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de quelqu’un, on disoit qu’il buvoit déja le nectar dans la coupe des dieux. Enfin je ne sais pas ce que c’est que cette liqueur délicate, ce vinum pigmentatum, & pour mieux dire ce nectar que buvoient autrefois au réfectoire les moines de l’ordre des Chartreux ; mais je trouve que les statuts de l’an 1368, part. II. ch. 5. §. 30, leur en défendent l’usage à l’avenir ; & en effet ils ne le connoissent plus. (D. J.)

NECTARIUM, (Botan.) ce terme désigne ordinairement une partie de la couronne de la fleur corollæ, & très-rarement toute la couronne de la fleur. C’est la partie destinée à recevoir le suc miéleux de la plante ; elle est quelquefois faite en fossette, en tube, en écaille ou en tubercule.

NÉCUNE, s. f. (Comm.) monnoie qui a cours sur les côtes des Indes orientales, entre l’île à Vache & celle du Tigre. 30 nécunes valent 420 piastres d’Espagne.

NÉCUSIES, s. f. pl. (Antiq. grecq.) νεϰύσια ou θανατουσια ; fête solemnelle qu’on célébroit à Athènes & dans plusieurs autres villes de la Grece, en l’honneur des morts, pendant le mois Antistérion. Les Romains emprunterent des Grecs le culte qu’ils rendirent aux morts, & ce culte a passé dans d’autres religions. (D. J.)

NECYOMANTIE, s. f. (Magie.) divination par les évocations des ames des morts. On ne peut douter que ces évocations n’eussent un rit & des cérémonies religieuses qui leur étoient propres. Les anciens ne les ont point décrites, mais il est probable qu’elles ressembloient à celles qu’Ulysse emploie dans la nécyomantie de l’Odyssée. Homere, si attentif à se conformer aux usages anciens, n’aura pas violé le costume dans cette seule occasion.

On peut encore supposer que les cérémonies usitées dans ces évocations, ressembloient à celles qui s’observoient aux sacrifices funebres, & dans ceux qui étoient destinés à honorer les héros : car les uns & les autres étoient désignés par un même mot.

Il y avoit un oracle des morts, Νεϰρομαντεῖον, établi dans la Thesprotie, sur les bords du fleuve Acheron : c’est cet oracle de la Thesprotie qui avoit donné à Homere l’idée de la nécyomantie de l’Odyssée, & c’étoit de là qu’il prit le nom des fleuves infernaux. Plutarque nous a fourni quatre exemples d’évocations des ames des morts, faites avec une certaine authenticité ; mais il n’accompagne ce qu’il en dit d’aucune réflexion qui fasse présumer que l’usage subsistoit encore lorsqu’il écrivoit.

Il seroit très possible que les premiers habitans de la Grece eussent imaginé l’espece de divination dans laquelle on évoquoit les ames des morts ; car on l’a trouvée établie chez diverses nations sauvages de l’Afrique ; cependant il est vraissemblable qu’elle avoit été portée dans la Grece par les mêmes colonies orientales qui établirent dans ce pays le dogme du partage de l’administration de l’univers entre différentes divinités à qui l’on donnoit des attributs distingués, & qu’on invoquoit en particulier par un culte & par des cérémonies différentes. Hérodote nous apprend qu’avant l’arrivée des colonies orientales ce partage n’avoit point lieu dans la religion des anciens Pélasges ; ils reconnoissoient à la vérité plusieurs divinités qu’ils nommoient θεοι, ou auteurs de l’arrangement de l’univers ; mais ils les adoroient & les invoquoient tout à-la-fois, & sans les séparer. Voyez les observations de M. Freret sur cet article, dans les Mem. de Littérat. tome XXIII. in-4°. (D. J.)

