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chlamys ; les autres une sorte de manteau qui couvroit l’épaule gauche, & s’attachoit sur la droite avec une agraffe d’or. Peut-être est-il possible de tout concilier, en disant que le paludamentum comprenoit & la cote d’armes, & cette espece de manteau. Quoi qu’il en soit, le paludamentum étoit écarlate & pourpre ; mais il paroît que l’écarlate y dominoit.

Vitellius étant prêt d’entrer dans Rome avec cet habillement, ses amis ne manquerent pas de lui représenter, que ce seroit traiter la capitale de l’empire comme une ville prise d’assaut. Sur leur remontrance, il quitta le paludamentum, pour revêtir la robe consulaire. Ipse Vitellius à ponte Milvio, insigni equo, paludatus, accinctusque, senatum & populum ante se agens, quominus ut captam urbem ingrederetur, amicorum concilio deterritus, sumptâ pretextâ, & composito agmine incessit. Plus de six-vingt ans après, le même cérémonial fut observé lors de la magnifique entrée de Severe, qui se trouve décrite dans l’abrégé de Dion. Ce prince étant venu jusqu’à la porte de la ville en habit de guerre, descendit de cheval, prit la toge, & fit à pié le reste du chemin.

Lucullus si connu par le luxe qu’il introduisit le premier à Rome, où la magnificence de ses bâtimens, de ses équipages, & de sa table, donna l’exemple, avoit tant de paludamenta, qu’il en ignoroit la quantité. Horace lui en donne cinq mille destinés à être apprêtés pour des représentations de théâtre. Les cinq mille sont sans doute une exagération que demandoit le vers ; mais enfin Plutarque lui en donne deux cens, & c’est assez pour qu’on puisse dire avec le poëte, que Lucullus n’en savoit pas le nombre. (D. J.)

PALUDE, (Géog. mod.) ville d’Asie dans les états du Turc, au gouvernement d’Erzerom, près de l’Euphrate. Elle est située sur une montagne escarpée de tous côtés, & cependant habitée par des mahométans & des chrétiens. Long. 57. lat. 38. 35.

PALUS-MEOTIDE, le, (Géog. anc.) en latin Palus-Mœtis, grand golfe ou mer, entre l’Europe & l’Asie, au nord de la mer noire, avec laquelle le Palus-Méotide communique, par le moyen d’une embouchure appellée anciennement le bosphore Cimmérien. Les anciens lui ont donné tantôt le nom de lac, tantôt celui de marais. Pline, l. II. c. lxvij. l. V. c. xxvij. & Pomponius Mela, l. I. c. i. & ij. se servent indifféremment des mots lacus & palus, pour désigner cette mer. En effet, on pourroit ne la considérer que comme un grand marais, attendu le peu d’eau qu’on y trouve en plusieurs endroits. Lucain dit, l. II. v. 641.

Pigra Palus scythici patiens Mæotica palustri.


Les Grecs, comme Strabon, l. II. p. 125. le Périple de Scylax & Ptolomée, l. V. c. ix. désignent cette mer par le mot de λίμνη, qui veut dire un marais.

Depuis l’isthme qui joint la Chersonnèse Taurique, au continent, jusqu’à l’embouchure du Tanaïs, aujourd’hui le Don, le Palus-méotide s’étend du Sud-Ouest au Nord-Est. Strabon lui donne neuf mille stades de circonférence, & le Périple de Scylax juge que sa grandeur répond à la moitié de celles du Pont-Euxin ; mais ni l’un ni l’autre n’ont touché le but, & il ne leur étoit guere aisé de marquer au juste l’étendue d’un endroit peu connu, & habité par des nations barbares, puisqu’aujourd’hui même, tous les Géographes ne sont pas encore d’accord sur la véritable grandeur du Palus-Méotide. Les peuples qui habitoient sur ses bords, étoient appellés anciennement Mæotæ, Mæotici & Mæotidæ. Ptolomée en a décrit la côte.

