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haute butte de terre voisine de l’église de S. Roch, qu’on a applanie depuis quelques années pour bâtir plusieurs maisons spacieuses qu’on y trouve en diverses rues. La bibliotheque du roi est dans ce quartier. Voyez le mot Bibliotheque, t. II. p. 236.

La rue neuve des Petits-Champs qui commence vers l’église des Capucines, aboutit vers la place des Victoires. La statue de Louis XIV. est au milieu de cette place sur un piédestal de marbre blanc, veiné, de 22 piés de haut, en y comprenant un sous-bassement de marbre bleuâtre. Ce prince a un cerbere à ses piés, & la Victoire derriere lui montée sur un globe. Ce monument a été doré, & on lit sous la figure du roi, Viro immortali. Le tout est accompagné de bas-reliefs, & d’inscriptions latines & françoises trop connues.

L’hôtel de Soissons qui étoit dans ce quartier-là, n’en présente aujourd’hui que l’emplacement. L’église paroissiale de S. Eustache, une des plus considérables de la ville, n’est qu’à quelques pas de l’hôtel. Ce n’étoit d’abord qu’une chapelle sous l’invocation de Ste Agnès, qui dépendoit du chapitre de S. Germain l’Auxerrois. Le bâtiment tel qu’on le voit aujourd’hui fut commencé vers l’an 1530.

La rue S. Denis, l’une des plus fréquentées de la ville, commence au grand châtelet, qui est à l’extrémité du pont-au-change ; c’est en ce lieu que dans un vieux bâtiment se rend la justice civile & criminelle de la prevôté de Paris. La boucherie qui est dans cet endroit étoit autrefois la seule de toute la ville. Elle appartenoit à une communauté de bouchers, dont le crédit étoit si grand sous le regne de Charles VI. qu’il arrivoit souvent de tristes désordres lorsqu’ils étoient mécontens. Ils avoient à leur tête un nommé Caboche, écorcheur de bêtes ; & les principaux d’entr’eux, au rapport de Juvenal des Ursins, étoient les Gois, les Tibert, les Luilliers & les Saintions. C’est apparemment de cette communauté de bouchers que l’église paroissiale de S. Jacques de la Boucherie a reçu son nom.

Le cimetiere des SS. Innocens qu’on trouve près delà est le lieu public de Paris où l’on enterre les morts depuis près de mille ans. Le tombeau le plus singulier que l’on y voit est celui de Flamel qui avoit amassé de grandes richesses, & de Pernelle sa femme ; cependant ils ne sont point enterrés dans ce cimetiere. La fontaine des Innocens, qui est au coin de la rue aux Fers, a été embellie d’une architecture corinthienne en pilastres, ouvrage de Jean Gougeon.

L’église de S. Sépulcre, bâtie en 1326 pour les pélerins du saint sépulcre de Jérusalem qu’on logeoit autrefois quelques jours, est un peu plus loin de l’autre côté de la rue ; c’est à présent une collégiale, dont les chanoines, au nombre de cinq, sont à la collation du chapitre de Notre-Dame.

L’hôpital de S. Jacques qui est vis-à-vis de la rue aux Ours, fut fondé en 1317 par quelques bourgeois de Paris. Le revenu de cet hôpital appliqué aujourd’hui aux Invalides, étoit autrefois employé à loger les voyageurs qui passoient pour aller à S. Jacques de Galice.

On trouve ensuite l’hôpital de la Trinité, fondé par deux freres allemands, pour héberger les pélerins. On y entretient aujourd’hui des enfans orphelins de pere ou de mere, dont le nombre est fixé à cent garçons & trente-six filles. Presque vis-à-vis de cet hôpital est l’église de S. Sauveur, qui doit sa fondation à S. Louis.

La maison des peres de la mission de S. Lazare est dans le fauxbourg. C’étoit autrefois un hôpital destiné à loger ceux qui étoient affligés de ladrerie ; mais cette maladie ayant cessé, la maison de S. Lazare tomba entre les mains du P. Vincent de Paul, instituteur de la mission, qui en a fait le chef-d’ordre de

toute la congrégation, d’après des lettres-patentes enregistrées au parlement en 1632.