NEDA, (Géog. anc.) en grec Νήδη, fleuve qui, selon Pausanias liv. IV. ch. xx. prend sa source au mont Lycée, traverse l’Arcadie, & sépare les Messéniens des Eléens du côté de la mer. Cet historien

ajoute que la jeunesse de Phigadée alloit dans certains jours se couper les cheveux sur les bords du Néda, pour les lui consacrer, car c’étoit un usage assez commun en Grece de vouer ses cheveux à quelque fleuve. Une coutume bien plus singuliere, étoit celle que les jeunes filles de Troie & des environs faisoient de leur virginité au fleuve Scamandre, en venant se baigner dans ses eaux la veille de leurs noces. Si vous en doutez, voyez l’article Scamandre. (D. J.)

NÉDROMA, (Géogr.) ou Ned-roma ; ancienne ville d’Afrique au royaume de Trémécen, bâtie par les Romains dans une plaine, à deux grandes lieues du mont Atlas, & à quatre de la mer. Les interpretes de Ptolomée, liv. IV. ch. ij. disent que c’est l’ancienne Célama, & la mettent à 12d. 10′. de longit. sous les 33d. 20′. de lat. (D. J.)

NEDIUM-SCHETTI, s. m. (Hist. nat. Botan.) nom d’un arbrisseau baccifere qui croït aux Indes orientales ; on le fait bouillir dans de l’huile, & l’on en prépare ainsi un onguent qu’on dit être bienfaisant dans les maladies prurigineuses.

NÉEHETE, (Géog.) ou Nèthe, riviere des Pays-Bas dans le Brabant. Elle se divise en grande & en petite, qui se joignent ensemble depuis Liere, & ne forment alors qu’une même riviere qui se perd dans la Dyle.

NÉERE, (Géogr.) ou Nerre, petite riviere de France qui arrose la Pologne, & qui va se joindre à la grande Saude, un peu au-dessous du bourg de Clermont.

NÉETO, ou NÉETHO, (Géog. anc. & mod.) en latin Néthus ; riviere d’Italie dans le royaume de Naples. Elle coule sur les confins des deux Calabres, du couchant au levant, passe à San-Severina, & va se jetter dans la mer Ionienne entre le cap de Lisse & le cap delle Colonne.

Strabon, l. VI. remarque qu’une bande de grecs au retour de l’expédition de Troie, s’arrêta à l’embouchure du Néethe ; & que pendant qu’ils couroient le pays pour le reconnoître, leurs cap ives ennuyées de la mer brûlerent leurs vaisseaux, & les obligerent par-là de s’arrêter dans cette partie de l’Italie. Νεαίδος signifie embrasement de vaisseaux.

Théocrite dans sa 4. idylle, a chanté les prérogatives de cette riviere ; il décrit même trois sortes de plantes qui rendoient ses paturages supérieurs à tout autre. La premiere de ces plantes est l’ἀγιπύρος, qui, selon un des scholiastes, étoit bonne pour arrêter l’inflammation des plaies ; la seconde plante, que Théocrite appelle ϰνύζα, avoit la propriété de conserver les femmes dans l’esprit de chasteté que la religion exigeoit d’elles pendant la célébration des mysteres de Cérès. Elles faisoient des jonchées de cette herbe, sur lesquelles elles couchoient tant que duroit la fête. La troisieme plante est la mélisse, μελίτεια, qui nous est aussi connue que les deux autres le sont peu. (D. J.)

NEF, s. f. (Architect.) c’est dans une église la premiere & la plus grande partie qui se présente en entrant par la principale porte, qui est destinée pour le peuple, & séparée du chœur par un jubé ou par une simple clôture. Ce mot vient du latin navis, vaisseau. (D. J,)

NEFASTE, jour nefaste, dies nefastus, (Hist. anc.) Les Romains appelloient dies nefasti les jours où il n’étoit pas permis de rendre la justice ou de tenir des assemblées, & où le préteur ne pouvoit prononcer les trois mots ou formules de justice, do, dico, addico, je donne, j’appointe, j’adjuge. Voyez Fastus.

Ces jours étoient marqués dans le calendrier par la lettre N, & quelquefois par les deux lettres N. P. nefastus primo, qui signifioient qu’un tel jour n’étoit