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colle, c’est-à-dire, qu’elle pese cette quantité de plus après avoir été collée & séchée, qu’avant de passer par cette opération.

La figure 7 de la même Planche fait voir plus en grand le panier que l’on met dans la chaudiere, & dans lequel on fait cuire la colle, par le moyen duquel on retire de la chaudiere les parties inutiles de la colle qui n’ont pas pu fondre. Ce panier, qui est d’osier, entre dans une cage de fer suspendue à la corde du treuil par quatre chaînes ; on y voit aussi la croix de fer qui contient les parties de cette cage, & les empêche de se rapprocher du centre lorsque le panier est suspendu.

Après l’opération de coler le papier, succede celle de l’étendre feuille à feuille, que la Pl. XII. déja citée, représente : pour cela les femmes employées à cet ouvrage, portent aux étendoirs les porces que les coleurs leur délivrent, & les étendent feuille à feuille sur les cordes en cette maniere ; l’ouvriere, fig. 2, tient un ferlet ou T de bois, fig. 5, dont la traverse est aussi longue que le papier a de hauteur, & appliquant cette traverse sur le milieu de la largeur de la feuille de papier, une autre ouvriere, fig. 3, leve une demi-feuille, qu’elle jette sur le ferlet où elle se trouve ployée en deux parties égales, & avec lequel l’ouvriere, fig. 2, l’enleve de dessus la porce, & la place sur une des cordes de l’étendoir.

Comme les perches dans les trous desquelles les cordes sont placées sont à différentes élevations, cet attelier doit être pourvu de bancs, selles, sellettes de différente élevation, tant pour poser les drapans ou ais, sur lesquels les porces sont apportées, que pour exhausser les ouvrieres.

La fig. 4 de la même planche fait voir l’élevation, le plan & le profil d’une des croisées des grilles qui ferment les fenêtres des étendoirs ; ACKE, chassis dormant, dont les côtés GKAC, ainsi que la traverse dormante DF ont une rainure dans laquelle glissent les quatre guichets, comme on voit par le profil qui est à côté : le chassis dormant a aussi des barreaux fixes, assemblées dans les trois traverses, & espacées tant plein que vuide, comme on voit par le plan ; la moitié GHBA de la croisée est fermée, c’est-à-dire, que l’on a poussé les guichets mobiles auprès du montant du milieu, comme le fait voir la partie AB du plan, ensorte que les barreaux des guichets répondent vis-à-vis des intervalles de ceux du chassis dormant : la partie supérieure KHEF de l’autre moitié est ouverte, c’est-à-dire, que les barreaux & les vuides du guichet & du chassis dormant, répondent vis-à-vis les uns des autres, comme la partie BC du plan le fait voir : enfin la partie inférieure du même côté est aussi ouverte, le guichet ayant été ôté pour laisser voir les barreaux fc, fc, du chassis dormant à découvert ; ces barreaux, qui sont en deux parties, sont assemblés dans une entre-toise e, qui est elle-même assemblée dans les montans du chassis dormant ; on voit à côté le guichet séparé composé de deux emboîtures ff, cc, de deux montans fc, fc, d’une entretoise e, de deux barreaux qui s’assemblent dans les emboîtures & l’entretoise. Les emboîtures reçoivent aussi les extrémités des montans dans lesquels l’entretoise est assemblée ; on voit à côté le profil ou la coupe du guichet.

Après que le papier est séché feuille à feuille dans l’étendoir ; on le recueille & on le porte à la salle, où il reçoit les dernieres préparations, qui sont de l’éplucher, le lisser, ployer, compter & mettre en presse, battre & couper. Ce n’est pas que toutes les sortes de papiers passent par toutes ces opérations ; mais toutes se pratiquent dans la salle que la Pl. XII. représente : la fig. 1. est une papetiere qui épluche le papier, c’est-à-dire, qui ôte avec un grattoir les nœuds, bosses, fils, ou autres corps hétérogenes qui

