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mâle, mie, tubulée, divisée en plusieurs endroits, composée de cinq longs segmens étroits, étendus en forme d’étoiles, garnis d’une multitude d’étamines ; elle croît séparément sur une plante mâle.

Il y a une autre plante femelle, où l’extrémité du pédicule s’ouvre, & forme un petit calice dentelé, où l’on remarque la figure pentapétale, ou plutôt celle d’une gousse ou d’une enveloppe sans étamine. Au fond de cette fleur ou de cette enveloppe est placé un ovaire, garni d’un tube ouvert, divisé en cinq endroits, chaque segment forme une espece de branche feuillue qui dégénere en un fruit charnu, cannelé, semblable au melon, dont l’écorce est épaisse, & dont la pulpe couverte par-tout d’une enveloppe contient quantité de semences blanches & striées.

Il y a une grande abondance de papaya à la Chine, dans les provinces de Canton & de Focien : cet arbre y porte beaucoup de fruits attachés à son tronc, & ses fruits sont presque aussi gros que des melons ; la chair en est rousse, molle, & d’un goût agréable. L’on voit quelquefois sur le même arbre des fleurs ouvertes semblables à nos lys, des boutons, des fruits encore verts, & d’autres qui sont jaunes & mûrs. Le papaya sauvage se multiplie de la semence de son fruit lorsqu’il tombe : on en peut voir la figure dans Boym, Flora sinensis. (D. J.)

PAPE, s. m. (Hist. ecclésiast.) nom grec, qui signifie ayeul ou pere des peres. Il a été commun à tous les prêtres, & on l’a donné aux évêques & aux patriarches. Il est enfin devenu le titre distinctif de l’évêque de Rome. Dans le viij. concile œcuménique tenu à Constantinople en 869, & qui étoit composé de 300 évêques, tous les patriarches y furent appellés papes, & le patriarche de Rome Jean VIII. donna même, par ses lettres & par ses légats, le titre de votre sainteté au patriarche Photius. Saint Augustin écrivant à sa sœur, lui dit : Je crois que vous avez les ouvrages du saint pape Ambroise. Saint Jérôme écrivant à saint Augustin, l’appelle le bienheureux pape Augustin ; & saint Augustin dans une lettre adressée à l’évêque Aurele, le qualifie de très-saint pape & de très-honoré seigneur Aurele. On appella donc ainsi tous les évêques qui pendant long-tems s’intitulerent eux-mêmes papes, peres, pontifes, serviteurs des serviteurs de Dieu, apostoliques, &c. Ce ne fut que vers la fin du xj. siecle que Gregoire VII. évêque de Rome, dans un concile tenu à Rome fit ordonner que le nom de pape demeureroit au seul évêque de Rome, ce que l’usage a autorisé en Occident ; car en Orient on donne encore ce même nom aux simples prêtres.

Constantin donna, non au seul évêque de Rome, mais à la cathédrale qui étoit l’église de S. Jean, mille marcs d’or, & trente mille marcs d’argent, avec mille sols de rente, & des terres dans la Calabre. Chaque empereur augmenta ensuite ce patrimoine. Les évêques de Rome en avoient besoin. Les missions qu’ils envoyerent bientôt dans l’Europe païenne, les évêques chassés de leurs sieges auxquels ils donnerent asyle, les pauvres qu’ils nourrirent, les mettoient dans la nécessité d’être très-riches. Le crédit de la place supérieure aux richesses fit bientôt du pasteur des chrétiens de Rome, l’homme le plus considérable de l’Occident. La piété avoit toujours accepté ce ministere ; l’ambition le brigua. On se disputa la chaire. Il y eut deux anti-papes dès le milieu du quatrieme siecle, & le consul Prétexta, idolâtre, disoit en 466 : Faites-moi évêque de Rome, & je me fais chrétien.

