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du sel par une addition subite de bois ; ce qui arrive toutes les fois que la formation du sel & partant l’évaporation, a été retardée par quelque cause que ce soit.

Paille en cul, fétu en cul, s. m. oiseau de tropique, oiseau de mer. Il ne se rencontre jamais au-delà des bornes de la Zone torride ; c’est ce qui l’a fait nommer par quelques voyageurs oiseau de tropique. Il est à-peu-près de la figure d’un pigeon, mais plus gros & plus vigoureux, ayant des aîles fort grandes lorsqu’elles sont étendues ; il a la tête menue, les yeux assez beaux, le bec bien proportionné, d’une couleur jaune tirant sur le rouge, ainsi que ses pattes qui sont un peu courtes ; son plumage est blanc mêlé quelquefois de petites plumes noires sur les aîles. Du milieu de sa queue qui s’ouvre en éventail quand il vole, sortent deux grandes plumes très-fines, longues d’environ seize à dix-huit pouces, & tellement appliquées l’une contre l’autre, qu’elles ne forment qu’un seul brin apparent ; ce qui lui a fait donner le nom de paille en cul. On en voit qui ont trois de ces plumes un peu écartées l’une de l’autre, formant trois longues queues. Les pailles en cul font leurs nids dans des trous au sommet des plus hauts rochers ; ils vivent de poisson, & prennent leur essor en haute mer, fort loin des côtes ; leur chair est maigre & médiocre au goût.

PAILLÉ, adj. en termes de Blason, se dit des fasces, peaux, & autres pieces bigarrées de différentes couleurs. Clere en Normandie, d’argent à la fasce d’azur, paillée d’or.

PAILLER, du pailler, (Maréchal.) c’est de la paille qui ne sert qu’à la litiere.

PAILLET, s. m. (Serrurerie.) petite piece de fer ou d’acier, mince, qu’on place entre la platine & le verrouil pour lui servir de ressort & le tenir en état, lorsqu’il est levé.

PAILLETTE, ou Étamine, (Jardinage.) voyez Étamine.

Paillette d’or, s. f. (Minéralog.) petit grain d’or, qu’on trouve dans le sable des rivieres. Toutes les paillettes d’or ont des formes assez irrégulieres ; elles ont pourtant cela de constant, qu’elles sont de petites lames ; je veux dire, qu’on ne doit pas se les représenter faites comme des grains de sable ; elles ont moins en épaisseur que dans les autres sens. Selon les observations qu’on en a faites, il semble qu’elles sont arrangées par couches, par feuilles dans la mine ; quelquefois elles paroissent feuilletées à la loupe. On ne doit pas non plus les imaginer plus minces que les feuilles des Batteurs d’or ; elles ont une épaisseur qui se laisse appercevoir, & qui est capable de leur donner de la solidité. Leurs figures, malgré leurs irrégularités, tiennent toujours de la ronde ; leurs bords sont aussi arrondis ; ce sont des especes de petits gâteaux ; les frottemens ont abattu leurs angles ; pendant que l’eau les entraîne, elles rencontrent un sable qui les use.

Parmi les paillettes des rivieres de Ceze & du Gardon, on en rencontre quelquefois qui ont une ligne & demie de diametre ; mais il y en a davantage qui n’ont qu’une ligne, & même qu’une demi-ligne. Nous en avons de l’Ariége, qui ont deux lignes dans le sens où elles sont le plus grandes ; les paillettes du Rhin sont beaucoup plus petites, & celles du Rhône plus petites encore ; mais on trouve aux plus petites une figure approchante des plus grosses.

