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pas les confondre avec les vaisseaux lactés, semés dans le centre du mésentere, comme ont fait Asellius & Veslingius, depuis les anciens qui donnent tous ces vaisseaux lactés au pancréas. Voyez Lacté.

Le pancréas a un conduit formé par tous les rameaux qui partent de tous les petits grains qui le composent ; situé dans la partie moyenne, il en suit presque la direction ; il reçoit un autre rameau de la partie du pancréas, qui descend le long du duodenum, & s’ouvre avec lui dans le canal cholédoque, après avoir traversé toutes les membranes de l’intestin duodenum : ce conduit est quelquefois double ; Hérophile & Eudeme le connoissoient : Maurice Hoffman le fit voir double à Wirsung, dans le poulet-d’inde en 1641 ; & Wirsung l’ayant démontré le premier publiquement, son nom est resté à ce conduit. Voyez Wirsung.

C’est par ce conduit que le suc pancréatique est porté dans le duodenum. Voyez Pancréatique & Duodenum.

Les auteurs praticiens font mention d’abscès au pancréas, mais on ne les a jamais découverts qu’après la mort des malades, & l’on s’en est douté fortement par quelques symptomes du mal, & le pus rendu par les selles. Les tumeurs de cette glande ne peuvent guere s’appercevoir au toucher, à cause de la position de l’estomac qui couvre le pancréas ; cependant on soupçonne l’existence du mal par la difficulté de respirer, par des vomissemens, & par une diarrhée bilieuse, accompagnée de douleurs à la région lombaire.

Au reste, l’Anatomie comparée fournit aux curieux une grande variété sur la forme, la structure, la grosseur, & l’insertion du pancréas dans les divers animaux. Il est d’une étendue si énorme dans quelques poissons, qu’il occupe presque toute la capacité de l’abdomen. Le poisson que M. Perrault appelle lieu, a 440 pancréas, & cinq ouvertures dans l’intestin qui répondent à cinq branches, dont il y en a trois qui ont chacune 80 pancréas, & deux qui en ont chacune 100. (D. J.)

PANCRÉATIQUE, conduit, (Anatomie.) conduit particulier qui se trouve le long du milieu de la largeur du pancréas ; il est très-mince, blanc, & presque transparent. Il s’ouvre par l’extrémité de son tronc dans l’extrémité du conduit cholédoque. De-là le diametre de ce trou diminue peu-à-peu, & se termine en pointe du côté de la rate. Les petites branches collatérales sont aussi à proportion un peu grosses vers le tronc, fort déliées vers les bords du pancréas, & toutes situées sur un même plan à-peu-près comme les petites branches de la plante appellée fougere ; ce conduit ressemble à une veine vuide ; sa grosseur approche de celle d’un tuyau de paille.

Maurice Hoffman a découvert le premier à Padoue en 1641 le conduit pancréatique dans un coq-d’inde ; & l’année suivante en 1642, Wirsung l’a découvert dans l’homme ; c’est le témoignage de Thomas Bartholin qui étoit présent ; & son témoignage est si précis, que le conduit pancréatique a été nommé depuis par les Anatomistes conduit de Wirsung.

Ce conduit se trouve quelquefois double dans l’homme, ce qui est commun aux oies, aux canards, aux coqs d’Afrique, aux faisans ; il est triple dans nos coqs, dans les pigeons, dans l’aigle, &c. il n’est pas toujours également étendu selon sa longueur : il traverse les tuniques du duodenum, & s’ouvre dans le canal cholédoque pour l’ordinaire un peu au-dessus de la pointe saillante de l’ouverture de ce canal ; quelquefois il s’ouvre immédiatement dans le duodenum.

Ceux qui se mêlent d’injections anatomiques nous ont appris que c’est par ce canal que tous les points du pancréas, pourvû qu’on ait eu soin de le bien laver auparavant, peuvent être parfaitement rem-

plis de matiere céracée. Formé par la derniere réunion

de tous les émissaires qui partent de chaque grain glanduleux, il rampe par la membrane cellulaire dans la circonférence externe du duodenum ; il perce ensuite la tunique musculeuse, & s’ouvre dans la cavité de l’intestin. Son obliquité doit conséquemment empêcher toutes les liqueurs des intestins d’entrer dans le pancréas ; c’est par le conduit de Wirsung que le pancréas souffrant quelque extravasation de sang peut s’en décharger par les selles ; il en faut dire autant de son abscès, aussi-bien que de ceux du foie, dont le pus peut s’évacuer par la même route. (D. J.)

Pancréatique, suc, (Physiolog.) suc lymphatique qui découle du pancréas par le canal de Wirsung dans le duodenum.

Cette liqueur toute simple qu’elle est a produit sur la fin du dernier siecle une hypothèse qui a fait de grands ravages en Médecine, je veux parler de l’hypothèse de Van-Helmont, adoptée & vivement défendue par Sylvius de le Boé, sur l’acidité du suc pancréatique, & sa fermentation avec la bile ; source, à ce qu’ils croyoient, de toutes les maladies aigues & chroniques. La Physiologie & la Pathologie ont longtems porté sur cette chimere que le suffrage, l’éloquence, les leçons & les écrits du fameux professeur de Leyde n’avoient que trop accréditée. Heureusement on est aujourd’hui revenu de son opinion, que je qualifierois de risible, si elle n’avoit été le fondement de pratiques fatales au genre humain.

Le suc pancréatique est réellement une lymphe insipide, claire, abondante, très-semblable à la salive par son origine, sa transparence, son goût, sa nature & les organes qui la filtrent sans cesse ; ce sont de très-petites glandes conglomerées, lesquelles de plusieurs n’en forment qu’une seule. Cette lymphe confondue avec la bile dans le vivant, séjournant dans le même tuyau, se mêlant également avec elle, ou même coulant seulement dans les intestins vuides, n’a aucun mouvement d’effervescence. C’est donc sans raison qu’on a distingué ce suc de la salive, du suc stomacal, & du suc intestinal ; ces liqueurs sont les mêmes ; elles ne sont qu’une eau jointe à une huile fort atténuée & au sel salé.

Le suc pancréatique, que nous venons de décrire, sert beaucoup à la digestion. Son usage est de dissoudre les matieres gommeuses, salines, mucilagineuses, de délayer celles qui sont trop épaisses, de rendre le chyle miscible au sang, de le mettre en état de passer par les vaisseaux lactées, de corriger les matieres âcres, de changer la viscosité, l’amertume & la couleur de la bile, d’adoucir son acrimonie, & de la mêler intimement au chyle : son usage est encore de lubrifier par son onctuosité la partie interne des intestins, de faire les fonctions de menstrue & de véhicule, & finalement de changer les goûts, les odeurs, les qualités particulieres des alimens de façon qu’ils n’acquierent presque qu’une seule & même nature. Il ne s’agit plus maintenant que de dire un mot de la force qui fait couler le suc pancréatique.

1°. Comme l’artere qui porte le sang dans le corps glanduleux du pancréas est près du cœur, l’impulsion du sang est fort considérable ; ainsi comme le sang fournit toujours de nouveaux sucs qui se filtrent, le premier qui a été filtré doit couler nécessairement. 2° Ce suc coulant des petites glandes par des petits tuyaux qui vont aboutir au grand canal du milieu, est exprimé dans le duodenum par le mouvement du diaphragme, par la pression du ventricule quand il est rempli, par la force des muscles de l’abdomen, & finalement par l’action du corps.

On a tâché de calculer par des expériences sur des animaux la quantité de la secrétion de ce suc dans le duodenum pendant un certain espace de