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d’un trou, au travers duquel passe l’axe d’une roue qui appuie sur le morceau de bois d’en bas, au haut duquel axe est une manivelle qui sert à faire tourner la roue, autour de laquelle est une corde de laine, qui embrassant toute la cage, sert à la faire tourner en tous sens par le moyen de la manivelle.

Il y a de plus au haut de la cage, une des traverses qui est amovible, au milieu de laquelle, à l’extérieur, est placée une cheville ; la traverse de côté en tournant est encore amovible, & porte aussi deux chevilles. Dans la partie inférieure de la cage il y a de même une autre traverse qui est encore amovible, qui porte aussi deux chevilles : cette traverse peut se transporter plus haut ou plus bas, suivant le desir de l’ourdisseuse. Ces chevilles servent comme nous l’allons dire, à recevoir les commencemens & fins de la piece, & à en fixer les envergures.

L’ourdisseuse ayant les bouts de soie ensemble à la sortie de la cantre, arrête le nœud sur la premiere cheville ; & de-là, après avoir envergé sa brassée de soie, la met sur les deux chevilles qui suivent la précédente, & tournant ensuite la manivelle de la petite roue qui fait mouvoir la cage, elle distribue la brassée de soie sur l’ourdissoir, à proportion de l’aunage qu’elle veut faire ; ce qui se connoît par le nombre de tours de l’ourdissoir : & quand elle est arrivée au point où elle le veut, elle met une nouvelle traverse portant deux chevilles, autour desquelles elle tourne deux fois sa brassée, & en faisant mouvoir la cage en sens contraire, elle remonte sa brassée jusqu’aux deux chevilles d’en-haut, où elle renverge de nouveau fil par fil, & ensuite descend & remonte jusqu’à ce qu’elle ait fait le nombre de portées qu’il lui faut pour composer la chaîne, ce qui est arbitraire, & elle en arrête la fin par un nœud, comme elle a fait lorsqu’elle a arrêté le commencement sur la premiere cheville.

La chaîne étant entierement distribuée sur l’ourdissoir, l’ourdisseuse arrête l’envergure par une ficelle qu’elle passe aux soies divisées par les deux chevilles du haut de l’ourdissoir.

On commence à lever la chaîne de dessus l’ourdissoir par la partie qui en doit faire la fin, qui se trouve arrêtée à la cheville d’en-bas, & prenant la poignée de soie qui s’y trouve, on en fait une boucle en forme de chaîne, & continuant ainsi de boucle en boucle jusqu’au haut de l’envergure : quand on y est arrivé, on l’arrête & elle se trouve en état d’être mise sur l’ensuple.

OURDISSEUSE, (Soirie.) ouvriere qui ourdit. Voyez Ourdir.

OURDISSOIR, s. m. terme de Tisserand, &c. espece de machine dont les Tisseurs, Tisserands & Tissutiers se servent pour ourdir les chaînes de leurs étoffes, toiles, futaines, basins, &c. Il y a des ourdissoirs que l’on appelle tours, qui sont en façon de dévidoir, ou petits moulins tournans debout sur un pivot, d’autres sont stables & sans mouvement, composés de deux pieces de bois placées debout, un peu en talus contre la muraille, à certaine distance l’une de l’autre, auxquelles sont attachées plusieurs chevilles du haut en bas. (D. J.)

Ourdissoir, chez les faiseurs de gaze ; c’est une espece de moulin de 6 piés de haut. Ce moulin est composé d’un chassis à quatre piliers, & autant de traverses en haut & en bas, & d’un axe posé perpendiculairement au milieu de ce chassis. Cet axe a 6 grandes aîles autour desquelles on ourdit la soie destinée à faire la chaîne de la gaze. Voyez Gaze.

Ourdissoir rond ou moulin, (Soirie.) c’est la machine propre à ourdir tout ce qui compose les chaînes : on en trouvera la description à l’article Ourdissage qui précede.

