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c’est seulement lorsqu’autour de cette tête, il croît un ou deux rejettons, qui grossissent & se fortifient par la négligence du propriétaire.

La tête, selon les différens états de l’arbre, est composée au-moins de quarante branches feuillées, qui font un bel effet, & qui sont placées circulairement ; car au sommet du tronc, il se trouve un grand bourgeon conique, de deux coudées de longueur, grêle, terminé en pointe, & composé de branches feuillées prêtes à se développer ; celles de l’intérieur, & qui ne sont pas encore totalement épanouies, l’entourent immédiatement.

Des aisselles des branches feuillées, sortent des grappes branchues, qui ont chacune leur spathe ou enveloppe, & qui portent des fleurs dans le palmier mâle, & des fruits dans le palmier femelle ; la branche feuillée est longue d’environ trois brasses, composée de feuilles semblables à celles du roseau, disposées sur une côte de chaque côté dans toute la longueur.

Cette côte est applatie vers son origine, & diminue insensiblement jusqu’à son extrémité ; elle est verte, lisse, luisante & jaunâtre à sa base ; elle est de même substance que le tronc, mais moins compacte, entremêlée de fibres plus blanches & plus déliées.

On peut considérer dans la côte trois parties ; l’une en est la base, l’autre qui est nue, & la derniere qui est chargée de feuilles. La base est la partie inférieure de la côte ; elle est attachée & posée sur le tronc en maniere d’écaille, de figure à-peu-près triangulaire, concave intérieurement, mince sur les bords, terminée par un grand nombre de fibres, entrelacées en maniere de tissu, qui sert à réunir les deux bases des côtes intermédiaires du rang supérieur.

La partie nue, qui s’étend depuis la base jusqu’aux premieres feuilles, est cette portion qui reste après la premiere coupe, & qui dans la seconde est retranchée par ceux qui cultivent les palmiers avec soin, de peur qu’elle retienne l’eau de la pluie. Pline appelle cette partie du nom de pollex, qui signifie chicot.

La derniere partie de la côte est bordée d’épines des deux côtés, & chargée de feuilles dans toute sa longueur.

Les épines sont les jeunes feuilles qui sortent de chaque côté de la côte : les premieres sont courtes & plus écartées ; les autres sont plus longues & plus près les unes des autres, jusqu’à ce qu’ayant acquis la longueur d’une coudée, elles prennent peu-à-peu la forme de feuilles. Ces épines sont de la figure d’un cône irrégulier & anguleux, épaisses, dures, en quelque façon ligneuses ; leur superficie est luisante, & d’un verd tirant sur le jaune pâle, creusée en gouttiere à la face supérieure ; leur pointe est arrondie & de couleur brune ; enfin elles s’étendent, & se changent peu-à-peu en feuilles.

Ces feuilles durent toujours ; elles sont aîlées, de la figure de celle du roseau, en très-grand nombre, courtes d’abord, ensuite longues d’un empan, & bien-tôt après beaucoup davantage, placées jusqu’à l’extrémité de la côte, qui est terminée par une pointe. Elles sont soutenues sur des especes de queues ligneuses, épaisses, de la longueur d’environ un pouce, de figure irréguliere & presque quarrée, fortement attachées à la côte, dont on ne peut les arracher qu’avec violence.

Ces feuilles sont situées obliquement sur une même ligne, & alternativement ; elles sont longues d’environ une coudée, larges de deux pouces, de la figure de celles du roseau, fort pointues, pliées en-dessus par le milieu dans toute leur longueur, & d’un verd-pâle des deux côtés. De plus, elles sont dures, tendues, roides, ayant de grosses nervures dans toute leur longueur.

L’enveloppe faite en forme de réseau, est rude,

grossiere, composée de fils inégaux, épais, anguleux, un peu applatis, roides. Dans les jeunes palmiers, & sur-tout autour des branches feuillées du sommet, cette enveloppe est épaisse, d’un jaune-foncé, & large d’un empan : dans les vieux palmiers, & surtout autour des vieilles branches feuillées, elle est d’un roux-noirâtre.

Le palmier qui vient de lui-même des racines d’un autre, comme dans son sein maternel, commence à donner des fruits quatre ans après qu’on l’a transplanté lorsque le terroir est fertile ; & six ou sept ans après, s’il se trouve dans un lieu stérile : mais celui qui vient d’un noyau, est bien plus long-tems à donner du fruit. Le palmier ne porte son fruit qu’au haut de son tronc, & aux aisselles des branches feuillées, qui sont garnies de grandes grappes en forme de balais, lesquelles étant encore jeunes, sont renfermées chacune dans une gaîne presque coriace.

Les Romains donnoient le nom de spadix à ces grappes, & celui de spathæ à leurs enveloppes : mots qu’ils ont empruntés de la langue greque. On ne sauroit distinguer par l’extérieur les grappes du palmier femelle, lorsqu’elles sont encore cachées dans leurs gaînes.

Les palmiers-dattiers, soit mâle, soit femelle, gardent l’ordre suivant dans la production de leurs différentes fleurs. Au commencement du mois de Février, & peut-être plutôt, ces arbres font éclorre leurs boutons dans les aisselles des branches feuillées-Les spathes croissent peu-à-peu, & grossissent tellement, par la quantité de fleurs qu’elles portent, que le mois suivant elles s’entrouvrent dans leur longueur, & laissent sortir un corps solide, semblable à une truffe. Ce corps solide, étant dégagé de son enveloppe, prend la figure d’une grappe composée d’un grand nombre de pédicules, qui soutiennent de petites fleurs dans le palmier mâle, & des especes de petites prunes dans le palmier femelle.

Les fleurs servent à féconder le palmier femelle, dont les fruits mûrissent lentement, & seulement dans l’espace de cinq mois. Les spathes durent peu de tems, se fanent, se sechent, & doivent être retranchées par ceux qui cultivent soigneusement ces arbres.

La spathe a la figure d’une masse ligneuse ; sa surface externe est couverte d’un duvet mollet, épais, très-court, de couleur rousse-foncée ; sa surface intérieure est blanche, lisse, humide, & en quelque façon muqueuse ; sa substance est semblable à celle d’une écorce sillonnée, fibreuse. Elle est pliante, lorsqu’elle est seche, & semblable à du cuir.

Le tuyau qui recouvre la queue de la grappe, est applati, recourbé, de la figure d’un fourreau de cimeterre, long d’une coudée, gros d’un pouce, large de trois. Le ventre a une coudée de longueur, une palme de largeur, & trois pouces d’épaisseur, lorsqu’il est prêt à s’ouvrir.

La grappe mâle est parsemée de petites fleurs en grand nombre. Elle porte deux cens pédicules, dont les plus courts soutiennent quarante petites fleurs, les moyens soixante, les plus longs quatre-vingt. Ces petites fleurs moins grandes que celles du muguet, sont à trois pétales, d’une couleur blanchâtre, tirant sur le jaune-pâle, & d’une odeur desagréable ; les pétales de ces petites fleurs, sont droits, charnus, fermes ; les étamines sont velues, roides, très-courtes, blanchâtres, terminées par des petits sommets, remplis de poussiere très-fine.

Sur la fin du mois de Février, & au commencement du mois de Mars, les spathes se rompent, les grappes femelles paroissent ; & peu de jours après, ayant quitté leurs enveloppes, elles sont nues, portant les embryons des fruits, enveloppés de deux petits calices, dont l’un est extérieur & plus court, &