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fer ; quand il est mêlé de plomb, on le nomme plomoronco.

NEGRILLON, s. m. (Commerce d’Afrique.) on nomme negrillons dans le commerce des esclaves, les petits negres de l’un ou de l’autre sexe qui n’ont pas encore passé dix ans : trois enfans de dix ans sont deux pieces d’Inde, & l’on compte deux enfans de cinq ans pour une piece.

NEGRO, (Géog.) en latin Niger, ou Tanager, riviere du royaume de Naples, dans la principauté citérieure. Elle a sa source aux frontieres de la Basilicate, à quelques villes de Policastro, & finit par la jetter dans la riviere de Selo. (D. J.)

NEGUNDO, sub. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbre des Indes orientales, dont on distingue deux especes ; l’une est appellée mâle, & l’autre femelle. Le mâle est de la hauteur d’un amandier ; ses feuilles sont faites comme celles du sureau, dentelées sur les bords, & fort velues. La femelle croît à la même hauteur que le mâle ; mais ses feuilles sont plus rondes, sans dentelure, semblables à celles du peuplier blanc : les feuilles des deux especes ont l’odeur & le goût de la sauge, avec plus d’âcreté & d’amertume. Il suinte pendant la nuit sur ces feuilles une seve ou suc blanc, qui s’évapore au lever du soleil. Leurs fleurs ressemblent à celles du romarin ; & les fruits qui leur succedent, ressemblent au poivre noir, excepté que leur goût n’est point si âcre, ni si brûlant. (D. J.)

NEGUS, (Hist.) c’est le nom que les Ethiopiens & les Abyssins donnent à leur souverain : ce mot signifie roi dans la langue de ces peuples. Ce prince prend lui-même le titre de negusa nagast zaitiopia, c’est-à-dire, roi des rois d’Ethiopie. Les Abyssins croient que les rois qui les gouvernent descendent de la reine de Saba, qui étant allée à Jérusalem pour admirer la sagesse de Salomon, eut, dit-on, de ce prince un fils appellé Menilehech, de qui sont venus les negus, ou rois d’Ethiopie, qui occupent aujourd’hui le trône. Ce prince fut, dit-on, élevé à la cour du roi Salomon son pere, d’où il amena plusieurs docteurs juifs, qui apporterent la loi de Moise dans ses états : les rois d’Ethiopie ont depuis embrassé le Christianisme. Les anciens rois d’Ethiopie fournissent un exemple frappant de l’abus du pouvoir sacerdotal ; Diodore de Sicile nous apprend que les prêtres de Meroe, les plus révérés de toute l’Ethiopie, ordonnoient quelquefois à leurs rois de se tuer eux-mêmes ; & que ces princes dociles ne manquoient point de se conformer à cet ordre qui leur étoit signifié de la part des dieux. Le même auteur dit que ce pouvoir exorbitant des prêtres dura jusqu’au regne d’Ergamenes, qui étant un prince guerrier, marcha à la tête d’une armée, pour réduire les pontifes impérieux qui avoient fait la loi à ses prédécesseurs.

NEHALENNIA, s. f. (Mythol.) cette déesse adorée dans le fond septentrional de la Germanie, étoit tout à-fait inconnue, lorsque le 5 de Janvier 1646, un vent d’est soufflant avec violence vers la Zélande, le rivage de la mer se trouva à sec proche Doesbourg, dans l’ile de Valchren ; & on y apperçut des masures que l’eau couvroit auparavant. Parmi ces masures étoient des autels, des vases, des urnes, & des statues ; & entre autres plusieurs qui représentoient la déesse Néhalennia, avec des inscriptions qui apprenoient son nom. Ce trésor d’antiquités fut bien-tôt connu des Savans ; & Urcé, dans son histoire des comtes de Flandres, tome I. page 51. a fait graver quatorze de ces statues, qui toutes portent le nom de cette déesse, à l’exception d’une seule. Dom Bernard de Montfaucon ne les a pas négligées ; & on en trouve sept à la fin du second tome de son antiquité, expliquées par les figures.

