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évident qu’il paroîtra décrire par son mouvement diurne le cercle équinoxial dont nous avons parlé ci-dessus ; de maniere que dans cette situation, la lumiere répandue sur la terre doit se terminer également aux deux poles A & B, & que le grand cercle où se termine cette lumiere, divisera en deux parties égales tous les petits cercles paralleles à l’équateur : mais parce que tous les lieux de la terre sont emportés d’un mouvement uniforme par la rotation qui se fait au-tour de son axe en 24 heures ; il s’en suit qu’on y appercevra pour lors les jours égaux aux nuits, chaque point de la surface de la terre demeurant autant prolongé dans les ténebres, qu’exposé aux rayons qui émanent du disque apparent du soleil ; or puisque pendant tout ce tems le jour est précisement égal à la nuit ; on a pour cette raison nommé l’équinoxial, le cercle que le soleil parcourt dans ces tems-là.

Le mouvement annuel de la terre sur son orbite détruit bientôt cette uniformité ; car cette planete étant transportée depuis ♎, ♏, ♐, jusqu’en ♑, il arrive pour lors que la section des plans de l’équateur & de l’écliptique, qui reste, comme nous l’avons dit, parallele à elle-même, sans changer de direction, ne passe plus par le centre du soleil, mais s’en écarte peu-à-peu considérablement. Elle forme bien en ♑ un angle droit avec la ligne SP, tirée du centre du soleil au centre de la terre ; mais parce que cette ligne SP est dans le plan de l’écliptique, & non pas dans celui de l’équateur, l’angle BPS formé par l’axe de la terre avec la ligne BP n’est plus un angle droit, mais un angle aigu de 66° ; c’est-à-dire, égal à l’inclination de cet axe sur le plan de l’écliptique. Faisant donc au point P l’angle droit SPL, il est clair que le terme de la lumiere & de l’ombre passera par le point L, & que l’arc BL, ou l’angle BPL, sera de 23°, savoir égal au complément à 90° de l’angle BPS. Mais faisant aussi l’angle droit BPE, il suit que la ligne PE, sera dans le plan de l’équateur ; d’où l’on voit que puisque l’arc BE est égal à LT, l’un & l’autre étant de 90°, & que l’arc BT de 66° leur est commun, les deux autres arcs TE, LB, seront chacun de 23°, & par conséquent égaux. Il faut faire maintenant EM égal à ET, & décrire par les points T & M les deux paralleles à l’équateur TC, MN qui seront les deux tropiques, dont l’inférieur MN se nomme le tropique du capricorne ♑, & l’autre TC, le tropique du cancer ou de l’écrevisse ♋. Or dans cette situation de la terre, le soleil est à plomb ou perpendiculairement élevé sur le point T, & c’est le tems où il est le plus éloigné de l’équateur, c’est-à-dire dans sa plus grande déclinaison possible vers le pole boréal. Le cercle qu’il paroît pour lors décrire par son mouvement diurne, se trouve dans le ciel directement au-dessus du cercle TC de la terre, & se nomme par conséquent le tropique céleste du ♋ : mais la révolution diurne de la terre autour de son axe immobile, est cause que tous les points de la terre qui sont sous ce même parallele à l’équateur, doivent passer successivement par ce point T, où l’œil apperçoit le soleil perpendiculaire : ainsi le soleil paroîtra pour lors à l’instant du midi à plomb ou vertical à tous les habitans de ce parallele. Enfin, tant que la terre demeurera dans cette situation, il est nécessaire que le cercle qui représente le terme de la lumiere & de l’ombre, se trouve au-delà du pole boréal B, étant parvenu jusqu’en L ; & qu’au contraire il soit écarté jusqu’en F du pole austral A, & cela pendant plusieurs jours. Si l’on décrie donc enfin par les points L & F, les deux paralleles de l’équateur, on aura les deux cercles polaires, qu’on nomme arctique & antarctique, & c’est toute cette région de la terre comprise entre le pole

