Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/843

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devant de cette caisse, a une échancrure demi-circulaire, vis-à-vis de laquelle est plantée verticalement & solidement une faux a, ou plutôt ce n’est que la plus large partie de la lame d’une faux, dont le dos & non le tranchant, est tourné du côté du dérompeur (fig. 1, 2 & 3), qui prend dans un coin de la caisse vis-à-vis de laquelle il est placé, une poignée de chiffons tels qu’ils sortent du pourrissoir, d’où on les apporte dans des mannes (fig. 4 & 5) ; & ayant un peu tordu cette poignée, qu’il tient à deux mains (fig. 1), il l’applique contre le bas du tranchant de la faux, & coulant vers le haut, il parvient à couper cette poignée en plusieurs tronçons qu’il jette dans un autre coin de la même caisse. Comme cette opération dépure en même tems le chiffon d’une partie des ordures qu’il contient, on a la précaution de mettre sur la table une claie d’ozier b (fig. 3.) à claire voye, élevée d’un pouce environ sur la table ; sans cela les ordures resteroient dans le chiffon dérompu, c’est-à-dire haché en petits morceaux, comme dans celui d’où elles sont sorties.

Comme on emploie à cet ouvrage des enfans de différentes tailles, le dérompoir doit être fourni de différens billots & planches de bois dd de différentes épaisseurs, pour qu’ils puissent s’exhausser & travailler commodément.

Chaque dérompeur doit être pourvû d’une pierre à éguiser pour affiler sa faux ; dans le même lieu il y a aussi une enclume f de faucheur, & son marteau e pour servir à battre les faux, dont le tranchant est bientôt émoussé par la rencontre des corps hétérogenes que le chiffon contient.

Description du moulin à maillets. Cette machine représentée dans les Pl. III. IV. V. de la Papeterie, savoir en plan au bas de la Pl. III ; en profil au bas de la Pl. IV, & en perspective dans la vignette de la Pl. V ; est composée d’un arbre AB garni de levées CCCC, qui passant successivement sous les manches des maillets, les élevent pour les laisser retomber ensuite sur le chiffon dont les piles sont remplies. Par cette trituration continuée autant de tems qu’il est nécessaire, le chiffon se trouve atténué au point convenable pour en faire du papier.

Sur l’arbre est fixée une roue à augets E, sur laquelle l’eau est amenée par le coursier FD ; la grandeur de cette roue, qui est variable, dépend de la hauteur de la chûte d’eau ; car si on n’en a pas une suffisante, on construit une roue à aubes, à laquelle le coursier fournit l’eau par-dessous ; on construit aussi dans ce cas, une ou plusieurs pompes, pour fournir aux piles l’eau nécessaire, laquelle y doit être perpétuellement renouvellée.

Les piles sont des creux MM pratiqués dans une forte piece de bois de chêne ou d’orme de 26 pouces de haut sur 24 de large, qu’on appelle aussi la pile ; on pratique autant de ces creux qu’il y a de place pour en former, ou que la quantité d’eau dont on peut disposer pour faire tourner la roue du moulin le comporte ; chacun de ces creux, qu’on appelle proprement pile, a 16 pouces de large & autant de profondeur ; les extrémités qui sont éloignées l’une de l’autre de 3 piés 8 pouces, sont arrondies, & le fond est occupé par une platine de fer fondu ou de fer forgé de 9 pouces de large, 32 de long, sur 2 pouces d’épaisseur, encastrée dans le fond de la pile. C’est entre cette platine représentée séparément (fig. 6. Pl. V.), & la ferrure dont les maillets sont armés, que le chiffon est broyé.

La pile qui est solidement affermie sur les solles GGG est entaillée à sa face inférieure d’environ 3 pouces, pour recevoir les solles qui sont elles-mêmes entaillées de la même quantité pour recevoir la pile ; les solles répondant vis-à-vis des cloisons qui séparent les piles l’une de l’autre, sont espa-

cées à la distance de 4 piés de milieu en milieu ; elles

ont 15 pouces de haut, 12 de large, & environ 6 piés de longueur ; elles sont scellées sur un massif de maçonnerie ; & les intervalles qui les séparent sont pavés en pente pour rejetter les eaux qui sortent des piles pendant la trituration.

