sorte que le parisis d’argent étoit le sol parisis, comme le gros tournois étoit le sol tournois ; on peut voir dans la table du traité des monnoies, par M. le Blanc, le tems où toutes ces especes ont été fabriquées, leur loi, leur poids & leur valeur, aussi-bien que celle du marc d’argent. Ces parisis d’argent, ne passerent pas le regne de Philippe de Valois, quoiqu’on ait continué sous les regnes suivans, de se servir de la monnoie parisis, ainsi qu’il paroît par les doubles, & les deniers parisis, que firent faire ses successeurs. (D. J.)

Parisis d’or, (Monnoie.) les parisis d’or furent ainsi nommés, parce qu’ils valoient une livre parisis, ou vingt sols parisis, lesquels étoient d’argent fin & pesoient quatre deniers ; de sorte que les parisis d’or qui valoient alors vingt sols parisis, ou 25 sols tournois, vaudroient aujourd’hui environ 26 liv. Le parisis d’or fut établi au mois d’Octobre 1330, & il ne dura que jusqu’au premier Février 1336. Cette monnoie étoit nouvelle, & on n’avoit point encore vû en France d’espece d’or qui portât ce nom-là ; ou peut en voir la figure dans le traité historique de M. le Blanc.

PARITÉ, s. f. (Gram.) Voyez l’article Pareil. La parité suppose ressemblance entre les choses ; l’éga-