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de M. Volf ; car le cours de cette science qu’il a publié, est le premier & jusqu’à-présent l’unique où elle soit proposée d’une maniere vraiment philosophique. Ce grand homme méditant sur les moyens de faire un système de philosophie certain & utile au genre humain, se mit à rechercher la raison de l’évidence des démonstrations d’Euclide ; & il découvrit bien-tôt qu’elle dépendoit des notions ontologiques. Car les premiers principes qu’Euclide emploie sont ou des définitions nominales qui n’ont par elles-mêmes aucune évidence, ou des axiomes dont la plûpart sont des propositions ontologiques.

De cette découverte M. Volf conclut que toute la certitude des Mathématiques procede de l’ontologie ; passant ensuite aux théoremes de la Philosophie, & s’efforçant de démontrer la convenance des attributs avec leurs sujets, conformément à leurs légitimes déterminations, pour remonter par des démonstrations réitérées jusqu’aux principes indémontrables, il s’apperçut pareillement que toutes les especes de vérités étoient dans le même cas que les Mathématiques, c’est-à-dire qu’elles tenoient aux notions ontologiques. Il résulte manifestement de-là que la Philosophie, & encore moins ce qu’on appelle les facultés supérieures, ne peuvent être traitées d’une maniere certaine & utile, qu’après avoir assujetti l’ontologie aux regles de la méthode scientifique. C’est l’important service que M. Volf s’est proposé. de rendre aux Sciences, & qu’il leur a rendu réellement dans l’ouvrage publié en 1729 sous ce titre : Philosophia prima sive ontologia, methodo scientificâ pertractata, quâ omnis cognitionis humanæ principia continentur ; réimprimé plus correct en 1736 in-4°, à Francfort & Léïpsick. Il donne les notions distinctes, tant de l’être en général, que des attributs qui lui conviennent, soit qu’on le considére simplement comme être, soit que l’on envisage les êtres sous certaines relations. Ces notions servent ensuite à former des propositions déterminées, les seules qui soient utiles au raisonnement & à construire les démonstrations, dans lesquelles on ne doit jamais faire entrer que des principes antérieurement prouvés. On ne doit pas s’étonner de trouver dans un pareil ouvrage les définitions des choses que les idées confuses nous représentent assez clairement pour les distinguer les unes des autres, & les preuves des vérités sur lesquelles on n’a pas coutume d’en exiger. Le but de l’auteur demandoit ces détails : il ne lui suffisoit pas de donner une énumération des attributs absolus & respectifs de l’être, il falloit encore rendre raison de leur convenance à l’être, & convaincre à priori, qu’on est en droit de les lui attribuer toutes les fois que les déterminations supposées par l’attribut se rencontrent. Tant que les propositions ne sont éclaircies que par les exemples que l’expérience fournit, on n’en sauroit inférer leur universalité, qui ne devient évidente que par la connoissance des déterminations du sujet. Quiconque sait quelle est la force de la méthode scientifique, pour entrainer notre consentement, ne se plaindra jamais du soin scrupuleux qu’un auteur apporte à démontrer tout ce qu’il avance.

On peut définir l’ontologie naturelle par l’assemblage des notions confuses acquises par l’usage ordinaire des facultés de notre ame, & qui répondent aux termes abstraits dont nous nous servons pour exprimer nos jugemens généraux sur l’être. Telle est en effet la nature de notre ame, qu’elle ne sauroit détacher de l’idée d’un être tout ce qu’elle apperçoit dans cet être, & qu’elle apperçoit les choses universelles dans les singulieres, en se souvenant d’avoir observé dans d’autres êtres ce qu’elle remarque dans ceux qui sont l’objet actuel de son attention. C’est ainsi, par exemple, que se forment en

nous les idées confuses de plus grand, de moindre & d’égal, par la comparaison des grandeurs ou hauteurs des objets corporels. Il s’agit de ramener ces concepts vagues à des idées distinctes, & de déterminer les propositions qui en doivent résulter : c’est ce que fait l’ontologie artificielle, & elle est par conséquent l’explication distincte de l’ontologie naturelle.

ONUAVA, f. f. (Mytholog.) divinité des anciens Gaulois, que l’on imagine être la Vénus céleste ; mais l’on ne voit pas d’où peut naître cette idée, & l’on comprend encore moins les symboles de la représentation d’Onuava. Sa figure portoit une tête de femme avec deux aîles éployées au-dessus, & deux écailles pour oreilles ; cette tête de femme étoit environnée de deux serpens, dont les queues alloient se perdre dans les deux aîles. (D. J.)

ONUGNATOS, (Géogr. anc.) promontoire du Péloponnèse sur la côte méridionale, au coin de la Laconie, selon Ptolomée, liv. III. ch. xvj. Ses interpretes imaginent que c’est présentement le cap Xili. Le mot grec onugnatos veut dire la mâchoire d’un âne.

ONYCHITES, (Hist. nat.) ou unguis lapideus ; nom donné par Mercati à des pierres qui par leur forme ont quelque ressemblance à des ongles humains, mais qui, selon lui, paroissent de la nature de l’ivoire, & qui sont toutes percées d’un petit trou à un endroit. Il y a apparence que ce sont des fragmens de palais de poissons, qui ont été usés par le roulement & le mouvement des eaux, & ensevelis en terre.

On a aussi fort improprement donné le nom d’onychite à un enduit qui s’attache aux fourneaux où l’on traite de certains métaux. Voyez Cadmie. (—)

ONYCOMANCIE, f. f. espece de divination qui se faisoit par le moyen des ongles, comme le porte ce nom tiré d’ὄνυξ, ongle, & μαντεία, divination. Elle se pratiquoit en frottant avec de la suie les ongles d’un jeune garçon, qui présentoit au soleil ses ongles ainsi barbouillés, & l’on s’imaginoit voir dessus des figures qui faisoient connoître ce qu’on souhaitoit de savoir. On s’y servoit encore d’huile ou de cire pour frotter les ongles, sur lesquels on prétendoit lire l’avenir.

C’est de-là que quelques chiromanciens modernes ont appliqué le mot d’onycomancie à la partie de leur art qui consiste à deviner le caractere & la bonne ou mauvaise fortune d’une personne par l’inspection de ses ongles.

ONYX, (Hist. nat. Mineral.) onyx, onychium, onychipuncta ; pierre précieuse ou agate qui a très peu de transparence, dont la couleur ressemble à celle d’un ongle ou de la corne, mais qui est remplie de raies d’une couleur différente de celle du fond de la pierre ; ces raies sont ou noires, ou brunes, ou blanches, ou bleuâtres : elles sont presque paralleles les unes aux autres ; elles forment ou des cercles concentriques, ou des lignes qui traversent la pierre irrégulierement.

On a donné différens noms à l’onyx, suivant les différens accidens qu’on y a remarqué ; c’est ainsi que l’on a appellé sardonyx une onyx dans laquelle on trouvoit des raies ou des veines rouges comme la cornaline, ou jaunes comme la sardoine. On a nommé du nom d’agathonyx celle qui étoit mêlée avec des portions d’agate ordinaire, ou d’une autre couleur que la sienne. On a appellé jasponyx une onyx entremêlée avec du jaspe. On a appellé camée, camchuia ou memphites, une onyx composée d’une couche de couleur d’ongle, & d’une autre couche noire ou brune qui se distinguoit de la premiere. On voit par-là que les anciens lithographes ont fait tout ce