Sur l’autre extrémité des solles, & parallélement à la pile, est établie une piece de bois L nommée sabliere, à la face supérieure de laquelle sont assemblées des pieces de bois H (Pl. III.) appellées grippes, dans lesquelles les queues des maillets sont assemblées par un boulon qui les traverse, & dont une est représentée séparément, fig. 4. Pl. V. Ces grippes, qui sont accollées deux à deux, ont 27 pouces de long non compris les tenons ee qui entrent dans la sabliere : elles ont 7 pouces d’épais ; & les deux qui répondent vis-à-vis une pile occupent sur la sabliere une longueur de 2 piés 9 pouces. Elles ont chacune à leur partie supérieure deux entailles cc de 3 pouces de large sur 9 ou 10 de longueur, destinées à recevoir les queues des maillets ; elles sont de plus affermies chacune dans la situation verticale par une cheville k, visible dans les trois Planches citées, qui traverse l’épaisseur de la grippe passant par le trou a, & va s’implanter dans la face opposée de la pile. On a donné à ces chevilles le nom de chevilles bastieres. La distance des grippes à la pile est de 22 pouces.

Les queues des maillets ont six piés de longueur, 7 pouces de large & trois pouces d’épais du côté de l’arbre ; trois pouces & demi du côté de la grippe : les extrémités en sont garnies de frettes de fer ; celle cotée F fig. 2. Pl. V. garantit cette partie de l’usure que le frottement des levées pourroit y occasionner ; & celle cotée H sert à empêcher la queue de se fendre, principalement lorsqu’on fait usage de l’engin, fig. 2. pour relever les maillets.

Le maillet AG, fig. 2. est un morceau de bois de 6 pouces d’équarissage, & 2 piés 8 pouces de long, y compris la ferrure qui a 5 pouces ; il est percé d’une longue mortaise visible dans la fig. 3, pour recevoir la queue ou manche du marteau, & le coin B qui sert à le fixer sur le manche. La distance de l’extrémité inférieure de la mortoise à l’extrémité E de la ferrure, est de 17 pouces ; ensorte que les maillets reposant sur la platine que nous avons dit être au fond de la pile, il reste encore un pouce de vuide entre la queue du manche du maillet, & le bord supérieur de la même pile.

La ferrure d’un maillet pese environ 25 livres, & est composée d’une frette de fer D de 2 pouces & demi de large & 6 lignes d’épaisseur, & d’un grand nombre de clous tranchans E, dont les extérieurs sont à un seul biseau, & les intérieurs E fig. 3. à deux biseaux. Ils ont 7 ou 8 pouces de long, & sont posés en liaison comme le plan fig. 3. le fait voir ; leur saillie au-dessous de la frette est de trois pouces, & ils sont placés dans des traits de scie que l’on a fait à l’extrémité du maillet avant d’y monter la frette D qui empêche le mailler de fendre.

Chacune des grippes fig. 4. Pl. V. est garnie de deux crochets a, dont les pitons b répondent au-dessous des entailles c qui reçoivent les queues des maillets. C’est par le moyen de ces crochets que l’on tient les maillets élevés en faisant passer le crochet d sur la queue du maillet, que l’on éleve au moyen du levier ou engin, fig. 5. dont l’étrier M reçoit la partie entaillée L de la queue du maillet. La partie N de l’engin s’applique sous la frette H, & on appuie sur l’extrémité o pour élever le maillet, & retirer par ce moyen les matieres contenues dans la pile.

La fig. 7. est une coupe de la pelle, suivant sa longueur ; AB, la platine ; DE, DE, deux coulisses qui servent de guides au kas, fig. 8. dont on voit