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propre à faire embrasser d’un coup d’œil toute l’étendue des vûes grammaticales, qu’à les exposer en détail : & peut-être que les principes dogmatiques s’accommoderont plutôt de la division que j’ai indiquée au mot Méthode, en esquissant les livres élémentaires qu’exige celle que j’y expose. (N. E. R. M.)

ORTHON, (Géog.) grande riviere d’Asie dans la Tartasie. Elle a sa source dans le pays des Mongules, vers les 45d. 40′. de latitude, & court du Sud-Sud-Est au Nord-Nord-Ouest. Elle vient ensuite se jetter dans la Selinga, à 50d. de latitude. C’est sur ses bords que le kam des Kalcka-Mongules fait ordinairement son séjour. C’est encore aux environs de cette riviere que le kutuchta, ou grand-prêtre des Mongules de l’Ouest, se tient à-présent. Il étoit autrefois accoutumé de camper vers Norzinskoi & aux bords de la riviere d’Amur ; mais depuis que les Russes se sont établis en ces quartiers, il ne passe plus en-deçà de Selingiskoi. C’est aux environs de la riviere d’Orthon, & même vers la Selinga du côté de Selingiskoi, qu’on trouve abondamment la rhubarbe : & tout ce que la Russie en fournit aux pays étrangers vient des environs de cette ville. Comme cette racine est fort estimée en Europe, le trésor de la Sibérie n’a pas manqué de s’emparer de ce commerce qui pourroit être fort avantageux à la Russie, s’il étoit fidelement administré. Car la rhubarbe croît en si grande abondance dans le territoire de Selingiskoi, qu’on dit que le trésor de Sibérie en vend jusqu’à dix mille livres à la fois. (D. J.)

ORTHOPNÉE, s. f. (Médec.) respiration courte, laborieuse, bruyante, laquelle ne se peut faire que la tête & le thorax élevés. Ces attaques sont différentes les unes des autres & périodiques.

Le mot orthopnœa, ὀρθόπνοια, orthopnée, vient de ὀρθός, droit ou élevé, & de πνέω, respirer ; en effet, c’est une maladie dans laquelle on est obligé d’avoir le cou dans une situation droite & élevé pour respirer. La nécessité de cette posture vient de la grande difficulté de la respiration : dans toute autre situation, le malade risqueroit d’être suffoqué.

Cette difficulté de respirer a pour cause ordinaire l’étroitesse des poumons & de leurs vaisseaux, occasionnée par une inflammation, ou par quelque humeur contenue dans les cavités de ce viscere. Galien dit, comm. II. in Proreht. qu’Hippocrate & tous les autres Médecins entendent par l’orthopnée, cette espece de dyspnée dans laquelle les malades se sentent suffoqués, lorsqu’ils sont couchés à plat, & ne peuvent toutefois se tenir la poitrine élevée, sans avoir quelque appui sous leur dos. La trachée artere, continue-t-il, qui commence au larynx, & qui se distribue dans les poumons, se dilate ainsi que le cou, lorsque la poitrine est dans une posture elevée. Toutes ses branches dispersées dans la substance des poumons, partagent en même tems cette dilatation, & la capacité intérieure de ce viscere en est nécessairement augmentée.

De-là vient qu’il y a dans la péripneumonie, & dans toutes les affections nommées asthmatiques, une orthopnée. Elle arrive aussi nécessairement dans l’esquinancie violente, & lorsque les muscles internes du larynx, étant enflammés, gênent le passage de la respiration. Dans cette maladie, l’étroitesse des parties étant augmentée par la situation horisontale, la respiration se fait avec plus de peine.