Aujourd’hui le Palus-Méotide qui se trouve avoir conservé son ancien nom, & qu’on appelle aussi la mer de l’abache, est habité au nord par les petits Tartares, à l’Orient & au Midi, en partie par les Circassiens, & à l’Occident méridional, par les Tartares Crimées.

Ce grand golfe ou mer, situé vers le 60 degré de longitude, & le 46. de lat. septent. On lui donne 200 lieues de circuit. (D. J.)

PAMBON, s. m. (Hist. nat. Ophyolog.) serpent des Indes, sur lequel on ne lit que des choses vagues dans les lettres édifiantes ; que le venin en est vif ; que les murailles de terre dont les pauvres maisons des missionnaires sont construites, l’attirent ; qu’il est plus commun à Maduré qu’ailleurs, parce qu’il est sacré ; qu’on le revere ; qu’on le nourrit à la porte des temples, & qu’on le reçoit dans les maisons ; qu’on a un remede contre sa morsure, &c. voilà ce qu’on appelle faire l’histoire en voyageur ignorant, & non en naturaliste.

PAMÉ, adj. m. Terme de Blason, c’est-à-dire, à gueule béante & comme évanouie ; ce mot s’emploie particulierement du dauphin d’Auvergne sans langue, & la levre ouverte, pour le distinguer du dauphin de Viennois, qui est représenté vif. Il se dit aussi de l’aigle qui n’a point d’yeux, & qui a le bec si crochu & si long, qu’elle ne peut plus rien prendre pour se nourrir.

PAMÉE, terme de Brasserie ; il se dit d’une piece qui ne jette plus de guillage.

PAMER, SE PAMER, v. neut. Voyez Pamoison.

PAMIERS ou PAMIEZ, (Géog. mod.) en latin moderne Apamia ; ville de France dans le haut Languedoc, au pays de Foix, avec un évêché suffragant de Toulouse, érigé en 1296. Cette ville a souvent été saccagée, & ne contient gueres aujourd’hui que trois mille ames. Elle est sur l’Auriegue, à 3 lieues N. de Foix, 15 S. de Toulouse, 165 S. O. de Paris. Long. 19. 56. lat. 44. 7.

PAMISUS, (Géog. anc.) il y a trois fleuves qui portent ce nom ; le premier étoit situé dans le Péloponnèse, ayant son embouchure au fond du golfe de Messénie, il se joignoit avec l’Alphée ; le second étoit un fleuve de Thessalie ; le troisieme étoit dans la basse Mœsie. Ptolomée, qui l’appelle Panysus, en met l’embouchure entre Odessus & Mesembria. (D. J.)

PAMMELIS, s. f. (Mythol.) nom que l’on donnoit à Osiris ; il est forme de πᾶν, tout, & de μέλει, il a soin. Le Dieu qui veille à tout, la nature.

PAMMETRE, vers (Poésie.) c’étoit une espece de poésie latine fort semblable à nos pieces françoises de vers irréguliers, où l’on employoit des vers de toutes sortes de grandeur, sans aucun retour régulier, & sans aucune combinaison uniforme. Ces vers s’appelloient aussi saturniens, d’une ancienne ville de Toscane nommée Saturnia. (D. J.)

PAMMILIES ou PAMYLIES, s. f. pl. (Mythol.) pammilia sacra, fêtes en l’honneur d’Osiris. La fable raconte qu’une femme de Thèbes en Egypte, étant sortie du temple de Jupiter pour aller chercher de l’eau, entendit une voix qui lui ordonnoit de publier qu’Osiris étoit né, qu’il seroit un jour un grand prince, & feroit le bonheur de l’Egypte. Pamila ; c’étoit le nom de cette femme, flattée de cette espérance, nourrit & éleva Osiris. En mémoire de la nourrice, on institua une fête, qui de son nom fut appellée Pamylie. On y portoit une figure d’Osiris assez semblable à celle de Priape, parce qu’Osiris étoit regardé comme le dieu de la génération.

L’auteur de l’histoire du Ciel donne à cette fête une origine bien plus simple : le nom des Pamylies, dit-il, ne signifie que l’usage moderé de la langue. De-