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la porte ordinairement en écharpe : panteine est la même chose que pantiere.

PANTINS, (Hist. mod.) petites figures peintes sur du carton, qui par le moyen de petits fils que l’on tire, font toutes sortes de petites contorsions propres à amuser des enfans. La posterité aura peine à croire qu’en France, des personnes d’un âge mûr ayent pû dans un accès de vertige assez long, s’occuper de ces jouets ridicules, & les rechercher avec un empressement, que dans d’autres pays l’on pardonneroit à peine à l’âge le plus tendre.

PANTINE, s. f. (Soie & Laine.) c’est un assemblage plus ou moins considérable d’échevaux, à proportion de leur grosseur. De pantine on a fait pantener. Pantener, c’est attacher des bouts de fil aux pantines, pour empêcher qu’elles ne se mêlent.

Pantine, (Rubanier.) se dit aussi d’un gros écheveau qui en contient lui-même plusieurs petits, qu’il faut avoir soin de séparer pour rendre le poids plus léger, & par conséquent plus facile à tourner pour le dévidage ; il y a plus ou moins de pantines à la balle, le nombre n’en est pas limité.

PANTOGRAPHE, s. m. (Art du Dessein.) le pantographe ou singe, est un instrument qui sert à copier le trait de toutes sortes de desseins & de tableaux, & à les réduire, si l’on veut, en grand ou en petit ; il est composé de quatre regles mobiles ajustées ensemble sur quatre pivots, & qui forment entre elles un parallélogramme. A l’extrémité d’une de ces regles prolongées est une pointe qui parcourt tous les traits du tableau, tandis qu’un crayon fixé à l’extrémité d’une autre branche semblable, trace légerement ces traits de même grandeur, en petit ou en grand, sur le papier ou plan quelconque, sur lequel on veut les rapporter.

Cet instrument n’est pas seulement utile aux personnes qui ne savent pas dessiner, il est encore très-commode pour les plus habiles, qui se procurent par-là promptement des copies fideles du premier trait, & des réductions qu’ils ne pouroient avoir sans cela qu’en beaucoup de tems, avec bien de la peine, & vraissemblablement avec moins de fidélité.

Cependant de la maniere dont le pantographe avoit été construit jusques-ici, il étoit sujet à bien des inconvéniens, qui en faisoient négliger l’usage. Le crayon porté à l’extrémité de l’une des branches, ne pouvoit pas toujours suivre les inégalités du plan sur lequel on dessinoit ; souvent il cessoit de marquer le trait, & plus souvent encore sa pointe venant à se briser, gâtoit une copie déjà fort avancée : lorsqu’il falloit quitter un trait achevé, pour en commencer un autre, on étoit obligé de déplacer les regles, ce qui arrivoit à tous momens.

M. Langlois, ingénieur du roi, a très-heureusement corrigé tous ces défauts dans le nouveau pantographe qu’il a présenté à l’académie des Sciences en 1743, & c’est principalement par le moyen d’un canon de métal dans lequel il place un porte-crayon, qui pressant seulement par son poids, & autant qu’il le faut le plan sur lequel on copie, cede aisément & de lui-même en s’élevant & s’abaissant, aux inégalités qu’il rencontre sur ce plan ; à la tête du porte-crayon s’attache un fil, avec lequel on le souleve à volonté, pour quitter un trait & en commencer un autre, sans interrompre le mouvement des regles, & sans les déplacer.

Outre ces corrections, M. Langlois ajuste la pointe à calquer de son pantographe, le porte-crayon, & le pivot des regles, sur des especes de boîtes ou coulisses, qui peuvent se combiner différemment sur ces regles, selon qu’on veut copier en grand ou en petit, plus ou moins, & il rend enfin tous ces mouvemens beaucoup plus aisés en faisant soutenir les regles par de petits pilliers garnis de roulettes excentriques. Le

pantographe ainsi rectifié est un instrument propre à réduire en grand & en petit toutes sortes de figures, de plans, de cartes, d’ornemens, &c. très-commodément & avec beaucoup de précision & de promptitude. Voyez nos Pl. de Dessein & leur explic.