Galien expliquant, comm. IV. in lib. de ratione vict. in acut. ce qu’Hippocrate entend par orthopnée seche, dit que c’est une sorte de dyspnée dans laquelle le malade ne tousse ni ne crache, mais respire avec tant de peine, qu’il risqueroit d’être suffoqué s’il étoit couché horisontalement. Nous lisons, lib. VII. Epid. que la sœur d’Harpalide, grosse de quatre ou

cinq mois, fut tourmentée d’une toux seche, d’une orthopnée, & de tems à autre d’une suffocation si dangereuse, qu’elle étoit obligée de se tenir toûjours assise sur son lit, & de dormir dans cette posture ; que cette indisposition dura environ deux mois, au bout desquels elle guérit par des crachats d’une grande quantité de matiere cuite & blanchâtre ; & qu’elle fut dans la suite heureusement délivrée d’une fille.

L’orthopnée peut naître de toute maladie capable d’affecter quelque partie de la poitrine, sur-tout le cœur, les grosses arteres, & les poumons. Entre ces maladies, on peut compter l’inflammation du poumon, les tubercules, les vomiques, les différentes matieres polypeuses, plâtreuses, pituiteuses, purulentes, toute tumeur inflammatoire, érésipélateuse, suppurante, skirrheuse, dans le larynx, dans les poumons, dans la poitrine, l’adhérence des poumons avec la plevre, &c. Ces causes notables se manifestent seulement dans la dissection des cadavres ; on tâchera néanmoins pendant la vie d’adoucir les maux de ce genre, dont l’orthopnée résulte infailliblement.

Il arrive quelquefois que dans les maladies aiguës, putrides, varioleuses, scarlatines, l’orthopnée annonce une crise ; alors il faut aider la respiration par la saignée, par une abondante boisson antiphlogistique, par la dérivation de la matiere qui lese la respiration.

L’orthopnée qui procede d’une surabondance d’humeurs visqueuses, pituiteuses, cacochymes, scorbutiques, &c. exige l’évacuation de ces humeurs, & leur correction par les résineux, les balsamiques, & les pectoraux appropriés.

Quand l’orthopnée vient par métastase dans le rhumatisme, la goutte arthritique, les maladies de la peau, la suppression de quelqu’humeur morbifique, il s’agit de procurer la dérivation aux parties ordinaires, ou former des émonctoires artificiels.

L’orthopnée qui doit sa naissance à la sympathie dans les maux de nerfs, dans la passion hystérique & hypocondriaque, requiert qu’on appaise les spasmes, & qu’on facilite la respiration par les anodins, les nervins, & les adoucissans. (D. J.)

ORTHOSIADE, (Géog. anc.) ancienne ville de Phénicie située au bord de la mer, vis-à-vis de l’île d’Arade, pas loin de Tripoli. Il en est fait mention au liv. des Machabées, c. xv. V. 35 & 37. Strabon, Pline & Ptolomée parlent d’un autre Orthosiade, qui étoit une ville d’Asie dans la Carie. (D. J.)

ORTHUS, (Mythol.) voilà le nom du chien fidele de Géryon tué par Hercule. Il falloit que ce chien en valût plusieurs à tous égards, puisqu’Hésiode n’a pas dédaigné de rapporter fort au long sa généalogie & sa parenté. Il étoit fils de Cerbere, ce cruel gardien des enfers, & de l’effroyable hydre de Lerne. Tous trois étoient nés de Typhon, le plus impétueux des vents, & d’Echidne, nymphe monstrueuse, moitié femme & moitié vipere. Hériode nous conte, en de très-beaux vers, toutes ces sornettes. Que veut-il donc nous apprendre par cette absurde fiction ? Je l’ignore, & ce n’est pas à le chercher que je me casserai la tête. (D. J.)

ORTI, (Géog.) ville d’Italie dans le patrimoine de S. Pierre, avec un évêché suffragant du pape, & uni à celui de Citta-Castellana. Elle est près du Tibre, à 34 milles de Rome, 9 de Citta-Castellana, & à 14 de Viterbe. On croit que c’est l’Hortanum de Pline. Long. 30. 2. lat. 42. 22. (D. J.)

ORTIE, urtica, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur sans pétales, & composée d’étamines, soutenues par un calice ; cette fleur est stérile. Les