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l’attention convenable ; la principale est la façon de tremper le papier.

PAPILLOTE, s. f. terme de Perruquier ; ce sont de petits morceaux de papier, avec lesquels les Perruquiers enveloppent les boucles des cheveux qu’ils ont frisés, afin que ces boucles ne se lâchent point, & qu’elles puissent supporter l’action du fer sans être endommagées par la chaleur.

PAPILLOTER, défaut d’impression. Voyez Papillotage.

La même expression s’emploie aussi en peinture ; on dit des ombres & des lumieres, qu’elles papillotent, lorsqu’elles sont distribuées les unes entre les autres par petits espaces, produisant sur un tableau le même effet que des papillotes de papier blanc, éparses sur une tête dont la chevelure est noire.

Si l’on est placé sous un vestibule, au bord duquel il y ait un canal d’eau, éclairé de la lumiere du soleil ; l’image de la surface éclairée de ce canal, portée au plafond du vestibule, le tapissera d’une infinité de petits ronds de lumiere & d’ombre, vacillans & mobiles, comme la surface de l’eau, & fatiguant les yeux ; tel est l’effet d’une peinture qui papillotte.

PAPIN, machine de. Voyez Digesteur.

PAPINIANISTE, s. m. (Gram. Jurisprud.) on appelloit ainsi autrefois ceux qui faisoient leur étude de droit, parce qu’ils s’occupoient cette année à lire les livres de Papinien.

PAPIO, s. m. (Zoologie.) nom donné par les auteurs latins, à ces especes de singes que les Anglois appellent Baboons ; ce sont eux qui ont de longues têtes de chien avec de longues queues, & qui sont du nombre des cynocephales. (D. J.)

PAPIRIUS, groupe de (Sculp. antiq.) fameux grouppe de sculpture antique, qu’on voit peut-être encore à la vigne Ludovèse, & qui représente un événement célébre dans l’histoire romaine, l’aventure du jeune Papirius racontée par Aulu-Gelle, liv. I. ch. ij.

Tout le monde sait, dit M. l’abbé du Bos, que cet enfant étant un jour demeuré auprès de son pere durant une assemblée du sénat, sa mere lui fit plusieurs questions à la sortie, pour savoir ce qui s’y étoit dit, chose qu’elle n’esperoit pas apprendre de son mari ; cependant elle ne put jamais tirer de son fils qu’une réponse, laquelle ne lui permettoit pas de douter, qu’il n’éludât la curiosité. Le sénat, répondit-il constamment, a délibéré, si l’on donneroit deux femmes à chaque mari, ou deux maris à chaque femme ; c’est cet incident qui a donné lieu au proverbe latin, curiæ capax prætexta, qu’on emploie en parlant d’un enfant qui a beaucoup plus de discrétion qu’on n’en doit avoir à son âge.

Aucun sentiment ne fut jamais mieux exprimé que la curiosité de la mere du jeune Papirius. L’ame de cette femme paroît être toute entiere dans ses yeux, qui percent son fils en le caressant. L’attitude de toutes les parties de son corps, concourt avec ses yeux, & donne à connoître ce qu’elle prétend faire. D’une main elle caresse son fils, & l’autre main est dans la contraction ; c’est un mouvement naturel à ceux qui veulent réprimer les signes de leur inquiétude prêts à s’échapper. Le jeune Papirius répond à sa mere avec une complaisance apparente ; mais il est sensible, que cette complaisance n’est qu’affectée. Quoique son air de tête soit naïf, quoique son maintien paroisse ingénu, on devine à son sourire malin, qui n’est pas entierement formé, parce que le respect le contraint, comme au mouvement de ses yeux sensiblement gêné, que cet enfant veut paroître vrai, mais qu’il n’est pas sincere ; on voit qu’il promet de dire la vérité, & on voit en même-tems qu’il ne la dit pas. Quatre ou cinq traits que le sculpteur a su

placer sur son visage, je ne sais quoi qu’on remarque dans l’action de ses mains, démentent la naïveté & la sincérité qui paroissent d’ailleurs dans son geste & sur sa physionomie. (D. J.)

