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Le berger a soin de les y enfermer le soir quand il s’y retire, & de bien assurer cette derniere claie. Quand on a fait aussi un premier parc, on en dresse un second tout auprès, ensorte qu’un des côtés du premier sert de cloison pour l’autre, qu’on continue comme on a dit.

C’est l’ordinaire de dresser ainsi deux parcs de suite, quand on a bien des terres à parquer, & un bon nombre de troupeaux à y enfermer ; car on les passe alternativement de l’un dans l’autre, pour fumer plus de terre bien vîte ; & ce changement se fait, si l’on veut, deux ou trois fois durant chaque nuit, principalement quand elles sont longues. On laisse les troupeaux dans le premier parc jusqu’à minuit, puis on les fait passer dans l’autre à la pointe du jour, où il restent jusqu’à ce que le soleil ait dissipé la rosée, qui est préjudiciable à ce bétail, quand il paît l’herbe qui en est mouillée.

Lorsque les bergers parquent, ils font une cabane, soutenue sur des roulettes qu’ils conduisent là où ils veulent. Elle leur sert de retraite pour coucher, leurs chiens veillent à la garde de leurs moutons contre l’insulte des loups. C’est hors du parc que le berger se place avec sa houlette & ses chiens.

Si c’est un pâtis ou pré qu’on parque, il n’y a aucune façon à y faire ni devant, ni après ce parquage : mais quand c’est une terre à labour ou à verger, il faut qu’elle ait eu deux ou trois façons avant que d’y parquer. Le fumier y pénétre mieux, fait un effet meilleur & plus prompt, & il en faut beaucoup moins ; & lorsque le parc est retiré du champ & du verger, il faut y donner aussi-tôt un leger labour, afin que les sels de l’engrais que les moutons y ont laissé ne se dissipent point.

On parque depuis la S. Jean jusqu’à la S. Denis, ou la S. Martin & plus tard, selon que la saison & le climat le permettent. Pendant tout le tems que les brebis parquent, le berger doit avoir soin de les traire le soir, afin que le lait ne soit point perdu. Dict. économ. (D. J.)

Parc, en terme d’Artillerie, est le lieu où sont rassemblés toutes les pieces de canon & les munitions de guerre qui sont à la suite d’une armée, soit pour servir en campagne ou pour assiéger une place. Celui qui sert à faire un siege doit être placé hors la portée du canon de la ville : les munitions s’y arrangent différemment que dans l’autre parc, parce qu’il faut en pouvoir disposer à tout moment pour les batteries, au lieu que les autres restent toujours sur les charettes pour marcher.

La figure du parc d’artillerie est ordinairement celle d’un parallelogramme rectangle, à moins que la situation du terrain n’oblige de lui en donner une autre.

Le commissaire du parc marque avec des piquets, dit M. de Quincy, l’endroit où se mettra le premier charriot, & il poste le reste sur la même ligne en ordre par brigades, séparées les unes des autres, ensorte que lorsque l’équipage repartira, il le puisse faire sans confusion.

« Il y a, dit le même auteur, des commandans qui veulent que les pieces de canon de la premiere ligne soient d’abord placées, & qui mettent ensuite des chariots qui portent les munitions pour son service. Ils placent la seconde de même, puis les autres, en mettant la moitié pour former la premiere ligne, & l’autre moitié pour former la seconde, prétendant qu’elles partent du parc dans cet ordre avec moins de confusion. D’autres sont d’avis de mettre tout le canon dans le premier rang, & les munitions derriere chaque brigade : le parc se peut lever aussi facilement, & cela fait un meilleur effet. »

Tout cet arrangement dépend au reste du comman-

dement ; ce qu’on y doit principalement observer,

c’est que les pieces de canon & les charrettes doivent être à deux pas de distance ; les brigades séparées les unes des autres par une espace de cinq pas, & les lignes par un espace de quarante pas. Lorsqu’il y a des pontons dans l’équipage, on en fait un dernier rang, éloigné aussi de quarante pas de celui qui le précede.

La garde du parc consiste en cinquante hommes tirés des bataillons de Royal-Artillerie, & qui sont postés vis-à-vis le parc, à la distance de 40 ou 50 pas en avant : on en tire des sentinelles pour le parc. Il y en a deux à chaque rang l’épée à la main, & sans armes à feu.

Les bataillons de Royal-Artillerie sont placés à la droite & à la gauche du parc, & les chevaux du charroi vers la droite ou la gauche, environ à 300 pas de distance, dans un lieu commode, & hors de toute insulte.

En campagne, lorsque l’armée est campée en plaine, ou dans un lieu ouvert, l’artillerie se place vis-à-vis le centre de la premiere ligne du camp, à 3 ou 400 pas en avant de cette ligne, si le terrein le permet, autrement on la place derriere le centre de la seconde ligne, à une distance de 2 ou 300 pas de cette ligne.

Il y a ordinairement à cent pas en avant du parc, trois pieces de canon chargées, & toutes prêtes à tirer. On les appelle pieces d’allarmes, parce qu’elles servent à faire revenir promptement les troupes du fourrage lorsqu’il en est besoin, & à donner l’allarme pour faire prendre les armes à toute l’armée, ou pour quelqu’autre chose que le général juge à propos de donner. Il y a toujours au-près de ces pieces une canonnier avec un boute-feu allumé. (Q)

Parc, (Marine.) c’est dans un arsenal de marine le lieu où les magasins généraux & particuliers sont renfermés, & où l’on construit les vaisseaux du prince. Après que la retraite aura été sonnée, personne ne pourra entrer dans l’enclos du parc & des magasins, si ce n’est par un ordre exprès des principaux officiers du port, & pour quelqu’affaire extraordinaire.

Parc dans un vaisseau, c’est un lieu qui est fait de planches, entre deux ponts, pour enfermer les bestiaux que les officiers font embarquer pour leurs provisions. L’ordonnance dit, parcs & cages de moutons, volailles & bestiaux.

Parc, (Marais salans.) parc ou parquet, se dit de différens bassins ou séparations que l’on fait dans les marais salans pour y recevoir & faire entrer l’eau de la mer dont se fait le sel. Ces bassins ou parquets n’ont guere plus d’un pié de profondeur, & sont séparés les uns des autres par des petites levées de terre entrecoupées d’écluses, pour y recevoir & y retenir l’eau, ou l’en faire sortir ; le fond de chaque parc est uni & battu ; c’est dans ces parcs qu’on met aussi parquer les huitres, d’où elles s’engraissent & prennent cette couleur verte qui les rend également délicieuse au goût, & agréable à la vue. Savary. (D. J.)

Parc, sub. m. (Pescherie.) il y en a de plusieurs sortes. Des bas parcs, qu’on appelle de plusieurs autres noms. Des parcs faits de bois & de filets. Des parcs aux huitres, voyez l’article Huitre, & la suite de celui-ci. Des parcs doubles & triples. Des parcs à clayonnage par le bas ou à planches, à ouverture au fond, ou à queue de verveux. Des parcs à carosse, ou perds-tems. Des parcs de pierre. Des parcs simples & confinant en un filet tendu dans les roches. Des hauts-bas parcs. Des parcs de pierre & de clayonnages à claires voies. Des parcs de claies seulement ou bouchots. Des bouchots, de plusieurs sortes, comme les borgnes & autres. Voyez