boréal & le cercle polaire arctique KL, qui demeurera pour lors dans un jour perpétuel, malgré la rotation diurne de la terre autour de son axe. Car le soleil répand alors toujours sa lumiere jusqu’à ce cercle polaire qui est tout entier au-delà du terme de la lumiere & de l’ombre, les rayons ne pouvant plus indépendamment de la rotation de la terre, s’étendre au-delà du cercle polaire arctique. Au contraire l’autre région opposée de la terre, laquelle est comprise entre le pole austral & le cercle polaire antarctique, se trouvera pour lors plongée dans de profondes ténebres : on n’y verra plus le soleil, & le jour qu’on aura vu diminuer, ou qu’on a perdu peu-à-peu dans l’espace de trois mois, aura été changé en une nuit continuelle. On voit aussi par-là que dans les autres cercles paralleles compris entre l’équateur & le cercle polaire arctique ou antarctique, il se trouve une partie d’autant plus grande de ces cercles plongée dans la lumiere ou dans la nuit, qu’ils sont plus éloignés de l’équateur ou plus avancés vers les poles. C’est pourquoi dans cette situation de la terre où l’on suppose que le soleil paroît au ♋, il est nécessaire que tous les habitans de l’hémisphere septentrional, depuis l’équateur jusqu’au cercle polaire, jouissent des plus longs jours, & qu’ils n’ayent que des nuits très-courtes, ce qui est à leur égard la saison qu’on nomme l’été ; & qu’au contraire dans l’hémisphere qu’on nomme méridional, les nuits y soient alors fort longues, & que les habitans s’y trouvent dans cette saison qu’on nomme l’hiver, puisque leurs jours sont les plus courts, & que le froid les pénetre alors davantage que les autres saisons de l’année.

Après avoir expliqué pourquoi les lieux de la terre où l’on doit observer les plus longs jours & les nuits les plus courtes, sont ceux qui sont les plus éloignés de l’équateur, il est à propos de considérer que de tous les cercles paralleles, il n’y en a aucun qui soit véritablement un grand cercle, & partant qu’il ne sauroit y avoir que l’équateur qui puisse être coupé en deux également par ce grand cercle que nous avons nommé le terme de la lumiere & de l’ombre : or il suit de-là qu’il n’y a sur la terre que les habitans de l’équateur qui ayent l’avantage de conserver leurs jours égaux aux nuits dans toutes les saisons de l’année.

Supposons en troisieme lieu, que la terre s’avance sur son orbite depuis ♑, ♒, ♓, jusqu’au ♈, pendant lequel tems le soleil paroîtra parcourir les signes ♋, ♌ & ♍, alors on verra cet astre se rapprocher peu-à-peu de l’équateur, de maniere que la terre étant une fois en ♈, le soleil paroîtra pour lors en ♎, & se trouvera pour lors la seconde fois dans la commune section de l’écliptique & de l’équateur, puisqu’elle s’est toujours avancée dans une situation parallele. C’est pourquoi le soleil doit alors paroître dans le cercle équinoxial, ce qui doit donner encore les jours égaux aux nuits dans toute l’étendue de la surface de la terre, & cela précisément de la même maniere qu’il est arrivé lorsque la terre étoit en ♎, ou que le soleil paroissoit en ♈. Dans ce cas, le terme de la lumiere & de l’ombre passera encore par les deux poles, & l’on a pu remarquer, par ce que nous avons dit jusqu’ici, qu’il n’y a que le pole septentrional B, qui s’est trouvé continuellement éclairé du soleil pendant l’espace de six mois que la terre a employé à parcourir la moitié de son orbite depuis ♎ jusqu’en ♈ ; & qu’au contraire le pole méridional a été constamment plongé dans l’ombre ou dans la nuit pendant le même intervalle de tems.

Enfin, la terre venant à s’avancer selon la suite des signes ♈, ♉ & ♊, c’est-à-dire, le soleil paroissant parcourir les signes ♎, ♏, & ♐, il doit s’éloigner peu-à-peu de l’équateur, de maniere que