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autour. Plusieurs de ces poissons ont la tête retournée, ce qui semble annoncer une mort violente ; les arrêtes sont d’un brun clair. Les écrevisses qu’on y trouve pétrifiées ont des pattes extrèmement longues. On dit qu’il s’en trouve de semblables dans la mer Adriatique.

Pappenheim, (Géogr. mod.) petite ville d’Allemagne, capitale du comté de même nom, entre Octing & Neubourg, en Franconie ; elle est à sept lieues N. O. de Neubourg, treize S. de Nureniberg. Long. 28. 30. lat. 48. 53. (D. J.)

PAPPÉUS, (Mythol.) c’est ainsi que les Scythes appelloient leur Jupiter le souverain des dieux, à qui ils donnoient la terre pour femme.

PAPRIMIS, (Géogr. anc.) ville d’Egypte, capitale du nome Papremite. Mars y avoit un culte particulier, & l’hippopotame y étoit regardé comme un animal sacré.

PAPYRACÉ, adject. (Conchyl.) épithete qu’on donne à une coquille extrèmement mince, & par-là imitant le papier. Nous n’avons dans nos mers que le seul nautile, qui porte le nom de papyracé ; mais on trouve plusieurs sortes de nautiles dans les mers des Indes. Voyez Nautile.

PAPYRACEA, arbre, (Botanique.) il y a plusieurs palmiers des Indes & d’Amérique, ainsi nommés par nos Botanistes, parce que les Indiens écrivent avec des poinçons sur les feuilles, ou l’écorce de ces sortes d’arbres, qui leur servent de papier ; tel est le palmier d’Amérique nommé tal par les Indiens ; tel est encore le guajaraba de la nouvelle Espagne, & autres ; tout palmier dont l’écorce est lisse, ou dont la feuille est grande & épaisse, peut servir au même usage. Le papier du Japon est fait de la seconde écorce du roseau des Indes nommé bambou, ou de l’écorce d’un mûrier blanc. On peut très-bien écrire sur l’une & l’autre écorce, avant qu’elles soient réduites en papier fin. (D. J.)

PAPYRUS, s. m. (Botan.) plante appellée papyrus nilotica, par Gerard 37. Emac. 40. Papyrus nilotica, Berd. Ægyptiis dicta ; Biblos syriaca quorumdam, chab. 195. Papyrus Ægyptiaca, C. B. P. 119. Papyrus antiquorum nilotica, Parck. Théat. 1207. Morison a rangé le papyrus avec raison, parmi les souchets, & l’a nommé cyperus niloticus, maximus, papyraceus, hist. Oxon. 3. 239.

Enfin comme les modernes ont fait de nouvelles découvertes en ce genre, il n’est pas possible de les supprimer ; c’est pourquoi je parlerai dans cet article du papyrus d’Egypte, du papyrus de Sicile, & du papyrus de Madagascar, trois plantes différentes, sur lesquelles j’emprunterai les recherches de M. Bernard de Jussieu, insérées par M. le comte de Caylus, dans son excellente dissertation sur le papyrus en général. Ce morceau curieux & intéressant pour les arts, se trouve dans les mém. de Littérat. t. XXVI. in-4°. Voyez aussi Scirpus, Botan.

Mais avant que d’entamer la description du papyrus d’Egypte, il est naturel de dire un mot de l’opinion assez généralement reçue dans l’Europe sur la perte de cette plante. On n’a pas besoin de nouvelles preuves pour savoir que les bruits populaires ne sont pas toujours fondés sur les possibilités physiques ; mais en supposant cette perte possible, on ne pourroit au moins la faire remonter fort haut, car il n’y a pas encore deux cens ans que Guillandin & Prosper Alpin observerent cette plante sur les bords du Nil, & que Guillandin vit les habitans du pays en manger la partie inférieure & suculente de la tige, comme on le pratiquoit anciennement ; particularité qui peut servir à nous faire reconnoître le papyrus, & dont il ne paroît pas que les voyageurs aient profité. Cet usage, & ceux qui sont rapportés par Prosper Alpin, nous apprennent que cette plante

n’est pas tout-à-fait inutile, quoiqu’elle ait perdu son principal mérite en cessant d’être employée à la fabrique du papier.

