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En lui toute fleur de jeunesse
Apparoissoit ;
Mais longue barbe, air de tristesse
Les ternissoit.
Si de jeunesse on doit attendre
Beau coloris,
Pâleur qui marque une ame tendre
A bien son prix.

PALÉ, adj. terme de Blason ; on dit qu’un écu est pâlé, quand il est chargé également de pals, de métail & de couleur ; & qu’il est contre-pâlé lorsqu’il est coupé, & que les deux demi-pals du chef, quoique de couleurs semblables à ceux de la pointe, sont néanmoins différens à l’endroit où ils se rencontrent ; ensorte que, si le premier du chef est de métal, celui qui y répond au-dessous est de couleur.

On dit que l’écu est palissé, quand les pals sont aiguisés, & semblables à ceux dont on fait usage dans la défense des places. Briqueville en Normandie, pâlé d’or & de gueules.

PALÉAGE, s. m. (Marine.) c’est l’action de mettre hors d’un vaisseau les grains, les sels & autres marchandises qui se remuent avec la pelle, & l’obligation où les matelots sont de les décharger. Les matelots n’ont point de salaire pour le paléage & le manéage, mais ils en ont pour le guindage & le remuage. (Z)

PALÉE, s. f. (Hydr.) est un rang de pieux espacés assez près les uns des autres, liernés, moisés, boulonnés de chevilles de fer, & enfoncés avec le mouton, suivant le fil de l’eau, pour porter quelque fardeau de maçonnerie, ou les travées d’un pont de bois. (K)

PALU, s. f. (Marine.) c’est l’extrémité plate de la rame ou de l’aviron ; celle qui entre dans l’eau lorsqu’on s’en sert.

PALEFRENIER, s. m. (Maréchall.) On appelle ainsi un domestique destiné à panser & entretenir les chevaux. Les instrumens propres à son usage sont l’étrille, la brosse, le peigne de corne, l’éponge, l’époussette, le couteau de chaleur, les ciseaux ou le rasoir, le sceau, la pelle, la fourche de bois, le balai de bouleau, le balai de jonc, la fourche de fer, la pince à poil, le bouchon de foin, le cure pié, le couteau à poinçon, &c. Voyez la description & la figure de ces instrumens aux lettres & aux figures qui leur conviennent.

PALEFROI, s. m. (Marechall.) cheval de parade & de pompe sur lequel les princes & les grands seigneurs faisoient autrefois leur entrée. Ce mot n’est plus usité. On distinguoit trois sortes de chevaux ; les destruis ou chevaux de bataille, les palefrois ou chevaux de parade, & les roussins ou chevaux de bagage.

PALEMENTE, s. f. (Marine.) nom collectif ; il se dit des rames d’une galere. Quand on veut armer le caiq, les matelots passent sur la palemente en sautant d’une rame à l’autre.

PALÉMON, s. m. (Mythol.) c’est le Mélicerte des Phéniciens, & le Portumnus des Latins. Les Corinthiens signalant leur zele envers Mélicerte, dit Pausanias, lui changerent son nom en celui de Palémon, & instituerent les jeux isthmiques en son honneur. Il eut une chapelle dans le temple de Neptune, avec une statue ; & sous cette chapelle il y en avoit une autre où l’on descendoit par un escalier dérobé. Palémon y étoit couché, disoit-on ; & quiconque osoit faire un faux serment dans le temple, soit citoyen ou étranger, étoit aussi-tôt puni de son parjure. (D. J.)

PALEMPUREZ, s. m. (Toile peinte.) tapis de toile peinte qui viennent des Indes ; ils portent ordinairement deux aunes & un quart.

PALENCIA, (Géog. mod.) ville d’Espagne au royaume de Léon, avec un riche évêché suffragant de Burgos. Elle fut bâtie par le roi Sanche le grand dans un terroir fertile, aux frontieres de la Castille, à 17 lieues S. O. de Burgos, 25 S. E. de Léon, 46 N. de Madrid. Long. 13. 26. lat. 42. 11.

Vela, (Joseph) jurisconsulte espagnol naquit dans cette ville en 1588. Quoique ses ouvrages soient très-médiocres, ils ont été imprimés plusieurs fois, & ont un grand débit en Espagne, parce qu’ils roulent principalement sur des matieres ecclésiastiques qu’il a étayées des décisions de la rote de Rome. Les dernieres éditions ont été faites à Genève en 1726 & 1740. Vela mourut à Grenade en 1643, âgé de 55 ans. (D. J.)

PALÉOCASTRO, (Géogr. mod.) Παλαιοϰαστρον, ville ruinée de l’île de Crete dans les terres, à quelques milles au midi du port de Chisamo. Il est vraissemblable que c’étoit la ville d’Aptere, près de laquelle on voyoit ce fameux champ où les sirenes vaincues par les muses dans un défi de musique, perdirent leurs aîles.

Paleocastrodi Sitia est encore le nom italien d’une forteresse de l’île de Candie.

C’est aussi le nom d’une ville ruinée dans l’île de Thermie, une des cyclades, à 40 milles de Serfanto. (D. J.)

PALÉOPOLIS, (Géog. anc. & mod.) ville ruinée de l’île d’Andros dans l’Archipel, une des cyclades, au S. E. de Negrepont.

Les ruines de Paléopolis sont à deux milles d’Arna vers le S. S. O. au-delà du port Gaurio : cette ville qui portoit le nom de l’île, comme l’assurent Hérodote & Galien, étoit fort grande, & située avantageusement sur le penchant d’une montagne qui domine toute la plage ; il en reste encore des quartiers de muraille très-solides, sur-tout dans un endroit remarquable, où, suivant les apparences, étoit la citadelle dont Tite-Live fait mention.

Outre les vieux marbres renversés dans ces ruines, on y trouvoit encore dans le dernier siecle, de belles colomnes, des chapiteaux, des bases, & quelques inscriptions, qui ne sauroient être presque d’aucun usage. Nous tirâmes, dit Tournefort, ce que nous pûmes de celle qui nous parut la moins effacée ; il y est parlé du sénat du peuple d’Andros & des prêtres de Bacchus, ce qui fait conjecturer qu’elle avoit été placée sur les murailles, ou dans le fameux temple de ce dieu, & que conséquemment elle pouvoit marquer la situation de ce bâtiment.

En avançant dans ces ruines, le hasard nous fit découvrir, continue-t-il, une figure de marbre sans tête & sans bras, le tronc avoit trois piés dix pouces de haut, & la draperie en étoit fort belle. Le long d’un petit ruisseau qui fournit de l’eau à la ville, nous remarquâmes deux autres troncs de marbre où le grand goût du sculpteur paroissoit encore. Ce ruisseau fait souvenir de la fontaine appellée le présent de Jupiter ; mais elle s’est perdue dans ces ruines, ou c’est le ruisseau même à qui on avoit donné ce nom.

Quoi qu’il en soit, cette fontaine, au rapport de Mutianus, avoit le goût du vin dans le mois de Janvier, & ne devoit pas être loin de l’endroit des ruines de nos jours, puisque Pline la place proche le temple de Bacchus, mentionné dans l’inscription dont on vient de parler. Le même auteur dit que ce miracle duroit sept jours de suite, & que ce vin devenoit de l’eau si on l’emportoit hors de la vue du temple. Pausanias ne parle point de ce changement ; mais il avance que l’on croyoit que tous les ans pendant les fêtes de Bacchus, il couloit du vin du temple consacré à ce dieu dans l’île d’Andros. Les prêtres sans doute ne manquoient pas d’entretenir cette