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Soit fraîche, soit seche, c’est un très-violent purgatifs hidragogue, que les paysans les plus robustes peuvent prendre cependant jusqu’à la dose d’un gros en substance, & jusqu’à celle de demi-once en décoction ; mais même dans ces sujets très-vigoureux, elle excite souvent des inflammations à l’œsophage, & dans tout le trajet intestinal. Voyez Purgatif.

On se sert aussi extérieurement de cette racine. Elle est comptée parmi les plus puissans résolutifs & apéritifs. Elle possede même ces vertus aussi-bien que la qualité purgative à un degré qui les rend capables de porter leur action jusques sur les parties intérieures, lorsqu’on l’applique sur les régions qui contiennent ces parties. Etant appliquée, par exemple, en forme de cataplasme sur les régions de la rate, elle passe pour en fondre les tumeurs. Si on frotte le ventre avec sa décoction ou son suc, elle lâche le ventre, tue les vers, fait revenir les regles, peut chasser le fœtus mort & l’arriere-faix, & a tous les effets propres aux purgatifs violens.

C’est à cette plante que doit son nom l’onguent appellé de arthanita, qui est composé d’ailleurs de tous les purgatifs végétaux les plus violens ; savoir, la colloquinte, le concombre sauvage, le glayeul, la scammonée, le turbith, le garou, l’aloës, l’euphorbe, la maroute ; de plusieurs gommes, résines & d’aromates exotiques les plus âcres, tels que le poivre long & le gingembre ; onguent qui étant appliqué sur le creux de l’estomac, fait vomir, qui vuide puissamment les eaux des hydropiques par les selles & par les urines, si on en frotte la région ombilicale & celle des reins ; qui excite les regles, si on l’applique au pubis & à la région hypogastrique, qui est un insigne fondant des tumeurs skirrheuses, &c. & qui est, malgré toutes ces vertus, un fort mauvais remede. (b)

Pain de proposition, (Critiq. sac.) les pains de proposition étoient des pains qu’on offroit tous les samedis sur la table d’or posée dans le saint : pones super mensam panes propositionis in conspectu meo, Exod. 25. 30. Il devoit y en avoir douze, en mémoire des douze tribus, au nom desquelles ils étoient offerts. Ces pains se faisoient sans levain ; on les présentoit tout chauds chaque jour de sabbat, & en même tems on ôtoit les vieux, qui devoient être mangés par des prêtres, à l’exclusion des laïcs, à qui il étoit défendu d’en manger ; c’est ce qui faisoit appeller le pain de proposition panis sanctus, I. Reg. xxj. 4.

Les anciens Hébreux cuisoient leur pain sous la cendre, & quelquefois on le faisoit cuire avec de la bouze de vache allumée. Voyez encore Proposition, pains de. (D. J.)

Pain de Reims, les pains d’épiciers donnent ce nom à des pains qu’ils font selon la maniere qu’on en fait dans la ville de Reims, avec de la pâte d’assortiment, que l’on assaisonne d’écorce-de-citron, d’anis, d’épices, &c.

Pain de rive, (terme de Boulanger.) c’est du pain qui n’a point de biseau, ou qui en a très-peu. Il ne manquera pas, dit Moliere dans son Bourgeois-Gentilhomme, act. IV. scène I. de vous parler d’un pain de rive, relevé de croûtes croquantes sous la dent.

Pain de roses, en Pharmacie, remede composé avec les roses, ramassées & comme pétries en forme de pain, que l’on trempe dans le vin ou dans le vinaigre.

On s’en sert dans la diarrhée, dans la dyssenterie, dans le vomissement, & dans les épuisemens des humeurs après les remedes généraux.

On applique avec un heureux succès un pain de roses que l’on a fait tremper dans le vin rouge ; dans le cas d’une indisposition chaude, on le mettra trempé dans une liqueur composée d’oxicrat & d’une eau calmante.