Les changemens survenus dans le terrain de l’Egypte, & les soins des habitans pour profiter des terres qui peuvent être cultivées, ont rendu vraissemblablement la plante du papyrus moins commune ; mais les causes qui peuvent être admises à l’égard de quelques parties du pays, n’ont pû occasionner la destruction entiere du papyrus, d’autant plus qu’étant du nombre des plantes aquatiques, il est à l’abri d’un semblable événement. Le silence des auteurs les plus récens qui ont écrit sur l’Egypte, ne peut être avancé comme une preuve de la destruction entiere du papyrus ; on peut dire pour les excuser, qu’ils ne s’étoient pas proposé cet objet dans leurs recherches, ou que n’étant pas assez instruits, ils l’ont négligé ; mais il est étonnant que M. Maillet, homme de lettres, qui paroît même avoir fait des recherches à ce sujet, n’ait pû découvrir le papyrus, & qu’il l’ait confondu avec le musa, connu en françois sous le nom de figuier d’Adam, & que les Arabes appellent mons, plante qui est très-différente, ce dont il devoit s’appercevoir en lisant Théophraste ou Pline.

Le papyrus, dit Pline, croît dans les marais d’Egypte, ou même au milieu des eaux dormantes, que le Nil laisse après son inondation, pourvû qu’elles n’aient pas plus de deux coudées de profondeur. Il jette une racine tortueuse & de la grosseur du poignet ; sa tige est triangulaire, & ne s’éleve pas à plus de dix coudées ; Prosper Alpin ne lui donne que six ou sept coudées au-dessus de l’eau. Sa tige va toujours en diminuant, & aboutit en pointe. Théophraste ajoute que le papyrus porte une chevelure, un panache, qui forme le thyrse dont parle Pline. Guillandin dit que la racine du papyrus jette à droite & à gauche quantité d’autres petites racines qui soutiennent la plante contre l’impétuosité du vent & le cours du Nil. Selon lui les feuilles de cette plante sont obtuses, & semblables à celles du typha de marais.

Les Egyptiens employoient les racines du papyrus pour du bois non-seulement à brûler, mais encore propre à fabriquer différens vases à leurs usages. De la tige du papyrus entrelacée en façon de tissu, ils construisoient des barques ; & de l’écorce intérieure ou liber, ils faisoient pareillement des voiles, des habillemens, des couvertures de lits & des cordes.

Ces barques ressembloient par leur construction à de grands paniers, dont le tissu devoit être fort serré ; & pour empêcher l’eau de les pénétrer, il faut supposer qu’elles étoient enduites au moins à l’extérieur d’une couche de résine, ou de bitume ; ce qui les mettoit en état de servir à la navigation sur le fleuve, ou plûtôt sur son inondation. Le panier dans lequel Moïse enfant, fut exposé, paroît appuyer & confirmer le texte de Théophraste. Cependant quoique Pline parle de navis papyracea, il ne faut pas croire que les vaisseaux fussent faits en entier ex papyro ; c’étoit seulement de petites barques ou canots, dont même une partie étoit de bois d’épine. Les anciens Egyptiens prétendoient que les crocodiles, par respect pour la déesse Isis, qui s’étoit mise une fois sur une barque de papyrus, ne faisoient jamais de mal à ceux qui navigeoient sur des barques de ce roseau.

Le papyrus étoit encore une plante médicinale dont on faisoit usage dans quelques maladies, si nous en croyons Dioscoride. Elle servoit aussi de nourriture aux pauvres gens qui mâchoient le papyrus cru ou cuit, en avaloient le suc, & jettoient le reste : mundum quoque crudum, decoctumque, succum tantùm