Dom Jacques Martin, dans son histoire de la religion des Gaulois, tome II. cap. xvij. s’est donné la peine de nous marquer toutes les attitudes qu’a cette déesse sur ces différentes statues, tantôt assise, tantôt debout ; un air toujours jeune, & un habillement qui la couvre depuis les piés jusqu’à la tête, la caractérisent par-tout : & les symboles qui l’environnent, sont ordinairement une corne d’abondance, des fruits qu’elle porte sur son giron, un panier, un chien, &c.

Comme une découverte est souvent favorable pour en amener d’autres, M. Keisler dans ses antiquités septentrionales, dit qu’en examinant avec soin les idoles qu’on voit encore dans la Zélande, on en remarque quelques-unes qui avoient tout l’air de Néhalennia, quoiqu’on ne se fût pas avisé de le soupçonner : du-moins est-il sûr que ce n’étoit pas dans cette province seule, qu’étoit connue & honorée cette déesse, puisque Gruter rapporte une inscription trouvée ailleurs, qui est consacrée à cette divinité par Eriattius fils de Jucundus : deæ Nehal. Eriattius Jucundi pro se & suis votum solvit libens merito ; car il n’est pas douteux que ce ne soit le nom de Nehalennia en abrégé. Mais quand on voudroit n’en pas convenir, il est sûr du-moins que cette déesse étoit honorée en Angleterre, puisqu’on y a trouvé une inscription où son nom est tout du long. On prétend encore qu’une image en mosaïque déterrée à Nimes, la représente ; mais la chose n’est rien moins que certaine.

Comme Neptune se trouve trois fois joint aux figures de Néhalennia, on pense que cette déesse étoit aussi invoquée pour la navigation ; & cette opinion est confirmée par une inscription d’Angleterre, dans laquelle Secundus Sylvanus déclare qu’il a accompli le vœu qu’il avoit adressé à cette déesse pour l’heureux succès du commerce de craie qu’il faisoit.

On ignore cependant ce qu’étoit la deesse Néhalennia ; les uns la prennent pour la lune ou la nouvelle lune ; d’autres pour une des déesses meres ; du moins les symboles dont nous avons parlé, lui conviennent assez bien. Comme on a découvert des monumens de ces déesses champêtres en France, en Angleterre, en Italie, & en Allemagne, il ne seroit pas étonnant qu’on en ait trouve dans la Zélande : toutes ces réflexions sont de M. l’abbé Bannier. Mythol. tome II. (D. J.)

NEHAVEND, (Géog.) ancienne ville de Perse dans le Couhestan, sur une montagne, à 14 lieues au midi de Hancédan, célebre par la victoire que les Arabes y remporterent sur les Persans en 638. Long. 83. 48. lat. 34. 12. (D. J.)

NEHÉMIE, Livre de, (Critiq. sacrée.) ce livre sacré est nommé plus communément le second livre d’Esdras, quoiqu’il commence ainsi, ce sont ici les paroles de Néhémie, & que l’auteur y parle presque toûjours en premiere personne ; mais cet auteur n’est point Nehémie, parce qu’il se trouve dans son livre bien des choses qui ne peuvent être de sa main. Il est visible, par exemple, que ce n’est point Néhémie qui a écrit le douzieme chapitre depuis le verset premier jusqu’au vingt-septieme : c’est une addition qui a été faite par ceux qui ont reçu ce livre dans le canon de l’Ecriture. Esdras en avoit montré l’exemple, en mettant çà & là dans son recueil des livres sacrés, les insertions qui lui parurent nécessaires. Ceux qui dans la suite continuerent le recueil, firent la même chose aux livres qu’ils ajouterent, jusqu’à ce que ce recueil parût complet à Simon le Juste, qui travailla le dernier à former le canon de l’ancien-Testament. Or, comme le livre de Néhémie étoit le dernier écrit, Simon le mit au nombre des livres sacrés. Ce fut alors sans doute, que se fit l’addition du douzieme chapitre, ou par Simon, ou