Papirius Ager, (Géog. anc.) territoire d’Italie, aux environs de Tusculum. Festus pense que ce territoire pourroit avoir donné le nom à la tribu Papirienne.

PAPISME, PAPISTE, s. m. (Gram. & Hist. mod.) noms injurieux que les Protestans d’Allemagne & d’Angleterre donnent au Catholicisme & aux Catholiques romains, parce qu’ils reconnoissent le pape comme chef de l’Eglise.

PAPO, (Hist. nat. Botan.) arbre des Indes orientales, il est de moyenne hauteur ; ses feuilles ressemblent à celles du figuier. Son fruit sort comme le coco du haut du tronc, immédiatement au-dessous des branches ; il a la forme d’une figue, mais est beaucoup plus gros ; il est divisé par côtes comme certains melons du goût desquelles sa chair approche.

PAPOAGE, s. m. biens qui viennent du pere ou de l’ayeul, en général les biens qui viennent par droit de parenté Papoage vient de παππος, ayeul.

PAPOUL, Saint (Géog. mod.) en latin du moyen âge, Sancti Papuli fanum ou Pappulum, & quelquefois Pappolum ; petite ville de France dans le haut-Languedoc, avec un évêché suffragant de Toulouse, érigé en 1317. Elle est sur la Lembe, à 12 lieues S. E. de Toulouse, 3 E. de Castelnaudari, 6 N. O. de Carcassonne, 164 de Paris. Long. 19. 46. lat. 43. 20.

Le pape Jean XXII. érigea en évêché l’an 1317. l’abbaye de S. Papoul, qui n’avoit été qu’une simple paroisse dans son origine : il y nomma pour premier évêque Bernard de la Tour, qui étoit alors abbé ; voulant que son successeur à cet évêché fût elû par les religieux de l’abbaye, & par les chanoines de l’église de Castelnaudari, qu’il avoit aussi érigée en collégiale. L’évêché de S. Papoul vaut environ trente mille livres, & comprend seulement cinquante-six paroisses.

PAPOUS, la terre des (Géog. mod.) on nomme ainsi du nom de ses habitans, la nouvelle Guinée. Voyez Guinée.

Ce pays des Papous ou Papouas, découvert, dit-on, par Saavedra, paroît être une des parties des plus méridionales des terres Australes. Selon le Maire, les Papous sont très-noirs, sauvages & brutaux ; ils portent des anneaux aux deux oreilles, aux deux narines, & quelquefois aussi à la cloison du nez, & des bracelets au-dessus des coudes & aux poignets ; ils se couvrent la tête d’un bonnet d’écorce d’arbre peinte de différentes couleurs ; ils sont puissans & bien proportionnés dans leur taille ; ils ont les dents noires, assez de barbe, les cheveux noirs, courts & crêpus, qui n’approchent cependant pas autant de la laine que ceux des négres ; ils sont agiles à la course ; ils se servent de massues & de lances, de sabres & d’autres armes faites de bois durs, l’usage du fer leur étant inconnu ; ils se servent aussi de leurs dents comme d’armes offensives, & mordent comme les chiens. Ils mangent du betel & du piment, mêlé avec de la chaux. Les femmes sont affreuses, elles ont de vilains traits, de longues mamelles qui leur tombent sur le nombril, & le ventre extremement gros. (D. J.)

PAPPENHEIM, pierre de (Hist. nat.) ce sont des pierres qui se trouvent en Allemagne dans le comté de Pappenheim. Ces pierres sont blanches, feuilletées & remplies de dendrites : souvent on trouve dans ces pierres des empreintes de poissons & d’écrevisses, qui sont entierement entourées de ces mêmes dendrites, qui forment des buissons tout