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Immortale odium, numquam sanabile vulnus
Ardet adhuc Ombos & Teutyra : summus utrimque
Inde furor vulgo, quod numina vicinorum
Odit uterque locus, cum solos credat habendos
Esse deos quos ipse colit.

Sat. xv. vers. 31. & seq.

« Leur haine est immortelle, & cette plaie est incurable : ils sont animés de rage l’un contre l’autre, parce que l’un adore un dieu que l’autre déteste, chacun pensant que la divinité qu’il respecte mérite seule d’être adorée ». (D. J.)

OMBIASSES, s. m. pl. (Hist. mod. culte.) ce sont des prêtres parmi les negres, habitans de l’île de Madagascar, qui font en même tems le métier de médecins, de sorciers & d’astrologues. Ils vendent au peuple superstitieux des billets écrits en caracteres arabes, qu’il regarde comme des préservatifs contre le tonnerre, la pluie, les vents, les blessures à la guerre, & même contre la mort. D’autres mettent ceux qui les portent à couvert des poisons, des animaux venimeux ; il y en a qui garantissent des maisons & des villes entieres du feu & du pillage. On porte au cou ces sortes de billets cousus en sachets. Au moyen de ces talismans, les ombiasses ont le secret de tirer un profit immense des peuples séduits, qui n’ont d’autre religion que ces superstitions ridicules. Lorsque quelqu’un tombe malade ou en démence, on envoie chercher un ombiasse, qui est chargé d’aller au tombeau du pere du malade qu’il ouvre ; il évoque son ombre, & la prie de rendre le jugement à son fils ; après quoi le prêtre retourne vers le malade, lui met son bonnet sur la tête, lui promet un succès infaillible ; & sans l’attendre, a soin de se faire payer de sa peine. Mais la plus affreuse superstition à laquelle ces imposteurs donnent les mains, c’est l’usage où sont les habitans de Madagascar de sacrifier le premier-né de leurs bestiaux à Dieu & au diable à-la-fois ; sur quoi il est bon d’observer qu’ils nomment satan le premier dans leurs prieres, & disent, dianbilis iminnam-habare, ce qui signifie, le seigneur diable & dieu.

OMBILIC, s. m. (Anat.) nom que l’on donne à l’endroit du corps où l’on a coupé le cordon ombilical. Voyez Cordon.

OMBILICAL, adj. qui a rapport à l’ombilic, terme d’Anatomie & de Chirurgie, on dit le cordon ombilical, les arteres ombilicales, la veine ombilicale.

Les hernies ou descentes ombilicales sont des déplacemens de parties contenues dans le bas-ventre, & qui font tumeur à l’ombilic ou nombril. Elles sont connues sous le nom d’exomphale. Voyez Exomphale. (Y)

Ombilical, cordon, (Anat.) c’est un paquet de vaisseaux entortillés de l’épaisseur d’un pouce, composé d’une veine & de deux arteres, qu’on appelle ombilicales, & enveloppé d’une membrane épaisse, molle & continue à l’amnios. Son origine est dans le placenta, & son extrémité se termine à l’ombilic du fœtus.

Son usage est, 1° afin que le fœtus puisse se mouvoir librement, sans arracher le placenta de la matrice : 2° afin que le fœtus étant sorti, il ne lui arrive pas quelque hémorrhagie mortelle, quoique les vaisseaux ne soient pas liés : 3° afin que le placenta puisse être tiré commodément de la matrice après l’accouchement.

La nature varie bien singulierement dans les productions les plus ordinaires. On lit quantité d’exemples du cordon de l’ombilic excessivement long, court ou gros. Sa longueur commune est d’environ deux tiers d’aune de Paris. Mauriceau l’a vû d’une

aune & demie, & d’un tiers d’aune. Il l’a vû si monstrueusement gros, qu’il égaloit la grosseur du bras de l’enfant, & sans exomphale ; quelquefois la longueur de ce cordon fait qu’il se noue d’un véritable nœud à la sortie de l’enfant.

Quelques auteurs ont vû plusieurs fois des enfans nouveaux-nés, auxquels une partie de la peau & des muscles du bas-ventre manquent autour du cordon ombilical de la grandeur d’un petit écu ou environ, de maniere que les intestins ne se trouvent couverts en cet endroit que d’une pélicule très mince ; rarement les enfans en réchappent, si tant est qu’il y ait quelques exemples du contraire ; c’est par ce triste accident qu’on s’est assûré du mouvement péristaltique des intestins, parce qu’on le voit à découvert.

Souvent on a beaucoup de peine à séparer le placenta après la sortie de fœtus ; & cela ne manque jamais d’arriver lorsque le cordon ombilical s’insere au centre du placenta. Si l’insertion est latérale, alors l’arriere-faix s’amene aisément, & vient d’ordinaire de lui-même après la sortie du fœtus. Belle observation de Ruysch ! (D. J.)

Ombilicale, artere, (Anatomie.) elles sont au nombre de deux dans le fœtus : on décrira leur origine & leur cours en parlant des vaisseaux ombilicaux. Je dirai seulement ici que M. du Vermey a autrefois démontré en public que les arteres ombilicales conservoient toujours leur canal jusqu’au fond de la vessie, auquel elles fournissoient plusieurs rameaux.

Ombilicale, veine, (Anatomie.) la veine ombilicale sera décrite à l’article des Vaisseaux ombilicaux.

Le foie est attaché à l’ombilic par un ligament rond, qui, dans le fœtus, fait la fonction de veine, & prend le nom de veine ombilicale, dont le conduit se ferme après la naissance, dès qu’on a lié & coupé le cordon à l’enfant nouveau-né. Ce ligament pénetre dans le foie par une fente qui sépare les deux lobes.

Riolan dit qu’il ne sauroit se persuader que lorsque la veine ombilicale & les autres vaisseaux ombilicaux sont entierement privés de leur premier usage, étant tout flétris & desséchés, ils changent leur fonction premiere en celle de ligament ; & qu’ils soient d’une telle importance à la vie de l’homme, que quelqu’un d’eux manquant, la mort s’ensuive nécessairement, ou du moins que cette privation cause de continuelles difficultés de respirer ; car il prétend que la veine ombilicale peut être réparée par le ligament large qui est attaché au cartilage xiphoïde, & tient le foie suffisamment suspendu ; & il rapporte à cet effet qu’il a vû au corps d’une bohémienne qui étoit fort adroite, cette veine rompue, desséchée & retirée dans la suffissure du foie ; cette femme néanmoins jouit d’une santé parfaite pendant toute sa vie, sans aucune incommodité de respiration.

Cependant Hildanus rapporte dans ses observations chirurgicales, qu’un particulier mourut dès que la veine ombilicale lui eût été coupée par une blessure qu’il recut au-dessus du nombril, sans néanmoins que les intestins en fussent offensés.

Quoi qu’il en soit, il faut éviter de couper la veine ombilicale, quand on est obligé de dilater une plaie pénétrante dans le bas-ventre ; car il est quelquefois arrivé à des chirurgiens d’être fort surpris de voir dans un pareil cas le sang sortir abondamment par cette veine. (D. J.)

OMBILICAUX, vaisseaux, (Anatom.) ils sont au nombre de trois, deux arteres & une veine, & ces trois vaisseaux forment le cordon ombilical. Voyez Ombilical, cordon.