PANTOGONIE, s. f. (Géom.) nom donné par M. Bernoulli, à une espece de trajectoire réciproque, qui pour chaque différente position de son axe se coupe toujours elle-même sous un angle constant. Voyez Trajectoire, voyez aussi les Œuvres de Jean Bernoulli, tom. II. pag. 600. (O)

PANTOIMENT, s. m. (Fauconnerie.) c’est le nom que l’on donne à une maladie qui vient à un oiseau de proie, qu’on appelle asthme, elle lui rend le poumon enflé.

PANTOIS ou PANTOISE, s. m. & f. (Fauconn.) maladie de trois sortes, l’une qui survient à la gorge des oiseaux de proie, l’autre qui leur vient de froideur, l’autre qui se congrege aux reins & aux roignons ; on dit ce faucon a le pantois ou la pantoise. Ce mal est causé par des humeurs âcres qui tombent du cerveau sur le poumon, le desséchent & alterent les organes de la respiration ; pour y remédier il faut purger l’oiseau avec de l’huile battue & blanchie dans une ou deux eaux, ce qui se fait ainsi : vous prenez une écuelle, ou quelque autre vaisseau percé, vous bouchez le trou avec le doigt, vous versez dans ce vaisseau de l’eau nette, & ensuite de l’huile, & après avoir bien remué & battu les deux liqueurs avec une spatule jusqu’à ce que l’eau paroisse chargée de ce que l’huile a de plus grossier, vous retirerez le doigt & laisserez couler l’eau, ayant soin de retenir l’huile dans le vaisseau, vous en faites prendre à l’oiseau, & vous le portez sur le poing jusqu’à ce qu’il ait rendu son remede avec ses émeus ; une heure ou une heure & demie après vous lui donnerez du cœur de veau ou de foie de poule mouillé ; si l’oiseau est bien à la chair, on peut lui faire macérer sa viande dans l’eau de rhubarbe, & lui en donner après l’avoir bien nettoyé, vous continuerez ainsi pendant six ou sept jours, observant de le purger avec une cure de filasse ou de coton le quatrieme jour.

Le pantois se connoit particulierement à ces signes, 1°. si l’oiseau a des fréquens battemens de poitrine ; 2°. lorsqu’il fait mouvoir son balai tantôt haut tantôt bas ; 3°. s’il ne peut émeuter, ou si ses émeus sont petits, ronds & secs ; 4°. si l’oiseau a le bec ouvert, s’il bâille, & s’il ferme le bec en haut ; ce dernier signe est mortel.

PANTOMATRIUM, (Géog. anc.) promontoire de l’île de Crete, qui selon Niger & Pinel, porte à-présent le nom de Milopotamo. (D. J.)

PANTOMETRE, s. m. (Géom.) instrument propre à mesurer toutes sortes d’angles, de longueur ou de hauteur. Voyez Holometre.

PANTOMIME, s. m. (Jeux scéniq. des Romains.) on appelloit pantomimes, chez les Romains, des acteurs qui, par des mouvemens, des signes, des gestes, & sans s’aider de discours, exprimoient des passions, des caracteres, & des évenemens.

Le nom de pantomime, qui signifie imitateur de toutes choses, fut donné à cette espece de comédiens, qui jouoient toutes sortes de pieces de théâtre sans rien prononcer ; mais en imitant & expliquant toutes sortes de sujets avec leurs gestes, soit naturels, soit d’institution. On peut bien croire que les pantomimes se servoient des uns & des autres, & qu’ils n’avoient pas encore trop de moyens pour se faire entendre. En effet, plusieurs gestes d’institution étant de signification arbitraire, il falloit être habitué au théâtre pour ne rien perdre de ce qu’ils vouloient dire. Ceux qui n’étoient pas initiés aux mysteres de ces spectacles, avoient besoin d’un maître qui leur en donnât l’explication ; l’usage appre-