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Cohéorn de 24, devant son flanc haut, pour le mieux garantir des coups croisés. L’orillon de cet illustre ingénieur est une tour de pierre, avec un souterrain où il fait des casemates pour 6 pieces de canon, lesquelles défendent le fossé & la face du retranchement de maçonnerie qu’il fait dans son bastion.

Pour tracer l’orillon, suivant M. le maréchal de Vauban, il faut diviser le flanc CDC Pl. I. de Fortif. fig. 7. en trois parties égales. Sur le milieu CI du tiers du flanc, vers l’épaule du bastion, on élévera une perpendiculaire OK indéfinie, en dedans le bastion, & au point C, extrémité de la face BC, une autre perpendiculaire CK, qui coupe la premiere dans un point K. De ce point pris pour centre, & de l’intervalle KC, on décrira un arc CI qui donnera la partie antérieure de l’orillon. On posera ensuite l’angle à l’angle flanqué & au point I, & l’on tirera dans cette position en dedans le bastion, la ligne IH, à laquelle on donnera 5 toises : cette ligne se nomme le revers de l’orillon, ou la droiture de l’épaule. Si l’on veut ensuite décrire le flanc couvert, on prolongera la ligne de défense AO de 5 toises, jusqu’en G, on tirera HG, sur laquelle on décrira un triangle équilatéral LGH, puis du point L pris pour centre, & de l’intervalle LG ou LH, on décrira l’arc GPH, qui sera le flanc couvert.

Le parapet de l’orillon doit être plus épais que les autres parapets, & il doit être en ligne droite en dedans, à moins que l’orillon ne soit extrémement grand, comme celui de M. de Cohéorn. A l’égard de la droiture de l’épaule, elle ne doit avoir qu’un petit parapet de maçonnerie d’un pié d’épaisseur.

On pratique dans le revers de l’orillon, des portes secretes appellées poternes, qui conduisent les soldats de la ville dans le fossé, par un souterrain pratiqué dans l’intérieur du rempart. Voyez Poternes.

Par la construction de l’orillon il y a une partie du flanc couvert, proche le point H, qui ne peut être vue de la contrescarpe de la place. Elle est suffisante pour y pratiquer une embrasure, dont le canon sert beaucoup à la défense du passage du fossé & du pié de la breche. (Q)

Orillon, en terme d’Eguilletier, sont des bouffettes de soie ou de laine, prises au bout d’un ruban de laine, par le moyen d’un ferret à embrasser. Voyez Ferret & Embrasser. Les orillons, ainsi nommés de l’endroit où ils se placent, servent à orner les oreilles des chevaux.

Orillons, s. m. pl. (Soierie.) machines mouvantes au moyen d’une coulisse, qui sert à élever ou baisser la banquette ; on appelle ces orillons, orillons de dessus ; les orillons de derriere sont des especes de tasseaux creusés, qui supportent les ensuples de chaîne & de poil.

ORIN ou HOIRIN, s. m. (Marine.) c’est une grosse corde attachée à la croisée de l’ancre par un de ses bouts, & qui tient par l’autre bout à une bouée, qui marque l’endroit précis où est l’ancre. (Z)

ORINE, (Géog. sacrée.) Pline, l. V. c. xiv, nomme ainsi la contrée de la Palestine où étoit Jérusalem. C’est ce que S. Luc, c. j. v. 39, appelle montana Judea, lorsqu’il parle de la sainte Vierge qui alla visiter Elisabeth. Il y avoit plusieurs villes dans ces montagnes, Jérusalem, Rama, Bethléhem, &c. Le grec de S. Luc porte εἱς τὸν Ὀρεινὴν, d’où a pu aisément s’écrire en lettres latines Oriné. (D. J.)

ORIO, voyez Loriot.

Orio, (Géog.) riviere ou plutôt torrent impétueux d’Espagne, dans la principauté de Biscaye. Il a sa source à S. Adrien, & se perd dans la mer au

couchant de S. Sébastien. (D. J.)