Ourdissoir long, qui n’est guere d’usage que

pour les Frangers ; c’est un chassis de bois, composé de deux montans de 6 piés de haut, & de deux traverses de pareille longueur, emmortaisées les unes dans les autres, que l’on applique d’à-plomb contre un mur ; les deux montans sont garnis de quantité de chevilles boutonnées, faites au tour, & placées d’espace en espace à distance égale & parallele, pour porter les soies que l’on ourdit. Sur la barre de traverse d’en-haut, à la distance de 18 pouces, il y a deux pareilles chevilles pour l’encroix.

Voici à-présent la façon d’ourdir. La soie qui est destinée pour composer les têtes des franges, est contenue sur des rochets ou bobines, lesquels rochets sont portés dans les différentes broches de la coulette ou rateau ; l’ourdisseur attache les bouts desdites soies à la premiere cheville du côté de l’encroix, puis il conduit lesdites soies jusque sur les chevilles de l’en-croix qui sont tout proche, où étant, il encroise ; c’est-à-dire qu’il passe un brin de ses soies sur une cheville, puis sous l’autre, & ainsi tant qu’il y en a, mais toujours en sens contraire. Après cette opération, il continue à conduire les soies sur chacune des chevilles, & cela autant que l’on veut donner de longueur à la piece de chaîne, puisque chaque longueur entre les chevilles est d’une aune & demie. Ainsi si l’on veut avoir une piece de 36 aunes de long, il faudra occuper 12 chevilles à droite & 13 à gauche ; puisque l’on doit concevoir aisément que chaque allée & revenue de l’ourdisseur composera 3 aunes : il faut une cheville de plus d’un côté pour venir terminer du côté de l’encroix, toujours dans la supposition de 36 aunes ; au lieu que si l’on terminoit de l’autre côté, on auroit une longueur qui ne seroit que de moitié. Etant donc parvenu à cette 13e cheville, qui fait la terminaison des 36 aunes, on remonte par le même chemin pour arriver jusqu’à l’encroix, où étant on encroise encore comme on a fait la premiere fois, & cela autant de fois qu’il est nécessaire, suivant la consistance que l’on veut donner à la chaine : de sorte qu’il faut toujours venir terminer à l’encroix. Supposant donc que je veuille donner 40 brins à une tête de frange, & que l’on ourdisse à 2 rochets, il faudra donc 10 descentes & 10 remontées pour composer lesdits 40 brins. Les soies ainsi ourdies, & à la derniere remontée, coupées & fixées à la cheville où l’on a commencé, il faut passer un fil dans l’extrémité de l’encroix, c’est-à-dire qu’il faut qu’un bout du fil passe d’un côté & d’autre, & cela pour conserver l’en-croix ; sans cette précaution, tous les brins se confondroient & ne formeroient qu’une confusion indébrouillable. Ce fil ainsi passé, & noué par les deux bouts, on prend le bout de la piece que l’on releve de dessus l’ourdissoir en la mettant sur une ensuple, qui servira à mettre sur le métier pour l’employer.

Toutes ces machines ont pour but de fixer la longueur des chaînes, & d’encroiser les brins de fil dont on les compose. Il seroit à souhaiter que quelque habile Méchanicien songeât à donner à cette invention l’unique perfection qui lui manque ; ce seroit de former la mesure & l’encroix de la chaîne, en tournant toujours dans le même sens ; ce que je ne crois aucunement difficile : on a bien imaginé ce moyen dans le mouton à enfoncer les pieux.

OURDISSURE, s. f. les Vanniers emploient ce terme pour signifier l’union qu’ils font du fond d’une piece avec ses autres parties.

OUREM, (Géog.) petite ville de Portugal dans l’Estramadoure, sur une montagne, entre Leiria & Tomar. Long. 9. 50. lat. 39. 34. (D. J.)

OURIQUE, (Géog.) ville de Portugal dans l’Alentéjo, remarquable par la victoire qu’Alfonse I. roi de Portugal y remporta sur cinq rois Maures en