Cependant cet évêque n’avoit d’autre pouvoir que celui que peut donner la vertu, le crédit, ou l’intrigue dans des circonstances favorables. Jamais aucun pasteur de l’Eglise n’eut la jurisdiction contentieuse, encore moins les droits régaliens. Aucun n’eut ce

qu’on appelle jus terrendi, ni droit de territoire, ni droit de prononcer do, dico, addico. Les empereurs resterent les Juges suprèmes de tout hors du dogme. Ils convoquerent les conciles. Constantin, à Nicée, reçut & jugea les accusations que les évêques porterent les uns contre les autres, le titre de souverain pontife resta même attaché à l’empire. Quand Théodoric eut établi le siege de son empire à Ravenne, deux papes se disputerent la chaire épiscopale ; il nomma le pape Simmaque ; & ce pape Simmaque étant accusé, il le fit juger par ses missi dominici.

Atalaric son fils régla les élections des papes & de tous les autres métropolitains de ses royaumes par un édit qui fut observé ; édit rédigé par Cassiodore son ministre, qui depuis se retira au mont Cassin, & embrassa la regle de S. Benoît ; édit auquel le pape Jean II. se soumit sans difficulté. Quand Bélizaire vint en Italie, & qu’il la remit sous le pouvoir impérial, on sait qu’il exila le pape Silverius, & qu’en cela il ne passa point les bornes de son autorité, s’il passa celles de la justice.

Dans la déplorable situation où se trouvoit la ville de Rome aux vij. & viij. siecle, cette ville malheureuse, qui mal défendue par les exarques & continuellement menacée par les Lombards, reconnoissoit toujours l’empereur pour son maître, le crédit des papes augmentoit au milieu de la désolation de la ville. Ils en étoient souvent les consolateurs & les peres ; mais toujours sujets, ils ne pouvoient être consacrés qu’avec la permission expresse de l’Exarque. Les formules par lesquelles cette permission étoit demandée & accordée, subsistent encore. Le clergé romain écrivoit au métropolitain de Ravenne, & demandoit la protection de sa béatitude auprès du gouverneur, ensuite le pape envoyoit à ce métropolitain sa profession de foi.

Astolphe, roi des Lombards, prétendit avoir Rome par le droit de sa conquête de l’exarcat de Ravenne, dont le duché de Rome dépendoit. Le pape Etienne II. seul défenseur des malheureux Romains, envoya demander du secours à l’empereur Constantin, surnommé Copronyme. Ce misérable empereur envoya pour tout secours un officier du palais avec une lettre pour le roi Lombard. C’est cette foiblesse des empereurs grecs, qui fut l’origine du nouvel empire d’Occident & de la grandeur pontificale.

Rome tant de fois saccagée par les Barbares, abandonnée des empereurs, pressée par les Lombards, incapable de rétablir l’ancienne république, ne pouvoit plus prétendre à la grandeur. Il lui fallut du repos. Elle l’auroit goûté, si elle avoit pu dès-lors être gouvernée par son évêque, comme le furent depuis tant de villes d’Allemagne, & l’anarchie eût au moins produit ce bien ; mais il n’étoit pas encore reçu dans l’opinion des chrétiens qu’un évêque pût être souverain, quoiqu’on eût dans l’histoire du monde tant d’exemples de l’union du sacerdoce & de l’empire dans d’autres religions. Le pape Gregoire III. recourut le premier à la protection des Francs contre les Lombards & contre les empereurs. Zacharie son successeur animé du même esprit, reconnut Pepin, usurpateur du royaume de France, pour roi légitime.

On a prétendu que Pepin, qui n’étoit que premier ministre, fit demander d’abord au pape quel étoit le vrai roi, ou de celui qui n’en avoit que le droit & le nom, ou de celui qui en avoit l’autorité & le mérite ? & que le pape décida que le ministre devoit être roi. Il n’a jamais été prouvé qu’on ait joué cette comédie ; mais ce qui est vrai, c’est que le pape Etienne III. appella Pepin à son secours contre les Lombards ; qu’il vint en France, & qu’il donna dans S. Denis l’onction royale à Pepin, premier roi consacré en Europe. Non-seulement ce premier usurpateur re-