ORIOL, voyez Loriot.

ORION, s. m. (Astron.) c’est le nom qu’on donne dans l’Astronomie à une constellation de l’hémisphere austral. Voyez Constellation. Les anciens croyoient que cette constellation excitoit les tempêtes lorsqu’elle se levoit, assurgens nimbosus orion ; aujourd’hui on est revenu de cette erreur, & on ne croit plus à l’effet des constellations, ni à celui des étoiles. Voyez Canicule & Caniculaires.

Les étoiles de la constellation d’orion sont au nombre de 37 dans le catalogue de Ptolémée, de 62 dans celui de Tycho, & de 80 dans celui de Flamsteed. (O)

Orion, (Mythologie.) fils de Neptune, & l’un des plus beaux hommes de son tems. Il se rendit fameux par son savoir en astronomie qu’il avoit apprise d’Atlas, par son goût pour la chasse, & par sa mort que les Mythologues attribuent à la main de Diane. Cette déesse affligée d’avoir ôté la vie au bel Orion, obtint de Jupiter qu’il fût placé dans le ciel, où il forme une des plus brillantes constellations composée de 38 étoiles. Comme elle y occupe un grand espace, selon cette expression du poëte Manilius, magni pars maxima cœli, ce phénomene pourroit avoir fourni l’idée de cette taille avantageuse que Virgile donne à Orion, qui marchant au milieu de la mer, avoit sa tête & ses épaules élevées au-dessus des eaux, parce que cette constellation est à moitié sous l’équateur, & l’autre au-dessus.

Les Arabes font dans leurs fables de cette constellation une femme très-délicate, tandis que les Grecs en font un héros vainqueur des bêtes féroces, & qui dans ses galanteries s’étoit rendu redoutable aux sages nymphes, & aux séveres déesses. Diane, dit Hygin, eut peine à se sauver de ses mains ; & lorsqu’il eut été transporté dans le ciel auprès des pleyades, son voisinage parut encore si redoutable à la divine Electra, que ce fut pour échapper à ses poursuites qu’elle abandonna ses sœurs, & s’alla cacher au pole Arctique.

M. Fourmont a donné dans l’acad. des Inscript. tome XIV. in 4°. un mémoire où il rappelle la fable d’Orion, à l’histoire corrompue du patriarche Abraham. Le discours dont je parle est plein d’érudition, mais aussi de conjectures & de suppositions si recherchées, qu’elle ne peut contrebalancer le sentiment de ceux qui pensent que l’ancienne Grece ne tenoit rien des patriarches du peuple de Dieu, & qu’elle ne les connoissoit point. (D. J.)

ORIPEAU, s. m. (Métal.) lame de laiton fort mince & fort battu, qu’on employoit autrefois dans les étoffes de faux or. On ne s’en sert plus ; & le nom n’en est resté que pour mépriser les vieilles étoffes ou galons d’or qui ne sont plus de mode, & pour tourner en ridicule ceux qui en portent.

ORISSAVA, (Géog.) ville de l’Amérique au Méxique sur le chemin de Vera-Crux à México, entre Cordoua & la Puebla de los Angelès. Elle est auprès d’une haute montagne qui porte son nom, & dont le sommet est toujours couvert de neige, quoique sous la zone torride. Longit. 277. 20. latit. 19. 10.

ORISTAGNI, (Géog.) ancienne ville de l’île de Sardaigne, avec un archevêché sur le golfe de même nom, à 17 lieues N. O. de Gagliari, 12 S. de Boza. Long. 26. 33. latit. 39. 55.

Cette ville est l’Usellis de Ptolomée, dont les habitans ont été appellés Usellitani. Le nom d’Oristagni ou Oristagne lui vient vraissemblablement d’un étang formé par la riviere Sacro, dans un lieu nommé Orès, d’où est venu le nom latin Ori-Stagnum, qui