Voici comme on s’en sert :

Prenez encens, mastic, roses, corail rouge ; de chacun un gros : mettez-les en poudre ; saupoudrez-en un pain de roses qui aura trempé dans l’eau-rose avec une troisieme partie de vinaigre, ou dans du vinaigre rosat : appliquez-le chaudement sur le bas-ventre.

On le laisse pendant trois heures sur la partie, que l’on frotte ensuite avec un peu d’huile de lin ou d’amandes douces, ou d’huile rosat.

Pain de roses, (Parfumeur.) on le nomme aussi chapeau de roses ; c’est le marc des roses qui reste dans les alembics après qu’on en a tiré l’eau, l’huile exaltée, & le sel volatil.

Pain, terme de Potier de terre, c’est proprement la terre en motte telle qu’elle vient chez le potier, qui ne lui a encore donné qu’une façon.

Pain de savon, (Savonnerie.) on l’appelle plus ordinairement table de savon ; c’est du savon dressé dans des moules d’un pié & demi en quarré, & d’environ trois pouces de hauteur ; il y a cependant quelque différence entre la table & le pain de savon, la table s’entendant du savon au sortir du moule, & le pain lorsque la table a été coupée en morceaux. Savary.

Pain de sucre, (Raffinerie.) c’est du sucre affiné, que l’on dresse dans des moules de figure conique, & que l’on vend enveloppé de gros papier bleu ou gris : les pains de sucre pesent 3, 4, 5, jusqu’à 12 livres.

PAINBŒUF, (Géog. mod.) bourgade de France, dans la Bretagne, sur la rive gauche de la Loire, à 6 lieues au-dessous de Nantes ; c’est-là que les plus gros vaisseaux demeurent à la rade, ne pouvant pas aller jusqu’à Nantes : on n’y voit qu’hôtelleries & cabarets. (D. J.)

PAINE, s. m. (Hist. mod.) sixieme mois des Coptes, qui répond à notre mois de Juin ; ils l’appellent aussi bauna, & les Abyssins peuni & penni.

PAINES, ou PESNES, ou PEINES, s. f. (Art méchan.) morceaux de drap ou d’étoffe de laine, dont les Corroyeurs font leur gipon. Voyez Gipons, Corroyeur.

PAJOMIRIOBA, s. f. (Botan. exot.) nom donné par Pison à un petit arbrisseau légumineux du Brésil, que Tournefort appelle cassia americana fœtida, foliis oblongis glabris, en françois le cassier puant, senna occidentalis, odore opii viroso, orobi pannonici foliis mucronatis, glabra. Hort. Lugd. Bat.

Il pousse de sa racine plusieurs tiges, longues d’environ trois piés, ligneuses, vertes, noueuses, divisées chacune en beaucoup de rameaux, & chaque rameau portant huit à neuf feuilles rangées vis-à-vis l’une de l’autre, par paires sur une côte, assez longues, pointues ; ses fleurs naissent au sommet des rameaux, petites, composées chacune de cinq feuilles semblables à celles de la casse, mais plus petites & tout-à-fait jaunes : à ces fleurs succedent des gousses longues de cinq ou six pouces, rondes, un peu applaties, courbées ; elles prennent en mûrissant une couleur brune ; la racine de la plante est longue, grosse de deux pouces, ligneuse, droite, de couleur jaunâtre en-dehors, blanche en-dedans, sans odeur ni goût apparent : ce cassier fleurit toute l’année ; ses feuilles sont purgatives & d’un goût très-desagréable. (D. J.)

PAJONISTES, s. m. (Hist. ecclés.) nom que les Protestans ont donné aux sectateurs de Pajon ; ce Pajon parut parmi les Calvinistes ; il rafina sur l’Arminianisme. Ceux d’entre les ministres que la diversité des sentimens de Calvin sur la grace efficace & la prédestination avoit révoltés, embrasserent ses sentimens, qui furent condamnés à Rotterdam en 1686, dans un synode appellé le synode Wallon.

PAIPAZOCA, s. m. (Botan. exot.) arbrisseau du