peuvent s’y trouver : elle se sert pour cela d’un grattoir a, qu’on voit par terre en b, & forme différentes piles du papier sain, & des papiers cassés, ridés ou autrement défectueux. La fig. 2 est une ouvriere papetiere qui lisse une feuille de papier ; elle est de bout devant une table, qu’on appelle tholier ou lissoire, le long du bord de laquelle est attachée avec une tringle de bois une peau de basane, que l’on voit pendre en s, comme un tablier, & qu’elle releve & étend sur la table. C’est sur cette peau qu’elle étend la feuille de papier, qu’elle frotte ou lisse en tout sens avec un caillou, dont on voit la figure en a à ses piés, & forme deux piles de, l’une des papiers lissés, & l’autre des papiers qui n’ont pas encore eu cette préparation. La fig. 3 est une petite fille occupée à ployer le papier en deux : elle se sert d’un morceau de bois dur, formé à-peu-près comme la pierre de la lisseuse, fig. 2, que l’on appelle aussi pierre, avec laquelle en passant le long du milieu de la feuille dont elle a mis les deux extrémités l’une sur l’autre, elle forme le pli : elle a devant elle deux piles ed de papier ; la premiere, de papier étendu, & la seconde d, de papier ployé, qui passe ensuite entre les mains de l’ouvriere, fig. 4, qui compte les feuilles de papier par 25, pour en former ce qu’on appelle une main ; 20 mains font une rame, qui contient par conséquent 500 feuilles.

La fig. 5 est un ouvrier nommé saleran, qui presse les papiers, sois avant d’être ployés ou après qu’ils le sont, met les mains en rames, qu’il envelope de maculatures ou papier grossier, faites avec le frasin ou traces, qui sont les balayures de différens atteliers, par-dessus lesquelles il passe une ficelle en croix ; le papier est alors en état d’être livré & envoyé à sa destination.

Les presses de cet attelier sont très-fortes & sont doubles, c’est-à-dire que le seuil & l’écrou sont communs à deux presses, comme on voit dans la vignette, & la fig. 5, le fait voir. Il y a deux doubles presses accolées parallelement l’une & l’autre, & isolées au milieu de la salle : les deux montans AB, ab, des extrémités de chacune de ces presses ont 12 piés de long, & sont élegis & équarris à 11 pouces sur 9 piés de long, avec renforts, bossages, embrevement dessus l’écrou Dd, & sous le seuil, dont la surface supérieure afflure presque le rez de chaussée, où il est scellé, aussi-bien que les bossages des extrémités inférieures des montans ou jumelles : le seuil de deux piés de large & de 18 pouces d’épaisseur a, aussi-bien que l’écrou Dd, 8 piés 9 pouces de long ; l’écrou de bois d’orme a 18 pouces de haut sur 21 de large ; il est percé de trois trous, deux qui sont taraudés pour recevoir les vis qui compriment les piles de papier Ff : le troisieme, qui est une mortaise, est entre les deux autres au milieu de la longueur du sommier ; elle reçoit le tenon supérieur en queue d’arronde, qui termine le montant du milieu, où il est arrêté par des clés : le tenon inférieur est de même fixé au seuil par des clés qui entrent par-dessous le seuil, & il y a 6 piés de distance depuis sa surface supérieure jusqu’à la surface inférieure de l’écrou, & 3 piés de distance d’un montant à l’autre : les faces opposées des montans sont à rainure, pour recevoir & servir de guides aux plateaux des presses, entre lesquels & le seuil se fait la compression du papier Ff qui y est placé : on ne voit dans la figure qu’un seul montant CE des trois qui composent l’autre double presse parallele.

Le bas de la même Planche, fig. 6 & 7, est le profil & le plan d’une machine, par le moyen de laquelle on fait lever un très-gros marteau, qui sert à battre le papier. Cette machine ou marteau est renfermée dans une cage de charpente, dont les bois ont 6 pouces sur 3 d’épaisseur, & consiste en un arbre, sur lequel est fixée une lanterne A de 12 fuseaux. Cette