On assure pourtant qu’on a quelquefois ramassé dans le Rhône des paillettes grosses comme des grains de millet. Les Allemands en citent tirées de leurs rivieres grosses comme des féves ; mais ce ne sont, pour ainsi dire, que des miettes, si on les compare avec ces gros morceaux d’or trouvés dans le Pérou & le Méxique, & grossis peut-être encore par le

récit des voyageurs. Cependant le pere Feuillée, à qui on peut se fier, assure avoir vu une pépite ; c’est le nom qu’on donne à ces morceaux d’une grosseur extraordinaire, du poids de soixante-six marcs & quelques onces, dans le cabinet d’Antonio Porto-Carrero : on en fit voir une en 1616 à l’académie, qui pesoit, dit-on, cinquante-six marcs. Sa figure approchoit de celle d’un cœur ; elle appartenoit à dom Juan de Mur, qui avoit été corrégidor d’Arica. M. Frézier a fait mention de cette pépite dans son voyage. Il en cite aussi une autre de soixante-quatre marcs, qui fut achetée par le comte de la Moncloa, viceroi du Pérou, pour en faire présent au roi d’Espagne. Mais ces pépites paroissent extraordinaires aux habitans des Indes, comme à nous. Ce sont des morceaux de mine entiers, qui sont détachés ou découverts par des torrens rapides ; & nous ne savons pas quelle est la grosseur des morceaux d’or qui fournissent depuis si long-tems nos rivieres de paillettes. Nous verrions peut-être des pépites chez nous, si un coup brusque, un torrent extraordinaire, détachoit à-la-fois ce qui n’est enlevé que par parcelles en plusieurs années. La nature travaille dans de grands laboratoires ; mais peut-être aussi que son laboratoire dans nos montagnes n’est pas en or ; elle en a de toutes matieres. Mém. de l’académie des Sciences, 1718. (D. J.)

Paillette, (Broderie.) ce mot se dit des petits grains d’or ou d’argent ronds, applatis & percés au milieu, dont on parseme quelquefois les broderies, les ornemens d’église, & les habits de théatre. On fait aussi des paillettes d’acier qu’on mêle dans les jais blancs & noirs pour des broderies du petit deuil des femmes.

Paillettes comptées, en terme de Brodeur au métier ; ce sont des paillettes arrangées l’une sur l’autre comme de l’argent monnoyé. Pour les arrêter ainsi, on fait un point au bord de la premiere en-dehors, un autre dans le trou de cette premiere au bord de la seconde en-dehors, un autre dans le trou de cette seconde en-dedans ; ainsi des autres, en les approchant à l’aiguille l’une sur l’autre.

Paillettes couronnées, sont en terme de Brodeur au métier, celles qui sont environnées tout-autour d’ornemens ou de points de bouillon. Voyez Bouillon.

PAILLEUR, s. m. (Commerce de paille.) celui qui vend & fournit de la paille dans les maisons de Paris & autres villes du royaume pour la nourriture des chevaux des particuliers.

PAILLEUX métal, (Métallurgie.) c’est-à-dire, métal qui a des pailles. C’est un grand défaut pour le fer & pour l’acier d’être pailleux ; car outre que ce défaut les rend cassans, ils souffrent un grand déchet à la forge.

PAILLIER, s. m. il se dit 1°. de la paille fourragée par des bestiaux, qui ont mangé l’épi & le grain, & qui n’est plus bonne qu’à faire litiere & fumier ; 2°. de l’endroit où l’on nourrit les bestiaux & où l’on porte les pailles & fourrages dont on fait des meulons, pour les conserver jusqu’à ce qu’on les mette en litiere ou fumier.

Paillier, (Hydr.) on pratique des pailliers ou repos entre les rampes & avec tournans les escaliers de pierre ou de gazon qui accompagnent une cascade ; on en fait plusieurs de suite dans les rampes un peu longues. (K)

PAILLONS, s. m. pl. (Joaillerie.) nom que l’on donne à de petites feuilles quarrées de cuivre battu, très-minces, & colorées d’un côté, que l’on met par petits morceaux au fond des chatons des pierres précieuses, & des crystaux.

Paillon de soudure, (Orfévrerie.) petit morceau de soudure, ou métal mince & allié, qui sert