L’église de S. Méderic, nommée communément S. Merri, étoit anciennement l’église de S. Pierre ; mais depuis la mort de S. Merri, natif d’Autun en Bourgogne & de l’ordre de S. Benoît, elle en a pris le nom. C’est une collégiale desservie par six chanoines & un cheffecier qui en est aussi curé.

Du côté de S. Merri en descendant, on rencontre l’église de S. Julien des Menestriers ; c’étoit jadis un hôpital pour les joueurs de violon. Plus bas, on va à S. Nicolas des Champs, qui étoit anciennement une chapelle de S. Jean, & qui est à présent une paroisse considérable.

A côté de S. Nicolas des Champs, on trouve le prieuré de S. Martin de l’ordre de Clugni ; c’est à Henri I. qu’est dû en 1060 la restauration de ce prieuré, qui donne le nom à la rue ; la nef de l’église est décorée de quatre tableaux de Jouvenet. La maison claustrale, qui est très-grande, a été bâtie dans ces derniers tems.

La porte de S. Martin est un ouvrage de cinquante piés de hauteur & de largeur. L’architecture est en bossages rustiques, vermiculés, avec des sculptures au-dessus des cintres, & un grand entablement dorique, composé de mutules au lieu de triglifes, sur lequel est un attique. Les desseins de cette porte sont de Bulet.

Le fauxbourg a l’église de S. Laurent pour paroisse. Le lieu où se tient la foire appellée S. Laurent, en est voisin, & les loges que les marchands y occupent appartiennent aux peres de S. Lazare. Vis-à-vis est le couvent des Récolets, derriere lequel on voit l’hôpital de S. Louis, fondé par Henri IV. pour ceux qui étoient attaqués de la peste.

En remontant dans la ville par la même porte S. Martin, on vient à la rue neuve de S. Méderic, & de-là on entre dans la rue S. Avoye, qui prend son nom d’un couvent de religieuses que S. Louis fonda pour de vieilles femmes infirmes ; c’est aujourd’hui une maison de religieuses Ursulines.

Le Temple, ainsi nommé des chevaliers templiers, se trouve à l’extrémité de cette rue qui en porte le nom. Nos rois, après l’extinction des Templiers, donnerent ce bâtiment aux chevaliers de S. Jean de Jérusalem, qui en ont fait leur maison provinciale du grand-prieuré de France ; c’est un lieu de franchise, où se retirent les ouvriers qui ne sont pas maîtres.

L’hôpital des Enfans-rouges est dans ce même quartier, rue Portefoin. Il fut fondé l’an 1554 par Marguerite reine de Navarre, sœur de Francois I. pour des enfans orphelins, originaires de Paris, ou, comme d’autres auteurs prétendent, des lieux circonvoisins de Paris.

La rue des Billetes a pris son nom d’un couvent que l’on y trouve, & qui fut fondé par S. Louis en 1268. Il y mit des religieux de l’ordre de S. Augustin, qui vivent à présent de leurs revenus. L’hôtel de Guise, aujourd’hui hôtel de Soubise, est peu éloigné de-là ; il occupe un grand terrein. Le couvent des Blancs-manteaux est une maison de religieux de l’ordre de S. Benoît, dont l’église a été rebâtie depuis peu d’années.

De la vieille rue du Temple, on passe dans celle de S. Louis, à l’extrémité de laquelle on entre dans celle du Calvaire, où est le couvent des religieuses de ce nom, fondé en 1636 par le crédit du P. Joseph Leclerc capucin, favori du cardinal Richelieu.

Après la porte de S. Louis, en venant vers la rue des filles du Calvaire, on trouve le réservoir, dans lequel on garde l’eau pour rincer le grand égoût général, afin de garantir la ville de ce côté-là de la mauvaise odeur qui dominoit fortement jusqu’au bas de Chaillot, où les immondices se déchargent dans